La collection « Témoins » des Editions Iwacu vient s’enrichir d’un autre livre instructif et émouvant.
Dans la mémoire collective burundaise, « 1972 » évoque « l’Ikiza » subi par les Hutus. Selon les historiens, les tueries ont démarré par le massacre des Tutsis dans le sud du pays.
Cette année-là, Novat Nitunze est un jeune séminariste de 14 ans. Quand il rentre pour les vacances, il découvre l’horreur : son père, plusieurs membres de sa famille, des amis, des voisins, tous Tutsis, ont été massacrés. Il ne reconnaît plus son Bukurira natal dévasté.
Novat Nitunze ne se prétend pas historien ou analyste politique. Son témoignage est limité sur une région et sur une période. Et c’est justement son intérêt. Dans ce livre, il raconte simplement ses souvenirs, son enfance paisible dans un paysage bucolique avec ses collines et vallons qui ressemblent à la campagne helvétique, mais aussi les récits des rescapés qu’il a recueillis des années plus tard.
C’est un livre triste et beau. Triste, car il raconte l’horreur, le déferlement de la violence, la peur, la haine. Mais il est beau aussi : c’est un hommage d’un fils à ce père assassiné et jeté dans la brousse, à tous ces justes, ces voisins hutus qui ont refusé de tuer, qui ont caché des Tutsis traqués. Il évoque aussi des Tutsi qui protégeront plus tard des Hutus pourchassés. Ces hommes et femmes qui n’ont pas sombré dans la haine de l’autre.
Aujourd’hui, ingénieur en électronique et informatique installé aux Etats-Unis, Novat Nitunze n’a rien oublié. Pourtant, malgré ce drame qui l’a fortement marqué, il prône la paix et la réconciliation, mais sans occulter la vérité sur ce passé horrible. Tel est le message essentiel de son témoignage émouvant et profondément humain. Un livre à lire absolument.