Le projet de loi sur la presse est en passe d’être voté au Parlement burundais. Des ultimes tractations sont en cours pour un résultat consensuel.
Le directeur de la Radio Publique Africaine (RPA), Eric Manirakiza, a fait savoir qu’un document de propositions, observations et critiques, a été déjà transmis au Parlement. Selon lui, il y a eu beaucoup de débats à ce sujet et les professionnels des médias ont voulu contribuer de leur manière au respect de l’accord d’Arusha, la constitution et la déclaration universelle des droits de l’homme et la charte de l’Union africaine sur la démocratie. Il ajoute qu’ils ont fait cela pour réaffirmer leur détermination au respect des institutions de la République.
Et d’ajouter : « Si on ne tient pas compte de ces observations, la loi ne sera pas respectée. Nous continuons de suivre ce qui se passe à l’assemblée nationale. Nous osons espérer une suite favorable à notre démarche. Ceci dit, on ne peut pas tenir compte de toutes les propositions. » Le directeur de la RPA précise qu’il y a des propositions non négociables : « Qu’on n’aille pas demander aux journalistes de décliner leurs sources d’information. On ne respecte pas une loi qui ne respecte pas ses droits ».
Le vice-président de l’Union burundaise des journalistes(UBJ), Jérôme Niyonzima, espère également que les parlementaires tiendront compte de leurs observations. Selon Niyonzima, ils avaient eux-mêmes insisté pour recevoir les observations des professionnels des médias : « C’est cela que nous avons fait en recourant aux consultants. Quand les gens crient sans propositions concrètes, c’est souvent difficile d’y donner suite. Dans notre cas, on a fait des propositions. » Le vice-président de l’UBJ précise qu’ils proposent la dépénalisation des délits de presse. C’est-à-dire leur décriminalisation. Ce qu’on demande aux députés, poursuit-il, c’est de se rendre compte que ce n’est pas dans l’intérêt seulement des journalistes de demander une loi qui n’est pas liberticide. Avant de conclure : « Nous continuons aussi à montrer le poids que l’assemblée nationale va avoir en mettant un place une bonne loi.»
Le coordonnateur du projet d’appui aux médias(PACAM), Robert Minangoy, quant à lui, estime que « ce qui est remarquable et louable, ce sont les propositions que les organisations des médias ont adressées au Parlement. » Il a rappelé que les professionnels des médias rentrent dans la logique du jeu démocratique. Selon Minangoy, ces derniers ont fait appel aux juristes pour analyser le projet de loi anticonstitutionnel qui donnait des pouvoirs judiciaires exorbitants au Conseil national de la communication(CNC). D’après lui, c’est permis en démocratie d’aider les députés à voter en âme et conscience, une loi ne doit pas être conçue pour soi.
Le coordonnateur de PACAM a indiqué qu’il faut penser une loi pour l’intérêt du pays, du citoyen et des médias. Selon lui, les députés doivent aussi penser à une loi qui va leur garantir la liberté d’expression. Et de conclure : « Il faut partir du principe qu’on fait une loi dans un climat de confiance. »