A Karusi lors de la clôture de la semaine dédiée aux héros de la lutte pour la paix et la démocratie, le Président a encore déclaré la guerre à la corruption : « Nous n’allons en aucun cas tolérer les agents publics accusés de corruption, de détournement de fonds publics, de malversations, de concussion… » La population a été appelée à la vigilance. En effet, « la chose publique nous appartient tous, elle n’est pas la chasse gardée de quelques autorités. » Ces dernières ont été aussi mises en garde, y compris les proches collaborateurs qui « doivent comprendre que ce sont les serviteurs des citoyens. Celui qui va les trahir, je vais m’en laver les mains. »
Un discours très musclé donc. Le Président Ndayishimiye s’est engagé, « à suivre personnellement les différents dossiers de détournement des deniers publics. » Volonté politique ? Mieux, récemment, le Premier ministre a effectué des visites dans quelques entreprises étatiques dans l’optique de se rendre compte de l’état de la « res publica », la chose publique. Il a tiré la sonnette d’alarme et a recadré les responsables et le personnel, après avoir constaté la faillite cuisante de ces établissements publics.
L’idée du contrôle social mérite d’être soutenue. En effet, certaines autorités et une certaine « tradition » de la plupart de fonctionnaires burundais considèrent que le bien public leur appartient et perçoivent le contrôle social comme « une intrusion, une interférence injustifiée » dans leur gestion. Il faut aussi dire que la participation des citoyens dans les affaires publiques est assez limitée au Burundi. Les raisons sont nombreuses : le désintéressement, l’apathie, le sentiment que « ceci ne va rien changer ou cela ne me regarde pas ‘’ntibindaba’’». Bref, une faible appropriation de la chose publique, « cela appartient à l’Etat, ‘’ni ivya Reta’’ ». Un accent particulier devrait également être fait sur d’autres formes de corruption qui minent le secteur public. C’est notamment le clientélisme, le népotisme, le militantisme ou le favoritisme. Cela permettrait de bâtir une fonction publique professionnelle. Des recrutements et des salaires transparents fondés sur le mérite occasionnent la croissance du secteur public.
Comme l’ont souligné les organisations qui luttent contre la corruption, l’implication, au premier chef, des autorités de la République est un bon signe pour démanteler ce fléau. Leur vœu est de voir le pays passer à la vitesse supérieure pour traduire les paroles en actes. J’estime qu’il faut aussi des mesures d’accompagnement. A mon humble avis, les plus urgentes sont la sensibilisation, l’information et la formation des leaders communautaires et publics sur plusieurs thèmes. Entre autres sur la lutte contre la corruption, la transparence, la redevabilité, le respect de la chose publique.