Le Burundi célèbre ce samedi la journée dédiée à la santé mentale. Pourtant, le pays manque cruellement de médecins spécialisés et les structures de prises en charge sont loin d’être suffisantes.
« A ce jour, le Burundi ne compte que trois psychiatres», a indiqué vendredi le Dr Angélus Nindereye, Psychiatre à l’Hôpital militaire lors d’une conférence universitaire organisée au campus Kamenge à l’occasion de la journée internationale de la santé mentale qui est célébrée ce 10 octobre.
Dr Nindereye estime que cette situation est liée au fait que les médecins généralistes préfèrent d’autres spécialités qui génèrent plus de revenus. Pour S.B., un étudiant finaliste en médecine, le manque de psychiatres est aussi lié au manque de volonté du gouvernement qui ne met pas la formation en psychiatrie dans ses priorités. Récemment, confie-t-il, le gouvernement a envoyé des médecins pour faire des spécialités au Maroc, mais il n’a pas prévu la formation d’un psychiatre.
« Trois psychiatres pour une population de plus 10 millions d’habitants c’est insuffisant », a réagi Annick Nikokeza, coordinatrice nationale de la Plateforme des Intervenants en psychosocial et en Santé mentale (PPSM). Mais il tranquillise : « La prise en charge ne se limite pas uniquement aux médicaments qui sont donnés par les psychiatres, il y a aussi le rôle des psychologues pour accompagner les malades qui ont besoin d’être stabilisés. » Néanmoins, elle regrette que les institutions de prise en charge psychologique sont aussi peu nombreuses.
« Au moins mille personnes font recours à un centre chaque année »
« A Bujumbura on a moins de 10 cabinets où les gens peuvent faire appel avant qu’ils ne tombent dans les troubles mentaux graves», révèle Annick Nikokeza.
PPSM déplore cette pénurie de spécialistes alors que les besoins sont énormes vu les différentes crises et les violences que le pays a traversées.
Selon le Dr Nindereye , un des trois psychiatres qui exercent au Burundi, à côté du Centre neuropsychiatrique de Kamenge qui prend en charge les malades mentaux, d’autres structures sont fonctionnelles dans 5 provinces et à l’Hôpital militaire de Kamenge. Ce service existe aussi à l’hôpital privé Kira. La plateforme des intervenants en psychosocial et en santé mentale, indique qu’au moins mille patients fréquentent un centre de prise en charge des maladies mentales chaque année au Burundi. Elle demande au gouvernement de revoir à la hausse le budget alloué à la santé mentale qui n’est que de 1%.