Les petits commerçants qui s’approvisionnent à Kampala ou à Dar-Es-Salaam ne sont pas suffisamment informés sur la nécessité de faire assurer leurs marchandises.
« Je vais souvent à Kampala. Après l’achat des articles, je les dépose dans les soutes des bus qui font le transport international.Je sais que tout le long du parcours Kampala-Bujumbura, mes marchandises sont assurées contre le feu et contre tout incident». Ce témoignage est d’une commerçante rencontrée ce lundi 22 décembre au marché dit « chez Siyoni ».
Même son de cloche chez un commerçant tanzanien qui tient un stand dans ce marché. Il croit lui aussi savoir que les articles transportés par le bus Taqwa qui fait la navette Dar-Es-Salaam-Bujumbura sont assurés, les marchandises mêmement.
Les petits commerçants empruntent les bus de transport international parce que de retour de Kampala ou de Dar-Es-Salaam, ils sont sûrs que leurs marchandises vont arriver à Bujumbura en même temps qu’eux.
Selon eux, s’ils les chargent dans des camions, les transporteurs peuvent mettre même une semaine pour arriver enfin au port de Bujumbura.
Une leçon mal intégrée
L’incendie d’un bus de l’agence Gaagaa Coach Services (Bujumbura-Kampala) en février de cette année n’a pas suffi pour sensibiliser les commerçants sur la nécessité de l’assurance de leurs marchandises.
Le feu a consumé toutes les affaires entreposées dans les soutes du bus. Les commerçants rescapés des flammes ne pouvaient pas sauver leurs biens, l’accès aux soutes étant bloqué. En effet, pour lutter contre la fraude, les agents de Rwanda Revenew Authority placent des scellés sur les soutes des marchandises au poste frontalier rwando-ougandaise de Gatuna.
Une fois à Bujumbura, les comerçants ne savaient pas s’ils devaient s’en prendre à eux-mêmes puisqu’ils n’avaient pas pris le soin de faire assurer leurs marchandises ou s’il fallait demander des compensations à la direction de Gaagaa.
Après tergiversation, ils ont opté pour la dernière solution. Une crise de confiance s’installe entre la direction de l’agence et les commerçants. A bout de patience, ces derniers décident de passer à la vitesse supérieure menaçant de s’emparer d’un bus de Gaagaa.
Des solutions à l’amiable
Enfin, une solution à l’amiable est trouvée. Gagaa accepte de verser des indemnités à tous ceux qui produiront les factures des produits importés.
Actuellement, c’est le seul cas enregistré d’incendie de bus assurant le transport des personnes et des marchandises. Mais des employés des agences Gaagaa et Taqwa (Bujumbura- Dar-Es-Salaam) révèlent que pour ne pas s’alliéner la confiance de leurs clients, les directions préféreraient payer les marchandises en cas d’incendie de bus.
Toutefois, les agences avertissent les commerçants qui entreposent des marchandises fragiles qu’elles ne sont liées par aucun contrat.
Les commerçants rencontrés disent que s’ils devaient faire assurer leurs marchandises, cela entraînerait une envolée de prix sur le marché alors que les Burundais ont un pouvoir d’achat très faible.
Selon Alexis Hatungimana, chargé du cargo et de l’administration à Gaagaa Coach Services, les marchandises sont assurées. En cas d’incident, il demande aux commerçants de s’armer de patience : juste le temps de vérification de leurs déclarations.Saidi Salim, chef de l’agence Taqwa avoue que les bus n’ont pas d’assurance pour les articles divers qu’ils transportent. En cas d’incident, c’est l’arrangement à l’amiable qui est privilégié.
A l’agence Jaguar (Bujumbura- Kampala), c’est le mutisme sur cette question.Philippe Ntawenganyira, chargé de la communication à l’agence Otraco Express Bujumbura-Kampala dit que comme exploitant des bus de l’Office du Transport en Commun, son entreprise ne peut répondre que des marchandises perdues en cours de route avant le placement des scellés.
De l’avis d’un membre de l’Association des Transporteurs Internationaux du Burundi (ATIB), les marchandises appartenant aux petits commerçants qui importent de Kampala ou de Dar-Es-Salaam ne sont pas assurées. Même avis pour le Syndicat Général des Commerçants du Burundi (Sygeco).
Timide prise de conscience
Jimmy Rukundo, un commerçant burundais résident à Manchester (Angleterre) témoigne qu’il y a six mois, il a importé de l’Ouganda 150 mille œufs. Alors qu’il était prévu que le camion loué pour le transport de la marchandise arrive à Bujumbura deux jours après le chargement, il a mis plus de temps que prévu. Tous les œufs étaient pourris. «J’ai fait une perte sèche de 15.000 USD », confie-t-il.
M. Rukundo fait savoir que le cas a été reglé à l’amiable avec le transporteur. Celui-ci a promis de payer en trois tranches la somme perdue. Mais la concrétisation de l’engagement pris se fait toujours attendre.
La même mésaventure est arrivée à une comerçante qui, heureusement pour elle, avait importé rien que 15.000 œufs. Tous soutiennent que si leurs marchandises avaient été assurées, ils auraient eu moins d’ennuis.
M. Rukundo a tiré une leçon de toutes ces mésaventures. En effet, ce mardi 23 décembre, il est retourné en Ouganda pour une nouvelle importation. Une précaution cependant : « Je vais désormais prendre soin de faire assurer les œufs. » Et d’expliciter : « mieux vaut que je gagne peu sur des marchandises assurées que de courir le risque de tout perdre avec les marchandises non assurées ».
Bien plus, échaudé par les solutions à l’amiable en cas d’incident, l’importateur jure qu’il ne confiera plus jamais sa marchandise aux transporteurs trouvés à Kampala.
Il conseille aux commerçants qui s’approvisionnent à Kampala ou à Dar-Es-Salaam de faire assurer leurs marchandises.
mbega ako gacerere nakiki mwandika amakuru nkayo kwiteza utunyoni igituma mutandika ibitero vyo muri cibitoke? Namwe musigay muri mukwaha kwa cndd-fdd ?