La mort du colonel Jean Bikomagu quasi identique à celle du général Adolphe Nshimirimana, à treize jours de distance, laisse libre cours aux spéculations les plus folles. Quand on n’attribue pas les deux crimes aux mêmes commanditaires, on en fait une vendetta digne des rancunes siciliennes les plus sanglantes. Certains se réjouissent de la disparition de l’un d’eux au moment où d’autres ne se consolent pas de la perte d’un être cher, voire d’un héros…
Une guerre qui ne dit pas son nom
Que l’on ne s’y trompe point, le pays est bel et bien en guerre. Le conflit armé est polymorphe : si pour le commun des mortels toute guerre signifie une bataille rangée de deux armées, les méthodes de combat ont changé depuis longtemps. A côté des guerres dites « classiques », il y a des guerres « asymétriques » dans lesquelles se confrontent des armées dont l’armement et l’organisation sont très contrastées. De nos jours, une confrontation peut être de forte ou de faible intensité ; elle peut être localisée et ensuite analysée comme un foyer de plus ou moins « grande chaleur » ou simplement comme une guerre « froide » qui ne se manifeste que sporadiquement et le plus souvent par le truchement d’activités d’espionnage… Il existe aussi des « guerres civiles » comme on en a connu au Burundi. Là, toute la population – ou presque – est impliquée directement dans les actes de guerre ou alors les subit intensément et à grande échelle. Aujourd’hui, la guerre que nous vivons pourrait être définie comme une guerre d’une autre nature. S’il y a mort d’hommes comme dans tous les conflits, les agresseurs avancent masqués et s’attaquent à des cibles isolées ou même non impliquées directement au conflit : c’est une « guerre d’usure ». Chacun s’efforce d’affaiblir au maximum l’adversaire en attendant de donner l’estocade.
Un passé oblitéré
Notre histoire nationale est tue. Aucun débat ouvert et profond n’est organisé pour que les faits qui marquent nos vies puissent être discutés, digérés, acceptés ou tout au moins assimilés. Le plus souvent, chaque personne, chaque famille ou chaque communauté se forge une mythologie autour de la vie des « siens ». Et bien souvent, l’objectivité et la réalité factuelle occupent peu de place face aux certitudes factices, aux rancœurs irrationnelles, aux frustrations inextinguibles. Les historiens sont souvent invités à disserter sur des poncifs, des lapalissades… très rarement sur des évènements et/ou des circonstances tragiques qui, de toute évidence, impliquent des acteurs clés de notre société.
Le silence tue alors que la parole est libératrice…
Le général Nshimirimana fut un combattant de la liberté de la première heure ; il lutta pour que soit restaurée la démocratie. Une fois au pouvoir, il devint l’âme damnée d’un système tortionnaire débridé. Le colonel Bikomagu a servi une dictature militaire avec tout le professionnalisme et la froideur qu’on lui connaissait. La paix revenue, il vécu une retraite paisible d’un bon père de famille. Pourtant, combien savent que ces deux géants d’une guerre qui opposa une dictature militaire à une résistance armée allaient devenir de vrais amis ?
La raison de leur tragique disparition réside peut-être dans ces « non-dits » qui minent nos esprits et nos cœurs ; dans cette impunité persistante qui infeste notre histoire et déroute notre lucidité.
C’est ce qui nous empêche de triompher de la peur, de la haine et bien entendu du crime…
Cher Ngendahayo,
Sur le fond, je suis entièrement d’accord avec le contenu de votre texte..la question reste au niveau du fond. Vous le dites bien car au Burundi, mon pays, « Aucun débat ouvert et profond n’est organisé pour que les faits qui marquent nos vies puissent être discutés, digérés, acceptés ou tout au moins assimilés. Le plus souvent, chaque personne, chaque famille ou chaque communauté se forge une mythologie autour de la vie des « siens ». Et bien souvent, l’objectivité et la réalité factuelle occupent peu de place face aux certitudes factices, aux rancœurs irrationnelles, aux frustrations inextinguibles. Les historiens sont souvent invités à disserter sur des poncifs, des lapalissades… très rarement sur des évènements et/ou des circonstances tragiques qui, de toute évidence, impliquent des acteurs clés de notre société. »
Et là, j’avais envie de vous demander de lancer le débat, proposer des pistes de thérapies collectives car il en faut. Après tout, je reste convaincu que mon pays n’a pas besoin d’armée conventionnelle, mais une armée de thérapeutes….
Commençons par le commencement:
1. Peut-on dire que le Burundi souffre d’autres maux ( la misère, par exemple ) mais que le conflit ethnique n’a plus de place dans notre pays?
2. Peut-on oser dire que les hommes et femmes qui ont élaboré notre constitution ont failli ( sciemment peut être)en créant une ambiguïtés au sujet de ces fameux articles qui renvoient au nombre de mandats? Que l’on l’aime ou pas, Nkurunziza avait raison d’interpréter la constitution en sa faveur comme la société civile l’a fait…
3. A partir de là, tous les prétextes avancés pour replonger le pays dans la guerre et l’impasse n’auront plus raison d’être…
4. Enfin aux uns et aux autres d’avoir l’honneteté de présenter les choses telles qu’elles sont. Le pouvoir a failli durant ces dernières 10 années…faut-il rempiler comme si de rien n’était? Pauvrété, corruption, mauvaise gouvernance etc… Et aux autres de ne pas salir pour salir ou plutôt attirer la sympathie et et la compassion des amis, Kagame par exemple… car en effet, tout le monde le sait très bien qu’il y a des Interahemwa, des Fdrl, au Burundi et que les tutsi du Burundi, s’ils sont menacés, les hutu le sont aussi peut être plus que les Tutsi car n’ont pas d’un Kagame pour leur venir en aide!
Portez-vous bien cher Monsieur
Salatori tout a fait d’accord avec vous, la partie est terminé depuis!!! Seul les perdants se consolent avec les speculations, mais à Bujumbura la vie est normale et les perdants cherchent des moyens de consolation
Si vous trouvez dans la situation actuelle du BGurundi une guerre et bien la guerre n’a jamais cesse. Souvenez vous de l’avant et apres les elections de 2010. L’unique difference les meneurs ont fui et les morts n’etaient que de simples paysans. Jusqu’en 2009 le fnl palipehutu combatait toujours et comme ca concernait les simples et pas les grands Bwana cela n’etait pas une guerre. Aujourd’hui la guerre fait ragre, pour vous, parce que vous etes aussi concerne!!!
Soyons simple et fuyons la globalisation. Certe il y a des troubles, mais la guerre (esperons) ne viendra pas.
« La raison de leur tragique disparition réside peut-être dans ces « non-dits » qui minent nos esprits et nos cœurs ; dans cette impunité persistante qui infeste notre histoire et déroute notre lucidité. »
Monsieur le Ministre, j’aurais aimé que vous donniez quelques exemples pour illustrer cette phrase; au lieu de cela vous tombez dans ce « non-dit » qui laisse la voire libre à toutes les interprétations.
Depuis la retraite du Colonel Bikomagu, il est devenu un simple citoyen sans garde ni Securité. Assassiner un retraité de 71 sans Défense pour venger un general tué dans des conditions obscures, lourdement gardé. La main du pouvoir est bien là dans l’assassinat du colonel BIKOMAGU. Mais c’est une pure lâcheté.
Il pouvait bien se taper la poitrine avec raison s’il l’avait tué á l’âge du general Adolphe.
Moi je dirais; Un assassinat de trop!
Cette analyse me semble assez juste mais très synthétique. Quid des opposants, anciens du gouvernement et ex proches de la présidence qui ont préféré fuir le Burundi que de monter au créneau et prendre leurs responsabilités? Un petit groupe de personnes décide de l’avenir du Burundi à partir de l’étranger sans le peuple. La démocratie à la burundaise…
@Annie Steckel-Ndayuhurume
Ces citoyens n’ont pas « prefere » fuir le Burundi. Ils ont ete contraints a fuir sous les menaces de mort. Tout le monde le sait. Ca fait du bien de vivre dans son Pays et y exercer ses droits librement. Ces citoyens n’ont pas eu d’espace dans leur Pays et sont appeles « Inyankaburundi » a combattre et meme a tuer par le pouvoir de Bujumbura. Leur combat est plus que raisonable. Et ce n’est pas un petit groupe du tout.
Cher Murundi,
J’aurais apprécié que vous utilisâtes votre patronyme.
Vous parlez de ces gens qui ont largement profité de ces deux derniers mandats en termes d’abus de pouvoirs, de biens publics, de détournements pour remplir leurs comptes à l’étranger, ces propriétaires de palaces i Bujumbura aussi extravagants que leur égo. Ndabizy, tout le monde le sait, et eux savent de quoi je parle. Ils disent avoir été contraints de quitter leur pays, certains sûrement. Mais les nombreux autres… Ils sont dans le déni d’être aussi responsables de la situation actuelle du Burundi.
@Annie Steckel-Ndayuhurume
1. C’est quand meme une aubaine pour l’opposition politique burundaise quand des gros poissons du parti au pouvoir CNDD-FDD deviennent des frondeurs et rejoignent son camp.
2. Et puis, la lutte actuelle est contre le 3 eme mandat presidentiel, peut-etre que d’autres ont deja lance ou vont lancer la lutte contre la corruption AU BEAU PAYS DE MWEZI GISABO (contre les dignitaires actuels? et ceux des regimes d’avant?).
3. L’instinct de l’auto-preservation fait que l’homme (sage?) evite d’etre un « hero mort »/dead hero, mais cherche a CONTINUER A VIVRE POUR POUVOIR SE BATTRE/LUTTER LE LENDEMAIN/DEMAIN OU UN AUTRE JOUR/Live to fight again again again (comme dans la chanson « Stevie » de Stevie Kasabian, http://www.greatsong.net).
4. Vous devriez donc comprendre que certains decident de quitter ce Burundi ou des Ernest Manirumva, des soeurs religieuses italiennes et d’autres ont ete sauvagement assassines parce qu’ils en savait trop, ce Burundi ou de simples membres du parti FNL (aile de l’Honorable Agathon Rwasa?) ont ete jetes ligotes dans les differentes rivieres du Burundi.
UMUNTU NTATINYA ISHAMBA ATINYA ICO YARIBONYEMWO/L’homme n’a pas peur de la jungle/foret en tant que telle, il a peur des dangereux animaux sauvages de cette foret.
Je suis tout à fait d’accord avec l’article sur le fait d’ouvrir des débats et des forum de discussions l’échelle nationale pour que les gens puissent libérer leur frustration mais l’analyse sur la guerre est tout à fait fausse il n’y a aucune guerre même asymétrique , lorsque des personnes perpétuent des assassinats sans revendication afin de faire peur ce n’est rien d’autre que du terrorisme mais moi je pense que c’est juste un sentiment de frustration de certain anti 3ème mandat qui ne peuvent se faire à l’évidence: game over ! La partie est terminé le CNDD l’a gagner et les ennemis de la paix sont encore plus affaiblis qu’avant la crise et le CNDD en ressort encore plus fort . Si on analyse le bilan de cette crise pour le CNDD ils ont filtrer tout les traites au sein du parti , au sein de l’armé car beaucoup d’hypocrites ont montrer leur vrai visage et surtout le CNDD a obtenue une alliance historique avec le FNL
« Le parti a filtré tous les traitres »!!! Le degré de simplisme dans votre analyse est sidérant. Vous vous trompez certainement sur les causes, sur les tenants et les aboutissants. Dès lors, il est tout à normal que vous aboutissiez sur des conclusions pour le moins éronnées. Muga si wewe aho ugeza kuraba ubona ko peter yatsinz ni vyiza, si ça peut t’aider à avoir l’esprit tranquille tant mieux. Tu peux rester dans ton monde imaginaire et laisser les autres gérer la réalité. Fais juste attention au réveil, il risque d’être brutal.
Le président s’est donné 2 mois pour ramener l’ordre et le calme jusqu’à ce jour tout ce qu’il a dit il l’a fait ( se faire réélire et offrir des élections meme dans les bailleurs de fond) donc en tant que personne logique et pragmatique je suis celui qui agit depuis le début de la crise et qui ne fait pas que parler
Le Burundi est dans une phase d’apprentissage démocratique.Les erreurs nous apprennent et nous agrandissent.Les vainqueurs d’hier sont les perdants d’aujourd’hui et vice versa .Mais force est de constater que la situation politique du pays ,contribue indirectement et à l’insu des tenants du pouvoir à la cohésion sociale entre les ethnies.Viendra un jour où l’alternance ethnique et la compétence,critères de gouvernance, seront une réalité et non une option dans les prochaines et prévisibles négociations qui aboutiront aux nouveaux accords pour compléter ceux d’Arusha .
L’histoire est en marche et rien ne peut l’arrêter. Buyoya en sait quelque chose pour avoir voulu résister un temps au vent de la démocratie,mais en vain. Après la tempête ,le beau temps.Et je le redis,le pouvoir vient de DIEU .