Lundi 25 novembre 2024

Politique

UE/Gitega :Le ministre Gervais Ndirakobuca et Cie restent sous sanctions

23/11/2021 6
UE/Gitega :Le ministre Gervais Ndirakobuca et Cie restent sous sanctions
Le ministre Gervais Ndirakobuca et 3 autres personnalités sont la cible de sanctions de l’UE depuis octobre 2015.

Dans une décision publiée au Journal officiel du 19 octobre dernier, le Conseil de l’Europe a annoncé le maintien de sanctions à l’encontre de plusieurs personnalités burundaises. Des mesures restrictives prorogées jusqu’au 31 octobre 2022 et qui interviennent dans un contexte de réchauffement des relations entre le Gouvernement du Burundi et l’Union des 27.

Quatre personnalités en tout sont concernées par le maintien de ces sanctions prises pour la première fois en octobre 2015 : Gervais Ndirakobuca, ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et du développement communautaire, Godefroid Bizimana, chargé des missions à la présidence de la République, Mathias Joseph Niyonzima, agent du Service National de Renseignement et Léonard Ngendakumana, ancien chef de missions à la présidence de la République.

Le ministre Ndirakobuca est accusé « d’avoir fait obstacle à la recherche d’une solution politique au Burundi en donnant des instructions qui ont entraîné un recours disproportionné à la force, des actes de violence, des actes de répression et des violations du droit international des droits de l’homme à l’encontre des manifestants dans le cadre des manifestations qui ont débuté le 26 avril 2015, à la suite de l’annonce de la candidature du président Nkurunziza à l’élection présidentielle ». Signalons qu’à l’époque, le concerné était chef de cabinet à la Présidence chargé des questions liées à la police nationale.

Godefroid Bizimana, ancien directeur général adjoint de la police, est accusé de ‘’répression violente’’ des manifestations ayant éclaté en avril 2015.

Quant à Léonard Ngendakumana, il est visé par l’accusation de participation à la tentative de coup d’État du 13 mai 2015. Selon l’Union des 27, l’ancien chargé de missions de la Présidence est également responsable d’actes de violence et attaques à la grenade commis au Burundi, ainsi que d’incitations à la violence. « Le général Léonard Ngendakumana a publiquement déclaré qu’il approuvait la violence en tant que moyen d’atteindre des objectifs politiques », indique notamment la lettre de sanction.

Enfin, Mathias Joseph Niyonzima est accusé d’incitation à la violence et d’actes de répression à l’encontre des manifestants d’avril 2015. L’agent du service national de renseignement est également accusé d’aide à la formation des Imbonerakure, responsables selon l’UE, d’actes de violence, de répression et de graves atteintes aux droits de l’homme au Burundi.

D’après la décision, les sanctions contre ces quatre hommes concernent le gel des avoirs conservés sur le territoire de l’Union Européenne et l’interdiction de circuler sur le territoire européen.

Pour Carina Tertsakian, co-responsable de l’Initiative des Droits de l’Homme pour le Burundi (IDHB), le maintien de ces sanctions est justifié. « Cela me semble logique de renouveler ces sanctions vu que plusieurs des individus visés par ces mesures ont participé à de graves violations des droits humains et que le gouvernement burundais n’a pris aucune mesure à leur encontre. Au contraire, certains d’entre eux occupent des postes de haut rang aujourd’hui ».

Selon elle, le réchauffement des relations en cours entre Gitega et l’UE ne doit pas occulter la question des droits humains. « Jusqu’à ce que les autorités mettent fin à l’impunité qui protège ces personnes, il n’y aura pas de justification pour se débarrasser de ces mesures », juge cette activiste.

Et de déplorer par la même occasion la décision prise récemment par les Etats-Unis de lever les sanctions à l’endroit d’un certain nombre de personnalités « à un moment où la situation des droits humains au Burundi est en train de se déteriorer ».

Pour rappel, le 18 novembre dernier, la Maison-Blanche a annoncé la levée de sanctions à l’encontre de 11 personnalités dont Alain-Guillaume Bunyoni, Premier ministre, Gervais Ndirakobuca, ministre en charge de l’Intérieur, Godefroid Niyombare, artisan du putsch manqué de 2015 et Alexis Sinduhije, président du parti MSD.

Des sources à Bruxelles nous ont cependant précisé que ces sanctions ciblées ne viennent en aucun cas remettre en cause le processus en cours de normalisation des liens entre Gitega et l’UE. « Normalement, les sanctions ciblées n’ont aucun rapport avec les sanctions contre un Gouvernement. D’ailleurs, celles-ci seront levées d’un moment à l’autre ! ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. Nshimirimana

    L’union européenne étant suffisamment insaisissable prise dans sa globalité, je me réjouis d’entendre sa représentation à Bujumbura quant à la rationalité de telles mesures qui étonnent plus d’un! Dans cette attente, l’on peut sérieusement douter du sérieux des dirigeants de cette communauté, la seule qui refuse de voir la réalité en face. On le sait. Elle a fortement soutenu le CNARED en vue de changer les institutions dans ce pays. Oui on le sait toujours qu’ elle a beaucoup appuyé financièrement et en lobbing les associations dites de la société civile -mais néanmoins opposition politique- dans leurs croisades contre les autorités de ce pays, en fermant les yeux aux dérives de cette même société civile notamment leurs incitations au soulèvement populaire contre les autorités et les institutions, en accueillant sur son sol les acteurs de ces soulèvements. Vouloir rester dans son entêtement après tant d’années étonne. Aurait-elle le monopole de la compassion envers « je ne sais qui mais pas envers le peuple burundais en tout cas » ? Les pays africains regroupé au sein de l’union africaine en général et ceux de l’EAC en particulier ont revu positivement ses son regard sur le Burundi. Les USA viennent d’en emboiter le pas! Mais basta avec cette union européenne!

  2. arsène

    Pour une fois, l’UE prêche par l’exemple. Un citoyen originaire de la plupart des pays de l’UE ne pourrait rester impuni après avoir été mêlé à des actes de violence ou de répression. C’est paradoxal que le contribuable de l’UE paye pour entretenir l’impunité dans nos pays.
    Concernant les sanctions ciblées à l’encontre de ces quatre hommes, ce ne sont pas des habitués aux voyages – sauf peut-être Bunyoni qui un temps se rendait assez fréquemment à l’étranger notamment à Genève. Concernant le gel des avoirs conservés sur le territoire de l’Union Européenne, ces gens pouvaient très bien placer leur argent dans des banques de la place. Les avoirs qu’ils ont placés sur le territoire de l’UE provient souvent de détournements et d’autres malversations. Ils ne devraient pas trop en souffrir.

    • Yan

      @Arsène
      « Un citoyen originaire de la plupart des pays de l’UE ne pourrait rester impuni après avoir été mêlé à des actes de violence ou de répression.  »

      Pourrais-tu me donner le nom de celui qui t’a raconté cette vaste blague?

  3. Jereve

    Un ministre qui a l’estime et le respect dans son pays, mais déclaré indésirable et sous sanctions dans d’autres pays. C’est une situation bizarre, qui doit sûrement embarrasser celui qui l’a nommé.

    • Nshimirimana

      …il me semble qu’il reste l’interlocuteur de ceux-là même qui sanctionnent et du coup, qui est plus embarrassé que l’autre ?

  4. Uwakera

    « Normalement, les sanctions ciblées n’ont aucun rapport avec les sanctions contre un Gouvernement. D’ailleurs, celles-ci seront levées d’un moment à l’autre ! ».

    Haha, le ridicule ne tue pas. Bati « Ndagukunda nkakwankira umwana ». Urwo rukundo ni mumpekure kabisa.

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