Mardi 05 novembre 2024

Économie

Troisième mandat : une économie balbutiante

En 2015, l’inflation n’a pas été si inquiétante : 5,5% contre 4,4% en 2014 et 18,1 % en 2012, selon la Banque centrale. L’économie n’est pas pourtant si reluisante, selon Faustin Ndikumana, économiste et président de la Parcem.

Faustin Ndikumana : « L’économie n’est pas au beau fixe. »
Faustin Ndikumana : « L’économie n’est pas au beau fixe. »

Depuis le déclenchement de la crise le 25 avril 2015, économie bat de l’aile, soutient le président de l’association « Paroles et actions pour le réveil des Consciences et le changement des mentalités », Parcem.

Au début 2015, la croissance économique était prévue à 4,8%. Mais à la fin de l’année, elle a été négative. Pour ce qui est du PIB, le secteur tertiaire (les services) semblait doper la croissance. Mais aujourd’hui, le tourisme, l’hôtellerie, les banques, le commerce en général ont été frappés de plein fouet.

Au sujet des finances publiques, la Parcem dit que les collectes de l’Office burundais des recettes (OBR) étaient en pleine croissance. Cette institution fiscale enregistrait des dépassements par rapport aux prévisions durant les trois premier mois de l’année 2015. Mais, d’un coup, les recettes ont chuté depuis mai. Environ 15 milliards par mois de manque à gagner. L’OBR a enregistré un manque à gagner de 130 milliards en 2015 par rapport aux prévisions. En octobre, la planche à billet s’élevait à 200 milliards. Pour 2016, les prévisions sont estimées à 678 milliards contre 720 pour l’année 2015.

Selon M. Ndikumana, l’autre aspect important est le gel de l’appui budgétaire et de l’appui projet. Le gel des dons a diminué la capacité d’investissement. L’année passée, les appuis n’ont pas été débloqués. Même aujourd’hui, les dons promis pour 2016 se font toujours attendre. Leur déblocage est conditionné à la reprise du dialogue.

Pour les ministères d’investissements (Agriculture, Travaux publics, Energie, Environnement, etc.), la grande part du financement provenait des aides. L’Etat ne dépassait pas 30% dans sa contribution. Aujourd’hui, ces ministères vivent au jour le jour.

Aujourd’hui, l’état a des difficultés de réfectionner le pont sur l’Avenue du Large, la chaussée sur le Boulevard du 1er Novembre, la route Bujumbura-Rumonge (RN3), etc. L’Etat n’est plus capable d’offrir le petit déjeuner aux étudiants de l’Université du Burundi. Il a suspendu les missions et les formations à l’étranger. Aujourd’hui, on assiste à une augmentation des impayés de l’Etat sur le secteur privé. Il y a des factures de l’avril 2015 qui ne sont pas encore payé. Pourtant, les privées ont contracté des dettes dans des banques et les intérêts de retard s’accumulent.

Un autre aspect important, selon la Parcem, concerne les devises. On assiste à la diminution des réserves de change. On est passé de 3,5 mois à 1,5 tout au plus 2 mois. Les mesures drastiques à l’endroit des ONG est le signe que les devises manquent. Conséquence : les banques commerciales n’ont pas de devises à donner aux importateurs. Les fournisseurs commencent à mettre les importateurs burundais sur la liste noire des défaillants. Le peu de devise est orienté dans l’achat des produits stratégiques : le carburant et les médicaments principalement. Les autres produits qui devraient alimenter la croissance sont relégués en seconde zone.

Pourtant, le secteur d’import-export qui manque de devises est celui-là qui alimentait en grande partie les recettes de l’OBR.

M. Ndikumana constate que le manque de mobilisation des ressources fait qu’il n’y a pas de document de référence de développement. Le Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP3) devrait avoir été finalisé en 2015 pour être opérationnel en 2016.


Le tourisme burundais à néant

Des projets touristiques qui tournent au ralenti, des taxes non fondées, le licenciement du personnel, etc. Le secteur de l’hôtellerie et du tourisme burundais se meurt.

Le tourisme a été le secteur le plus touché par cette crise, selon Eric Ndayikengurukiye, secrétaire exécutif de la chambre de l’Hôtellerie et du Tourisme au Burundi(HTB).

« Cette crise est survenue au moment où le pays allait entamer le processus de la stratégie nationale de développement durable du tourisme », indique-t-il. Plusieurs projets qui étaient sur le point d’être mis en œuvre, tournent aujourd’hui au ralenti : presque tous les pays de la Communauté Est Africaine ont adhéré au visa touristique unique. Il ne reste que le Burundi. La création d’un fonds de développement touristique, le classement des hôtels par étoiles, etc. Tous ces projets ne sont plus la priorité du gouvernement, d’après M. Ndayikengurukiye.

Les acteurs économiques du tourisme, surtout les hôteliers se retrouvent dans la galère: le taux d’occupation des chambres a chuté de plus de 50%, il n’y a presque plus de visiteurs étrangers. Ceux qui avaient contracté des dettes auprès des banques n’arrivent pas à rembourser


Trois questions à Alfredo Frojo, patron de l’hôtel Club du Lac Tanganyika

Quel est l’état des lieux de l’hôtellerie et du tourisme burundais aujourd’hui ?

Alfredo Frojo : « Le Burundi possède tous les atouts pour être un pays touristique d’élite. »
Alfredo Frojo : « Le Burundi possède tous les atouts pour être un pays touristique d’élite. »

Je pense que le tourisme est le secteur économique le plus touché par cette crise. Qui dit tourisme dit forcément hôtellerie. Depuis le début de la crise, en avril 2015, rares sont les étrangers qui viennent au Burundi. Or, les hôtels ne vivent que grâce aux étrangers, en grande partie.

Mais pour dire vrai, l’industrie touristique burundaise n’a jamais été vraiment développée, du moins depuis que je suis venu ici pour la premier fois, en 1989. Les différents gouvernements ne se sont pas suffisamment intéressés à ce secteur.

De surcroît, on a récemment demandé aux hôteliers une redevance sur les droits d’auteur, dont nous ne comprenons la finalité. Je pense que cette dernière doit être revue. Cette redevance semble exorbitante et le mécanisme de distribution des revenus aux artistes ou auteurs n’est pas vraiment clair. A titre d’exemple, pour la musique jouée dans une chambre d’hôtel, qui est, doit-on le souligner, un lieu privé, comment pourra-t-on savoir quelle musique a été jouée, pour que son auteur puisse bénéficier des droits d’auteur ?

Votre hôtel a-t-il été touché par la crise ?

Nous encaissions 100% de revenus pendant l’année 2014, nous gagnons 30% aujourd’hui. Auparavant, l’hôtel comptait 240 employés. Aujourd’hui, il ne reste que 150.

Evitant de rester bras croisés, nous avons profité de ce calme pour renouveler toutes les chambres de l’hôtel et pour ajouter des nouvelles infrastructures: une nouvelle salle de conférence, un nouveau bar tout près de la piscine, une nouvelle SPA etc. Donc comme vous voyez que l’hôtel a continué à investir parce que je crois dans l’avenir de ce beau pays.

Je voudrai souligner que l’hôtel, pendant cette période difficile, a continué à fonctionner.

A votre avis, que faut-il faire pour relever le secteur du tourisme au Burundi ?

La conscience avant tout. Il faut que les Burundais soient conscients des atouts que possède leur pays et les exploiter. Le Burundi a tous les atouts requis pour être un pays touristique d’élite. Le Burundi est un pays tellement beau qu’il pourrait être économiquement indépendant s’il développait le secteur du tourisme. Si ce dernier est développé, ce sont pratiquement tous les secteurs qui se développent.

Une vie moins chère, un bon climat, des gens très accueillants… où peut-on trouver toutes ces choses si ce n’est au Burundi !

Forum des lecteurs d'Iwacu

15 réactions
  1. LOVE BURUNDI

    Chers amis d’IWACU,
    Pouvez-vous svp effacer toutes les réactions par rapport à cette article et ne laisser que ceci :
     » Il faut que les Burundais soient conscients des atouts que possède leur pays et les exploiter. Le Burundi a tous les atouts requis pour être un pays touristique d’élite. Le Burundi est un pays tellement beau qu’il pourrait être économiquement indépendant s’il développait le secteur du tourisme. Si ce dernier est développé, ce sont pratiquement tous les secteurs qui se développent.

    Une vie moins chère, un bon climat, des gens très accueillants… où peut-on trouver toutes ces choses si ce n’est au Burundi ! « 

  2. Fofo

    Merci pour vos analyses mais il serait mieux de faire des critiques avec des comparaisons. Par exemple le taux d’inflation du Burundi par rapport à d’autres pays de la sous-région n’est pas tellement inquiétante? Si on compare un peu on voit qu’en 2013, 1$ coûtait 622Frw mais aujourd’hui il est à 790Frw. En Ouganda il coutait 2,513UGX mais aujourd’hui il est 3,400UGX. Au Kenya il était à 84KES mais actuellement il est à 101.5 KES. Au Burundi il était à 1,586 et coûte aujourd’hui 1,656BIF. En comparant ces chiffres, quel est le pays qui a connu un taux d’inflation le plus élevé? A vous de tirez la conclusion! Certes, le Burundi a ses particularités surtout au niveau de la surveillance du marché de change où l’on observe une grande disparité entre le taux officiel et le taux pratiqué sur le marché noir. Le Gvt doit tout faire pour combattre ces spéculations.

    S’agissant du Burundi en particulier, je vous invite de télécharger le tableau comparatif sur ce lien http://www.brb.bi/fr/content/taux-dinflation et dites-moi si la situation d’aujourd’hui est-elle comparable à celle de 1997 ou celle de 2008?

    • kan76

      Pour fofo tout va bien. Quel est le pouvoir d’achat du citoyen burundais par rapport a ses freres de l’EAC? ou la quantinté du panier de la menagère burundaise par rapport a une kenyane, rwandaise ou ougandaise? T’es entrain de rever debout avec des analyses partisanes..donnons le temps au temps apres une annee j aimerais que tu ns ecrives les meme betises.

      • Fofo

        @kan76
        Peux-tu me parler quand est-ce que le pouvoir d’achat des burundais était comparable à celui des kényans? C’était quelle année?
        A part ça moi, j’ai habité au Kenya et j’y vais presque régulièrement, chaque pays a ses propres réalités mon ami. Malgré ce pouvoir d’achat élevé, jusqu’à présent il y a des gens qui meurent de fin au Kenya! Alors à quoi sert ces chiffres qui ne profite pas toute la population. Il est de même pour ces soi-disant aides (aider les pauvres à s’appauvrir davantage) qui ne profitent que les pays donateurs (corrupteurs) et certains citoyens corrompus! Quand on parle des corrompus je fais allusion certains membres du Gouvernement mais aussi aux ONG locales (société dite civile) et internationales!

    • Stan Siyomana

      @Fofo
      Bien sur que la situation d’aujourd’hui (avec une inflation d’environ 5%) n’est pas comparable a 1997 (avec une inflation d’environ 45% a cause de l’embargo regional impose au Burundi apres le coup d’Etat du Major Pierre Buyoya de juillet 1996).
      (Voir 1. « Burundi inflation rate », http://www.tradingeconomics.com,;
      2. Julia Grauvogel: « Regional sanctions against Burundi: A powerful campaign and its unintended consequences », http://www.giga-hamburg.de, September 2014).
      Bien sur que la situation d’aujourd’hui n’est pas comparable a 2008 (avec une inflation d’environ 22-25% a cause de la secheresse dans la province de Kirundo par exemple (quand des citoyens burundais ont du fuir vers le Rwanda?).
      (Voir Vikram Kolmannskog: Climate change, disaster, displacement and migration: initial evidence from Africa », http://www.unhcr.org, December 2009.

      • Fofo

        @Stan siyoman,
        Merci pour ce lien http://www.tradingeconomics.com/, voilà un instrument qui devrait servir la base du débat. Sur le tableau, le Burundi au milieu des autres pays. A partir du classement on peut faire son commentaire. Par exemple il y a des pays qui ont une croissance négative alors que le Burundi a enregistré, malgré la crise, un taux de croissance positif. S’agissant de l’inflation vous voyez qu’il y en a pas mal des pays qui ont connu un taux d’inflation plus élevé. Je ne veux pas dire que tout va bien mais en nous comparant aux autres ça nous permet de connaitre nos forces et faibles.

        • RUGAMBA RUTAGANZWA

          En 2015, le Burundi est le pays le plus pauvre du monde selon les statistiques du FMI, Banque mondiale, et du PNUD de 2015 (http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1164746-pays-pauvres/ ) avec 315,2 dollars de PIB par habitant. Malgré ce bilan on veut quand même rempiler et echaîner les mandats ! Mais pour faire quoi qu’on n’ait pas pu faire en 10 ans ? Une seule personne peut répondre à cette question: Présidnet FONDATEUR…!

    • NDABIRABE

      Merci Fofo de montrer à la face du monde que vous ne comprenez presque rien de l’économie. Une économie peut être moribonde avec une inflation maîtrisée. Demandez le problème aux USA et en Europe, le problème est plutôt de ne pas avoir de l’inflation mais plutôt la déflation ou une inflation nulle. Aussi vous avez la confusion entre inflation et dépréciation de la monnaie même si les deux ont une relation de cause à effet. D’autres économies prospèrent avec des taux d’inflation plus élevés. Sans trop polémiquer, le burundi a connu un taux de croissance négatif en 2015 et il en sera de même en 2016 avec les projections du FMI. Privé des aides et avec le leadership le plus médiocre du monde, le Burundi occupe la dernière place en terme de PIB/Habitat actuellement. The decline and fall of Burundian economy is due to the illegitimate third term.

      • Fofo

        @NDABIRABE,
        Je pense que tu n’as pas répondu à mon commentaire! Tu voulais peut être exprimer tes sentiments! J’ai demandé qu’on utilise des comparaisons par rapports aux autres pays. J’ai comparé les taux à titre d’exemple! Expert que tu es, veux-tu me dire que le cours de change n’a aucune relation avec l’inflation??? Ou tout simplement tu veux dire tout va mal et c’est tout! Quand tu parle de croissance négative, dis-moi, la Belgique quel taux de cfroissance? Ou le Pays-bas! Cela n’est pas étonnant même quand le Burundi avait enregistré une croissance de 4,7%, vous disiez que rien ne va alors que le Pays-bas avait enregistré une croissance négative! Je ne dis pas que tout va bien mais en comparant avec d’autres tu trouveras que le Burundi n’est pas dernier dans tous les domaines!

    • Stan Siyomana

      @Fofo
      L’exemple des taux de change du dollar americain par rapport au Frw, UGX, KES, BIF ne rentre pas dans le cadre de la definition de l’inflation (que a d’ailleur bien expliquee).
      Mais pour comprendre si une FORTE MONNAIE NATIONALE BURUNDAISE est une chose bonne ou pas pour le citoyen burundais lambda ou pour toute l’economie burundaise en general, veuillez lire cet article de Bob McTeer ( a former Dallas Fed president, donc il a dirige l’une des 12 districts de la banque centrale des Etats Unis): « Is a strong dollar a good thing or a bad thing? », http://www.forbes.com, 24 January 2015.

      • Fofo

        @Stan,
        Je pense que tu ne m’as pas compris. J’ai dit qu’il faut des critiques avec comparaisons, ce qui nous permettrait de connaitre nos forces et faibles. Je n’ai sais pas alors ce que vous voulez m’apprendre ici!

  3. Riro

    Tout DD n’est pas forcement d’accord avec tout ce qui se passe ici! D’ailleurs, ils sont obliges de vivre dans le silence, pense et dicte un tout petit groupe!

  4. Jamahaar

    Faustin est un collabos comme Gaston et Rwasa.Ils repondront tous au meme titre que Nkurunziza et sa clique les mefaits qu’ils ont causes au pays par la mort et la destruction des infrastructures et l’economie du pays.L’avenir le dira.

  5. Mucezo

    ivyo vyose turabibona mutama Faustin, ntagishasha utweretse, umuti urawufise ?? Dukeneye ko Economie ya Nkurunziza ifukama sérieusement turabe ko atemera imishikirano!! Ubu rero ntakazi mufise muri Parcem tekereza!

  6. Mbones

    Mr Faustin twaraguhinye ko uri DD!

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