Après plusieurs jours de déni total, la police vient finalement d’admettre l’existence du trafic humain et a même opéré des arrestations. Du coup, les dénonciateurs commencent à essuyer des menaces de la part des trafiquants.
Alors que la police minimisait jusque-là l’ampleur de cette affaire en parlant de deux cas seulement connus, elle vient d’opérer un virage à 180° en reconnaissant publiquement l’existence d’un trafic humain.
Ce dimanche 19 juin 2016, le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, annonce l’arrestation de sept personnes impliquées dans le trafic des filles et femmes vers les pays du Golfe à savoir Oman et Arabie Saoudite. « Il s’agit de trois Burundais et de quatre Kenyans dont deux de sexe féminin », indique-t-il. Dans la foulée, il énonce 11 sociétés impliquées dans ce trafic humain. Parmi les sociétés impliquées, 4 sont burundaises dont la société Royal services qui se disait travailler en toute légalité mais inconnue du ministère et les 7 autres sont étrangères notamment du Golfe et du Kenya. «C’est un réseau transfrontalier de criminels.» Selon Pierre Nkurikiye, au moins 267 personnes ont déjà fait objet de trafic humain vers les pays du Golfe depuis le 19 avril 2016.
Mais il y a un hic. Le porte-parole met en cause la société Intercontact services qui, selon lui, est dirigée par un certain Mélance Bukera. D’après les informations recueillies, cette personne ne travaille plus pour cette société depuis 2011. «Il paraît que Mélance Bukera a utilisé le nom d’Intercontact services en faisant ce trafic. Tant qu’il n’est pas encore appréhendé, on écarte aucune piste surtout qu’une des sept personnes arrêtées est un employé de cette société », indique Pierre Nkurikiye. Et d’ajouter que les enquêtes sont en cours pour dégager les responsabilités.
Une main forte serait derrière ce revirement
David Dusabe, secrétaire général et porte-parole du Mouvement citoyen pour l’avenir au Burundi (M.C.A), évoque un effectif de plus de 2500 filles parties au Moyen-Orient depuis 2015. Selon le FENADEB, beaucoup de fillettes des provinces Muramvya, Bururi, Rumonge, Bujumbura et Bubanza sont recrutées depuis le mois de février 2016. Du 10 avril au 9 juin, selon cette fédération, plus 400 filles seraient parties en Oman et Arabie Saoudite. « Et toutes sont passées par l’Aéroport international de Bujumbura », précise M. Nshimirimana.
«Il doit y avoir une main forte derrière qui a pris la décision.», souligne Jacques Nshimirimana. Il trouve anormal que la police conteste l’existence de ce trafic dans un premier temps et que par après, elle appelle les journalistes pour leur présenter des personnes interpellées.
Pour lui, cette action de la police est un bon début mais il faut que les enquêtes se poursuivent car il reste beaucoup de sociétés impliquées dans ce trafic. « Ces sociétés ne peuvent pas s’implanter dans le pays sans qu’il y ait des nationaux pour les aider.»
Le Mouvement Citoyen pour l’avenir au Burundi, quant à lui, pointe du doigt certains administratifs de la base et au sommet qui seraient impliqués dans ce trafic. «Par ailleurs, les passeports sont octroyés par la PAFE, un service connu de la police nationale burundaise, ce qui prouve un laisser-faire de la part des autorités burundaises.» Ce que réfute Pierre Nkurikiye : « Jusqu’à maintenant, les enquêtes prouvent qu’il n’y a aucune personne ou institution étatique impliquée dans ce trafic.»
Interpol saisie
Le porte- parole de la police informe qu’une fille vivant dans un des deux pays cités dans ce trafic a pu joindre la police burundaise. «Elle nous a dit qu’elle est maltraitée. Nous avons saisi Interpol afin qu’il nous aide pour ce cas, mais aussi pour tous les autres. Nous avons aussi sollicité son aide pour l’arrestation de toutes les personnes impliquées dans cette affaire.»
Pour le président de la FENADEB, il faut tout d’abord suspendre tout déplacement de ces filles dans ces pays surtout les mineures. Et par après, mettre sur pied une commission d’enquête inclusive, avec un délai très court, afin de s’enquérir de la situation de ces jeunes burundaises qui vivent dans ces pays. «C’est bien que des adultes partent travailler à l’étranger car c’est un bénéfice pour le pays. Ce qui nous a poussé à crier très fort, c’est que ces sociétés travaillent en toute illégalité.»
Iwacu a tenté de joindre sans succès le ministre de l’Intérieur, le ministre des Relations Extérieures, le parquet général de la République, pour être au fait des actions menées afin de faire face à ce trafic humain.
Après les arrestations, s’ensuivent les menaces
“You Jacques, we will kill you before 5 days! Do you think that you are immortal? Your kids will be kidnapped before the end of this month!” (« Jacques, nous allons te tuer d’ici 5 jours. Tu te crois immortel. Tes enfants seront kidnappés avant la fin de ce mois ! »). Ce sont entre autres les messages que reçoit Jacques Nshimirimana, président de la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (FENADEB), depuis l’arrestation par la police, la semaine passée, de sept présumés trafiquants d’êtres humains. «Ivi sasa unatupa gerezani watu wetu wote! Wakati watatoka niweye njo utaingiya, iyo ni ukweli usipinge, tena woote watatoka before July alakini weye na wezako mutakufa mwe wote! » (« Tu as mis en prison tous nos hommes! Le jour où ils sortiront, tu vas prendre leurs places, c’est la vérité. D’ailleurs, tous sortiront avant juillet mais toi et tes amis vous mourrez!»).
Jacques Nshimirimana indique que depuis le 19 juin, il reçoit des appels dont six en provenance de la ville d’Al Sohar en Oman, trois du Kenya et deux de Dubaï. «Ce lundi, j’ai enregistré neuf appels en provenance de différentes villes d’Arabie Saoudite, trois d’Oman et un du Burundi. Tous ces appels sont anonymes sauf le 0096824510118 d’Al Sohar en Oman.» Sur ce, le président du FENADEB vient d’écrire une lettre au directeur général de la police pour demander une protection.
Malgré ces menaces, la FENADEB ne compte pas relâcher la pression. «Je n’ai pas peur de mourir. Nous allons par contre redoubler d’efforts jusqu’à ce que nos compatriotes reviennent.»
Bonjour, je m’appelle Melance BUKERA et vous avez cite mon nom dans votre article, pour eviter de ternir l’image d’une personne ou tomber dans un piege x pour un dossier en cours d’instruction, dans le respect de votre professionalisme, je vous prie de m’accorder le droit de reponse pour que je puisse vous livrer ma version des faits.
On aura tout vu, sous le Gouvernement incompétent, violent et corrompu du CNDD-FDD ! Dieu sauve le Burundi… !
Courage Mr Umukama azobishura
Il n’y a qu au Burundi où la traite des gens est redevenue possible. A qui la faute?je pense qu elle incombe à celui qui gouvernement. C’est horrible, vous ne êtes plus des humains, tout est possible à partir du moment que vous empochez les devises. Que deviennent ces jeunes femmes ? Des esclaves sexuelles au mieux mais aussi des donneurs d organes obligées. Pauvre peuple.
Je pense que tu ne suis pas les informations! Ce trafic est devenu monnaie courante presque dans tous les pays africains! Rappelez-vous de l’affaire « Arche de Zoé » qui était trafiqué par les français. C’était dans quel pays? Au Burundi? Au Rwanda, ce trafic a été signalé en 2013 et 2014 jusqu’à ce que les services de migrations instaure des mesures difficiles sur la migration des mineurs! A Dar-Es-Salaam, il y a quelques jours, la police a arrêté plusieurs personnes qui trafiquaient ce business!
Cessons de tout politiser! Même s’il y aurait des personnes dans le Gouvernement qui seraient impliqués dans cette affaire cela n’implique pas tout le Gouvernement!
Haaaaaaaaaaaa les DD!
Courage Jacques! Nous sommes tous contre cette affaire!
L’exportation d’une main d’oeuvre se fait partout dans le monde! Les Etats Unis le font à travers son programme « Green Card » mais ils le font en toute transparence! Pourquoi ces gens ne veulent pas le faire légalement. Qu’ils enregistrent leurs sociétés en toute légalité et s’entendre avec le Ministère des affaires étrangères sur le mécanisme de suivi de nos resortiussants et les modalités de versemùent des IPR dans le trésor public. Sinon, nous devons léver tous (hutu, tutsi, twa, tous partis confondus, réligions, etc.) contre ce réseau des mafias.