Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains ce 30 juillet, des organisations militantes pour les droits humains ont exhorté le gouvernement à fournir beaucoup plus d’efforts pour éradiquer la traite et le trafic d’êtres humains.
« Nous avons déjà documenté 346 cas de traite d’êtres humains », dit Ferdinand Simbaruhije, coordinateur au sein de la Fédération nationale des Associations engagées dans le Domaine de l’Enfance au Burundi (Fenadeb).
Pour lui, le nombre exact serait plus élevé. Et de suggérer qu’une étude approfondie soit menée pour identifier tous les cas de traite ou trafic humain au Burundi.
« Le recrutement des victimes se fait en cachette. La traite est souvent considérée comme tabou dans la société. Les victimes ou leurs familles parfois cachent la réalité », regrette ce coordinateur de la Fenadeb. Il demande plus de coopération entre les partenaires pour la lutte efficace contre la traite des êtres humains.
D’après Prime Mbarubukeye, président de l’Observatoire national de lutte contre la criminalité transnationale (ONLCT), « 181 mineurs provenant des cinq collines de la commune et province Muyinga ont été amenés vers la Tanzanie durant le premier semestre de l’an 2021 ».
Il indique que dans la même période, 202 femmes, filles, hommes et enfants ont été arrêtés sur le chemin du trafic dans les pays de transit notamment la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya alors qu’ils s’apprêtaient à s’envoler vers les pays du Golfe. Il exhorte le gouvernement à redoubler d’efforts surtout dans la répression du trafic humain.
« 102 dossiers des cas de traite d’êtres humains étaient déjà ouverts jusqu’en janvier 2021 dont 43 déjà traduits devant les instances judiciaires », indique Théoneste Niyongabire, membre du comité ad hoc interministériel de lutte contre la traite des êtres humains.
Il ajoute qu’entre les mois de février et juin de cette année, 39 dossiers ont été ouverts en justice dont 7 traduits devant les tribunaux.
Des organisations internationales mobilisées
Selon le Bureau de surveillance et de lutte contre la traite des personnes au sein du Département d’Etat des Etats-Unis, le gouvernement du Burundi ne satisfait pas entièrement les normes minimales pour l’élimination de la traite.
« Le gouvernement ne dispose pas de procédures opérationnelles standards pour identifier et orienter les victimes vers les services de protections adéquats ’, lit-on dans le rapport 2021 du même organe.
Et de recommander aux gouvernement d’accroître considérablement les efforts pour enquêter, poursuivre et condamner plus efficacement les trafiquants d’êtres humains.
D’après l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), 81% des victimes identifiées entre 2017 et 2021 étaient des femmes et des filles. Les données de la même organisation montrent que 85% ont été victimes d’une traite transfrontalière. « Un quart des victimes étaient des enfants de moins de 18 ans », stipule le rapport de l’OIM.
Selon toujours l’OIM, la plupart des victimes en provenance du Burundi subissent l’exploitation dans les pays du Golfe et la région de l’Afrique de l’est : « 53% vers l’Arabie Saoudite, 13% vers Oman, 11% vers la Tanzanie, 7% vers le Kenya et 9% à l’intérieur du Burundi ».