4000 filles auraient été victimes de la traite des personnes, selon les chiffres de la Fenadeb. Le gouvernement propose de travailler en synergie afin de lutter efficacement contre les réseaux des trafiquants.
«C’est un phénomène qui n’était pas connu par la population et même par les autorités. Il a fait des ravages pendant plusieurs années avant qu’il ne soit reconnu comme une triste réalité», indique Jacques Nshimirimana, président de la Fédération des associations engagées dans le domaine de l’enfance (Fenadeb). «Tenant compte des témoignages des filles revenues des pays du Golfe ainsi que des informations à notre possession, il y aurait 4000 filles qui ont été victimes de la traite des personnes depuis 2015 ».
Et de souligner qu’il est très difficile d’avoir des chiffres exacts des personnes embarquées dans les pays du Golfe. «Nous continuons à plaider pour qu’il y ait une enquête nationale qui donnerait la lumière sur le nombre des victimes de la traite des personnes ».
Pour le Premier vice-président de la République, Gaston Sindimwo, cette traite des êtres humains est un crime qui nous concerne tous. D’où l’intérêt de travailler en synergie. Selon lui, les responsables du corps de la police et les procureurs généraux sont la clé de voûte de la répression étant donné que la loi les a dotés des moyens d’agir. «Il faut que chacun fasse preuve de pragmatisme et de pugnacité dans son travail et tout cela dans le respect de la loi ».
La pauvreté, une des causes
Le président de la Fenadeb affirme que la pauvreté est la cause majeure. «La plupart de ces victimes consentent. Parfois, elles cherchent elles-mêmes les trafiquants». Les autres causes sont entre autres l’ignorance de certaines familles qui ne sont pas suffisamment informées sur les conséquences de ce phénomène sur la vie de leurs enfants ainsi que le chômage chez des jeunes.
La Fenadeb demande au gouvernement de signer une convention de coopération bilatérale avec les pays du Golfe afin de protéger les Burundais travaillant dans ces contrées. D’autres défenseurs des droits des enfants exhortent également le gouvernement à mettre sur pied la Commission de concertation et de suivi sur la prévention et la répression de la traite des personnes prévues dans la loi No1/28 du 29 octobre 2014 portant prévention et répression de la traite des personnes et protection des victimes de la traite.
Certaines victimes de la traite des personnes exhortent le gouvernement à créer un fonds de prise en charge. D’après elles, certaines familles refusent d’accueillir les filles qui reviennent de ces pays du Golf. «Quand je suis revenue, mon père m’a chassée de la maison. Pour lui, j’étais partie pour me prostituer, alors qu’il n’en était rien», témoigne Amina (nom d’emprunt) de la zone Buyenzi en mairie de Bujumbura. D’après elle, nombre de filles sont dans la même situation. Du coup, elles sont laissées à elles seules. Ne sachant pas à quel saint se vouer, elles deviennent des prostituées. «D’autres reviennent traumatisées à cause des mauvais traitements qu’elles ont subis. Il leur faut des soins», conclut-elle.