Une mesure de majoration des taxes appliquées au transport lacustre a aggravé la situation de morosité des activités sur le lac Tanganyika.
Un responsable d’Arnolac, une des deux sociétés de transport lacustre du Burundi, dresse un état des lieux inquiétant du trafic lacustre. Selon ses témoignages, depuis 2013, le volume du cargo est allé decrescendo. La situation s’est empirée avec la crise actuelle. Le responsable indique qu’en 2012 et en 2013, le volume des produits à transporter atteignait les 10.000 tonnes par mois. Avant le début de la crise, il avait chuté à 4.000 tonnes. Aujourd’hui, Arnolac et Batralac se partagent 2.000 tonnes. Pourtant, la flotte burundaise peut transporter en un seul tour 8.200 tonnes, dont 5.000 pour la seule société Arnolac.
Selon cette source, les produits à transporter depuis la Zambie étaient le ciment, les fers à béton, le sucre et le maïs. Du port tanzanien de Kigoma, les bateaux chargeaient des vivres et du ciment.
Une crise au mauvais moment
Un responsable qui a requis l’anonymat martèle que la nouvelle crise est tombée au mauvais moment puisque c’est pendant la saison sèche que la demande en matériaux de construction explose. Aujourd’hui, il observe que Buceco, usine locale de fabrication du ciment peut satisfaire toute la demande nationale. Les opérateurs économiques n’éprouvent donc pas la nécessité d’importer du ciment et partant des fers à béton. Qui pis est, la Zambie a interdit l’exportation du maïs. D’où la morosité du transport lacustre. Les armateurs se contentent du transport du sucre zambien pour les brasseries et limonaderies du Burundi et du Rwanda.
L’est du Congo pour sauver la situation
A défaut des marchandises à destination du Burundi, les bateaux battant pavillon burundais sont ces jours-ci actifs sur les ports d’Uvira et de Baraka en RD Congo. Bien plus, les deux navires-citernes burundais (Cohoha et Rweru) transportent du carburant depuis Bujumbura vers la ville congolaise de Kalemie.
« Ce que nous perdons sur le marché burundais, nous le gagnons avec le marché congolais. Qui plus est, les congolais payent en dollars.Cela évite à notre société de devoir mettre au chômage nos quelques 120 employés », se console ce responsable. Mais il se plaint que bien des recettes soient consommées sur le territoire congolais, notamment pour l’achat du carburant.
L’exécutif complique la situation
Au moment où les transporteurs burundais explorent de nouveaux marchés, l’exécutif prend une mesure « inopportune », selon Arnolac. En effet, le 18 mai, au plus fort des manifestations, le ministère des Transports, des Travaux publics et de l’Equipement sort une ordonnance portant fixation du taux des redevances perçues par l’autorité maritime portuaire et ferroviaire (AMPFE).
« Scandale ! », s’écrient aussitôt, Melchiade Niyonzima, président de l’association des transporteurs internationaux du Burundi (Atib) et Econie Nijimbere, président de la chambre fédérale de commerce et d’industrie du Burundi, (CFCIB). Ils dénoncent « des écarts énormes insupportables pour les opérateurs économiques burundais opérant dans le Lac par rapport aux taux de redevances de l’ordonnance de 1992. »
Pire, insistent-ils, cette ordonnance fixe, pour la première fois, les taux de redevances en dollars alors que les tarifs de transport lacustre sont exprimés en Fbu. En outre, ils dénoncent une concurrence déloyale car les transporteurs lacustres burundais ne sont pas traités au même pied d’égalité que les autres des pays in lands.
Un cadre de ce ministère indique qu’il était grand temps de revoir les tarifs de 1992 et que cela a été fait après des études scientifiques.
Ce n’est que le début, ils vont sucer tout car ils savent que leurs sont comptés