Des passagers se déplaçant de la capitale économique vers l’intérieur du pays déplorent le non-respect généralisé des prix du transport récemment fixés par la ministre chargée du Transport. Ce dernier appelle la population à dénoncer toute spéculation.
A 17 heures ce 17 mai au parking situé près du marché dit Cotebu desservant les provinces du centre et du nord, les passagers sont nombreux.
Des rabatteurs et conducteurs accueillent les passagers et leur montrent des bus selon leurs destinations. Des discussions sur les prix de transport s’entendent partout dans le parking.
Déçus, certains passagers se mettent à côté pour penser et vérifier s’ils peuvent aborder les prix qui sont largement supérieurs à ceux fixés par le ministère du Transport.
Pour le trajet Bujumbura-Gitega, le prix de transport varie entre 15 mille et 20 mille BIF alors le prix officiel est de 8 mille BIF. Il faut aussi payer entre 8 mille et 12 mille pour se rendre à Muramvya.
« Ce qui se passe sur ce parking est vraiment choquant. On dirait un territoire à part dans le pays. Les conducteurs haussent les prix du transport comme ils le veulent. Pire encore, ils embarquent un nombre des passagers supérieur à la capacité de leurs bus », dénonce un passager qui suspend son voyage après avoir appris cette hausse de ticket de transport.
Pour lui, il faut que le ministère du Transport mette en place un mécanisme de suivi pour suspendre ces spéculations et protéger les passagers.
D’autres passagers préfèrent payer le montant exigé par les conducteurs pourvu qu’ils arrivent à leurs destinations. « Ces spéculations sont généralisées. On n’a pas de choix. Doit-on suspendre les voyages ? Certains d’entre nous ont des urgences à Gitega ou ailleurs. Nous devons nous déplacer bon gré mal gré », raconte un autre passager avec amertume.
La situation est la même sur le parking de Musaga desservant surtout les provinces du centre et sud du pays. Les prix fixés par le ministère ne sont pas respectés. Chaque conducteur fixe ses propres prix. Par exemple, ceux qui se rendent à Matana en province de Bururi doivent payer 10 mille BIF alors que le prix officiel est de 8 mille.
« Ces spéculations nous enfoncent. Nous faisons déjà face à la cherté de la vie, surtout la flambée des prix sur les produits de première nécessité », regrette un passager habitant de la province Mwaro. Et de demander au gouvernement de suivre de près l’exécution des prix de transport fixés et assurer la régulation sur les prix des autres produits.
« Trouver le carburant est devenu un casse-tête »
Les conducteurs justifient ces spéculations par la pénurie du carburant. Selon eux, la perte serait énorme une fois que les prix fixés par le ministère chargé du transport seraient respectés.
« Il n’y a pas vraiment de carburant. On passe deux à trois jours sur les stations-services en quête du carburant. Avec cette situation, on ne peut pas transporter les gens de Gitega à 8 milles. On ne peut pas supporter cette perte », évoque un conducteur de bus desservant la capitale politique Gitega. Pour lui, les spéculations sur les prix du transport sont évidentes tant que la pénurie du carburant persiste.
Contacté, le porte-parole du ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme, Onésime Niyukuri, invite les passagers à dénoncer tout cas de spéculation auprès des autorités administratives.
Il met en garde les conducteurs qui spéculent sur les prix de transport tout en les rappelant que des sanctions sont prévues par la loi. Et d’appeler les associations des transporteurs à toujours rappeler aux conducteurs les prix officiels de transport.
Pourquoi le ministère n’envoie pas ses inspecteurs sur ces lieux d’embarquement ?