Avec le [grand rendez-vous de Genève->http://www.burundiconference.org/?lang=fr], c’est l’occasion pour rappeler aux « adultes » qu'{être un jeune} chez nous, ce n’est pas souvent joli-joli … Même si des mesures semblent être prises pour améliorer la situation.
<doc5713|right>Tout cela est parti du dernier forum de l’Institut International de planification de l’éducation (IIEP, en anglais), tenu à Paris du 16 au 18 octobre. Au milieu des discours, je me demandais comment résumer la rencontre, et je me suis dit : « Puisqu’on parle des jeunes, qu’en est-il vraiment, d’ailleurs, au pays ? » Des réponses tombèrent (je cite les plus douloureuses) :
– {être un jeune au Burund}i, c’est courir le risque qu’un jour, alors qu’on cherche un boulot, surgisse cette question ontologique, mystique, fondamentale : {« Tu es l’enfant de qui ? » } Tu auras beau être créatif, malin, un génie, un couteau, tout ce que tu veux, un voyou même, ton identité est avant tout « affaire de famille ». Avec les innombrables sous-entendus. Il y a quelques années, cela voulait dire essentiellement « tu es de quelle ethnie ? » …
Alors, pour brouiller les pistes dans ce Burundi dont parfois nos papas et mamans sont mêlés à des histoires pour lesquelles, nous autres jeunes, peinards, on y est franchement pour rien, on élude la question en répondant, les yeux baissés : « En fait, vous ne les connaissez pas … etc » Mais c’est cuit, de toutes les façons, puisque l’interlocuteur vous rassure : « Ne t’en fais pas, je vais m’informer et je vais finir par te reconnaître ! », tout en sourire, en plus
– {être un jeune au Burundi}, c’est lire pour la énième fois, sur une offre d’emploi, cette détestable phrase, ô misérable condition !, qu'{un minimum de cinq ans d’expérience est requis} pour prétendre valablement à un poste
– {être un jeune au Burundi}, c’est pester contre nos aînés qui privilégient souvent les réseaux (d’amitié, de famille, de province, d’ethnie, politiques, inconnus …) à la créativité (voyez comment on accorde un crédit bancaire, par exemple)
– enfin, c’est souvent râler contre la politique et les siens, qui nous imposent de militer, crâne tondu par le soleil des tropiques, pour espérer s’en sortir. Et naturellement, on finit par y adhérer, à ces partis dont on y comprend que du feu … Parce qu’il faut survivre, n’est-ce pas ?!
Une situation qui explique que « trois chômeurs sur cinq sont des jeunes situés dans la tranche la plus active de la population (entre 29 et 30 ans), alors que les moins de 30 ans [dont les 15-29 ans, soit plus de 60% de la population du Burund, ndrl] représentent 58,6% des chômeurs au niveau national »[[Chiffres tirés du rapport de faisabilité de la mise en place du {Fonds pour la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes} (FPEJ), de Jimmy Bankamwabo (2012, Bujumbura) ]].
Le topo de la situation dressé, je me suis dirigé vers Jean Jacques Nyenimigabo, le ministre de la Jeunesse, du Sport et de la Culture, qui représentait le Burundi au niveau des acteurs politiques. Je lui ai demandé : « Que faites-vous pour nous autres les jeunes ? » En fin politique, il m’a rapidement tendu son discours lu quelques heures avant, sous le thème ‘{Les jeunes, acteurs du changement social par la planification de l’éducation : vers la consolidation de la paix’}, en me disant : « Voilà ce que nous sommes en train de faire ».
<doc5708|left>J’ai lu alors ceci : outre {la mise en place d’une politique nationale de la jeunesse} (financée par la Fonds des Nations Unies pour la Population – FNUAP) et d'{un conseil national de la jeunesse} (déjà opérationnel), le gouvernement burundais travaille à :
– {La mise en place des Centres pour jeunes dans toutes les communes du pays (129).} Ce sont des lieux de formation (assurée par des pairs-éducateurs formés par l’Unesco) et de sensibilisation sur des thématiques comme la citoyenneté, la résolution pacifiques des conflits, la santé sexuelle, la lutte contre le Sida
– {La mise en place d’un stage de premier emploi au profit des jeunes n’ayant aucune expérience professionnelle.} Cette année, 200 jeunes ont bénéficié de ce programme : « Nous payons 60.000 Fbu par mois pour un stagiaire à condition qu’il ait été reçu dans une entreprise », expliquera le ministre Nyenimigabo. Et les résultats sont plutôt encourageants : 40 % des jeunes qui ont eu accès à ces stages ont déjà trouvé un emploi avec contrat … « Nous espérons que la BAD financera, en 2013, 1000 stages comme promis … », a ajouté le ministre
– {La mise en place d’un fonds pour la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes afin de contourner l’hypothèque} comme garantie exigée par les banques commerciales ou par les institutions de micro-finance. Il ne reste qu’à trouver les financements de ce fonds, dont une piste est à voir du côté des pays scandinaves
– {L’organisation d’un Service de volontariat national.} Ce programme, qui débute en 2013, a un budget de 750.000 $ (financé par le PNUD-Böhn à 500.000 $ tandis que le reste revient au PNUD-Bujumbura). Les jeunes sélectionnés travailleront dans différents domaines comme l’agriculture, l’enseignement, la culture, etc …
Après avoir lu et entendu ceci, je me suis dit : « Bon, les {adultes} ont compris que nous sommes une bombe à retardement s’il n’y a pas d’emploi. Ce qui reste à faire, à moyen et long terme, c’est, d’une part renforcer ces différentes actions en idées et en potentiel humain, d’autre part, travailler à ce que le pays ait une production économique interne qui puisse financer ces projets. »
Perdu dans ces rêveries, j’ai oublié de demander au ministre l’essentiel, à court terme : {« Parlera-t-on des jeunes à Genève ? »}
| Selon Cecilie Holdt Rude, l’une des responsables de l’organisation du rendez-vous de l’IIEP, « la force de cette conférence est d’avoir réuni dans un même espace, les décideurs, les chercheurs et les jeunes pour une réflexion sur les politiques liées à l’engagement civique, à la consolidation de la paix ou encore à la création d’emploi », et ceci en tenant en compte des systèmes éducatifs plus adaptés aux besoins éducatifs, sociaux, culturels et professionnels des jeunes. Par ailleurs, « les conclusions des recherches menées sur l’impact de l’action des jeunes dans leurs communautés ont été partagées à tous dans un langage clair, permettant, à terme des débats, de les transformer en mesures politiques », selon toujours Mlle Rude. Plus de 250 participants participaient à cette rencontre ouverte par Mme Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco. Des détails à retrouver sur http://www.planwithyouth.org/ |