Ces derniers jours, des personnes se mettent à appâter leurs victimes à l’aide du service de transfert d’argent ’’Lumicash’’. Ils envoient de faux messages de transaction. Après avoir mis en confiance leur cible, ils les invitent à déposer cette fausse somme transférée électronique avant de faire le retrait.
Un certain dimanche, raconte une jeune qui a failli se faire avoir, j’ai reçu un coup d’appel. Au bout du fil, poursuit-elle, mon interlocuteur me faisait croire que l’on se connaissait, il m’a vite proposé qu’on se rencontre au centre-ville.
« Du coup, j’ai eu des soupçons car je ne parvenais pas à le reconnaître. Je me suis vite mise à chercher un alibi pour ne pas y aller et je lui ai fait comprendre que j’allais prier. Mais il a insisté pour que je confirme que le message a été reçu. Du coup j’ai vu la notification d’un message d’un transfert de 250.000 FBu via Lumicash », continue-t-elle. Ce qui m’a sauvée, confie la jeune fille, ce que je suis entrée dans l’Eglise et j’ai eu le temps de méditer sur ce qui venait de m’arriver.
Les victimes de ce genre de vols sont nombreuses. D.H, un fonctionnaire est tombé dans le panneau. « En fait, j’ai reçu un appel téléphonique. D’une voix masculine, l’individu s’est présenté. Surpris, je lui ai demandé son nom. Sans aucune hésitation, il m’a répondu. Il m’a dit qu’il s’appelait Jean-Marie et qu’il me connaissait très bien, que c’est un ami ce fonctionnaire.
Et soudain, raconte ce fonctionnaire, il m’a dit qu’il allait envoyer dans mon téléphone 400 mille FBu et qu’on allait retirer cette somme le soir pour partager un verre. « Directement, j’ai vu une notification d’un message me renseignant que je viens d’avoir cette somme ».
Naïvement, poursuit-il, j’ai appelé mon ’’ami Jean-Marie’’ pour lui informer que la somme était déjà dans son téléphone. « Il m’a répondu que c’est très bien, que je pouvais retirer 20 mille FBu pour boire une limonade en attendant le programme de la soirée ».
Sans attendre, D.H va cette fois-ci recevoir d’autres instructions. « Mon ami, il y a un membre de la famille qui vient d’avoir un problème. Il a besoin rapidement d’argent. Il faut lui envoyer vite 300 mille BIF, je vais te rembourser cela après le retrait de la somme que je vous ai envoyée ».
Sans hésiter, D.H appelle un agent de Lumicash. Il avait une somme de 700 mille BIF dans sa mallette. Il envoie alors les 300 mille BIF au numéro lui indiqué par son soi-disant ami de longue date.
Aussitôt, D.H se rappelle qu’il n’a pas encore vérifié son solde après la réception du message, lui indiquant qu’il venait de recevoir les 400 mille FBu. « J’ai alors vérifié. Je n’ai rien trouvé dans mon téléphone. Et rapidement, j’ai appelé sur le numéro de mon ancien ami, il était déjà éteint. J’ai finalement réalisé que je venais de me faire voler par un inconnu ».
Une dame, qui a vécu la même mauvaise expérience relate son malheur : « Un soi-disant ami de mon mari m’a appelé me demandant un service. Il me demandait de déposer une certaine somme sur mon compte Lumicash. Il disait transférer ce montant à une personne sans compte Lumicash. Prise de compassion, j’ai accepté. Le message envoyé disait que je devais retirer 350 mille de Mobinetel ».
Cet escroc a fait en sorte que sa proie ne prenne pas le temps de réfléchir. « Il m’a pressé me disant que la personne est à court d’argent dans ses courses pour s’approvisionner. Il m’a donné le numéro où je dois transférer cet argent en me demandant de faire le dépôt d’abord et le retrait après. Comme j’étais sur une file d’attente à l’hôpital pour mon enfant, j’ai appelé un agent qui était dans les parages, je lui ai dicté le numéro et il a fait le dépôt ».
Quand cet arnaqueur a vu que son plan réussi, il s’est empressé à demander plus : « Il m’a tout de suite recontacté en suppliant que l’argent des fournitures ne suffisait pas qu’il fallait un peu plus. Il a envoyé une somme de 280 mille et m’a demandé de retirer ses deux versements quand j’aurai déposé le second montant ».
Elle confie qu’elle était perplexe mais ne pensait qu’à l’état de son enfant souffrant : « Mon cœur battait la chamade. Mais je me suis dit que l’ami de mon mari a besoin de ce service. J’ai dit à l’agent lumicash de faire un autre dépôt, ce qu’il lui a surpris. Tu ne me fais pas confiance ? Répondis-je, l’air stressé »
L’agent exigea à la dame de retirer la première transaction. Le solde était insuffisant : « On a consultée la situation, le solde était de 0 FBu. J’ai paniqué, j’ai appelé cet « ami de mon mari », il était méfiant et a fini par me raccrocher au nez. L’agent s’est saisi de mon téléphone, et exigeait que je lui paye ses 350 mille FBu ».
Appel à la vigilance
Approché, Samuel Muhizi, le directeur de l’ARCT, l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications, se demande où les Burundais puisent ce degré de naïveté. « Les Burundais font confiance très facilement. Comment envoyer de l’argent à un inconnu. Même s’ils font confiance, il y en a qui redoutent un mauvais coup mais qui finissent par se faire abuser ».
Selon le DG de l’ARCT, ces escroqueries sont de plusieurs formes. Ces victimes sont aussi utilisées dans ces arnaques. « Ces transactions peuvent être vraies et la victime est utilisée dans l’escroquerie. Celui qui, sans le savoir, fait confiance et qui envoie de l’argent, peut se retrouver accusé de complice de ces gens. Lorsque la victime fait recours à l’ARCT, elle vient avec le numéro sur lequel elle a envoyé la somme volée ».
Selon lui, les sensibilisations ont été faites, mais l’ARCT trouve que ce n’était pas suffisant. « De nombreux cas se présentent. La grande partie de ces arnaqueurs sont des prisonniers et plus de 300 numéros ont été bloqués au cours du trimestre passé, raison pour laquelle ces escrocs ne sont pas sérieusement punis car étant déjà en prison, même s’ils venaient à être identifiés et démasqués ».
D’après lui, d’autre mesures sont en cours d’élaboration pour lutter contre ces escroqueries. « Nous travaillons également sur d’autres formes de sensibilisations, ce qui demande des moyens. Mais nous essayons de faire de notre mieux, pour que tout le monde soit sensibilisé ».
Pour le directeur de l’ARCT, les utilisateurs de téléphone sont priés d’être vigilants. « Il faut ignorer les spams, lire et comprendre les notifications reçues avant toute réaction ou tentative de réponse. En cas d’escroquerie, il faut toujours faire recours aux institutions habiletés ».
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