« Traduire, c’est trahir » nous dit cette expression paronymique italienne. Certains linguistiques vont jusqu’à affirmer qu’il est impossible de rendre fidèlement une pensée exprimée dans une langue par le truchement d’une autre. Sans verser dans une telle extrémité, je pense que pour réussir une traduction il faut cerner au mieux ce que le texte original signifie, puis trouver ensuite les mots et la phrase idoine à utiliser dans la langue cible. Il va sans dire que le souci de transmettre objectivement ce qui est dit ou écrit au départ un pré-requis indispensable.
L’exemple récent de la déclaration du président Poutine au sujet de l’avenir de l’Est Ukrainien est éloquent à cet effet…
Dans le livre coécrit par Antoine Kaburahe et Jean-François Bastin – Cinq ans d’éditoriaux & de réflexions : 2008-2013 en page 138 – le premier utilise un proverbe Kirundi – « Uburundi bugona buri maso » – qu’il traduit d’une manière imprécise pour le moins : « Les Burundais dorment les yeux ouverts »; le second s’en est alors saisi pour étayer sa façon de juger le comportement des Burundais et se fend d’un vœu insistant : «On voudrait tant que les Burundais cessent de dormir quand ils ouvrent les yeux !».
Une des traductions les plus proches de la pensée de nos Anciens serait plutôt la suivante : « Les Burundais ronflent éveillés ». Ici, un des signes patents de l’endormissement est le ronflement. Et pourtant, en même temps on veille. Ce proverbe dit que le Burundais manifeste extérieurement qu’il dort alors qu’il est en état d’éveil ; voire de veille ou de vigilance.
Je ne ferais pas l’injure aux deux auteurs de penser qu’ils ignorent la vraie formulation du proverbe burundais. Je pencherais plutôt pour un lapsus calami de la part d’Antoine Kaburahe que, comme le renard dans la fable, Jean-François Bastin a saisi au bond pour faire la morale aux Burundais d’aujourd’hui si léthargiques et si nostalgiques à ses yeux…
J’en aurais dit davantage, mais alors s’il vous plaît secouez-moi… que je me réveille !
qui a publie cela et pour quelle raison?
Cher « Ttom »,
Il est dommage que le site web de IWACU soit imprécis quant aux auteurs des textes. Cela devrait être clairifié car tous doivent assumer ce qu’ils écrivent.
Pour ce qui est du texte en question, j’en suis l’auteur.
J’ai voulu d’abord m’en prendre à Jean-François Bastin qui traite les Burundais de personnes qui dorment debout. En amont, je voulais stigmatiser les traductions approximatives qui prêtent flanc à ce genre de dérive car, comme j’ai essayé de le montrer, le texte Kirundi de départ signifie tout autre chose que le somnambulisme que décrit JFB.
Fraternellement