L’affaire remonte à novembre 2010, selon notre source. Aisha Ahishakiye, une pensionnaire de l’école de Patrice Faye à Kajaga est surprise en classe par son instituteur en train de lire une revue pornographique à l’école polyvalente Carolus Magnus de Kajaga (une école de la fondation Stamm).
Outre la revue pornographique, une photo où on voit Ahishakiye posant avec deux fillettes est découverte par l’enseignant. Sur les deux photos, les trois filles posent dans des positions bizarres dans des tenues indécentes.
Son enseignant pose des questions mais l’élève le traite d’imbécile. L’enseignant s’adresse à la direction. Un conseil de direction se tient le 25 novembre 2010. Aisha est renvoyée pour une semaine et sommée de revenir à l’école accompagnée d’un parent.
Une semaine après, Aisha Ahishakiye se présente à l’école avec Patrice Faye, son tuteur légal. Un échange est lieu en présence Désiré Ndayihereje, directeur de l’école primaire, de Céline Martin Sarrazin, la directrice pédagogique, de Clotilde Nyandwi, la psychologue et de Patrice Faye. « Patrice Faye nous a indiqué qu’il n’était pas surpris par le comportement de Aisha Ahishakiye », se souvient notre source.
D’après elle, Patrice Faye explique comment cette fille est difficile à éduquer. Comment elle a été chassée à maintes reprises d’autres écoles et a même chassée de l’école PIF (Patrice International Faye) pour cause d’indiscipline : « Il a même cité un cas d’emprisonnement de la fille à Kigobe pour escroquerie. »
D’après Faye, explique notre source, Aisha Ahishakiye avait fait croire à un garçon qu’elle est amoureuse de lui. Celui-ci lui avait versé régulièrement de l’argent, près de 100 mille Fbu pour coucher avec elle. « Aisha a refusé. Le garçon a porté plainte à la police et Aisha a été arrêtée. Patrice Faye a payé100 mille Fbu pour sa libération. »
<doc757|left>Après avoir écouté les explications de M. Faye, Clotilde Nyandwi lui demande s’il y a des encadreurs et encadreuses qui s’occupent des enfants à l’école PIF. Patrice Faye a répondu qu’à part Aisha qui pose des problèmes, les autres enfants sont très sages et n’ont pas besoin d’encadreurs et d’encadreuses.
Ce jour même, Aisha Ahishakiye adresse une lettre de demande de pardon à la direction et à son professeur. Elle reconnaît sa faute et promet qu’elle ne recommencera pas. La directrice pédagogique établit un contrat moral qu’Aisha devra respecter ainsi qu’une fiche de suivi spécialisée pour que son enseignant puisse l’évaluer chaque jour. Ce contrat moral est signé par toute personne qui s’engage à aider Ahishakiye, c’est à dire Patrice Faye, deux enseignants, la psychologue, représentante légale de la fondation STAMM, la directrice pédagogique, le directeur de l’école primaire et l’élève Aisha Ahishakiye.
A la réunion suivante, le constat est que le contrat moral était respecté par Aisha Ahishakiye. Pourtant, Patrice Faye se plaint qu’à la maison, celle-ci n’a rien changé de son comportement: elle sort la nuit, elle insulte le gardien, elle disparaît toute la journée sans permission.
Céline Sarrazin et Clotilde Nyandwi expliquent à Patrice Faye que le comportement d’Aisha est une conséquence d’un manque d’éducation et de suivi. Celui-ci rétorque qu’Aisha est une fille impossible qui perturbe les 34 enfants (17 garçons et 17 filles) du centre Sabe. Patrice Faye indique qu’il a emmené Aisha à Castel Croc, sa seconde résidence, pour mettre fin à tout le désordre causé par elle au centre Sabe.
A Castel Croc, vivent deux familles, un gardien et un jardinier avec leurs épouses qui s’occupent d’Aisha.
Patrice Faye nous a même dit qu’il y a deux familles dont un gardien et sa femme, un jardinier et sa femme qui s’occupent d’Aisha.
Lors de la même réunion, Patrice Faye annonce qu’il va chasser cette fille de sa maison parce que celle-ci veut se mettre au dessus de tout le monde, se prendre pour une patronne, causant du désordre dans sa maison.
La directrice pédagogique Céline Martin-Sarrazin de l’Ecole Polyvalente Carolus Magnus, n’est pas d’accord avec cette décision. Elle propose à Patrice Faye de continuer à l’assister.
D’après notre source, Aisha pleure quand elle apprend l’intention de Patrice Faye de la renvoyer de Castel Croc. Elle signifie à Céline et Clotilde qu’elle n’acceptera jamais de quitter la maison de Patrice parce que celui-ci l’a déjà violée. Pour preuve, elle a dit aux deux dames d’aller vérifier au centre Sabe.
Au centre Sabe, selon toujours notre source, Céline et Clotilde s’entretiennent avec sept filles de plus de quatorze ans qui révèlent avoir été régulièrement violées par Patrice Faye lors des déplacements à l’intérieur du pays, notamment en commune Musigati en province Bubanza ; à Bugarama, à la rivière Ruvubu, à Rumonge. « Ces filles ont ajouté qu’il les violaient aussi souvent chez lui à Rohero ou à Castel Croc », se rappelle notre source. Celle-ci ajoute que les filles ont confié que même le vieux Yembo, encadreur depuis novembre 2007 à Sabe, les violait aussi.
Au cours des entretiens avec Aisha Ahishakiye, la Française Sarrazin et madame Nyandwi apprennent qu’elle a avorté à deux reprises : le premier avortement aurait eu lieu en 2007 à l’ABUBEF Buyenzi, le second en 2010 au CENIMA, une clinique privée de Rohero.
Après ces révélations plusieurs actions sont entreprises dans le but de protéger ces filles par Céline Sarrazin et Clotilde Nyandwi. Aisha est retirée de Castel Croc et intègre l’orphelinat de la fondation Stamm. Les six victimes sont amenées au centre Seruka pour une aide médicale et psychologique.
Une encadreuse est embauchée pour la semaine et les week-ends. Un cahier de sortie est instauré au centre Sabe pour suivre les déplacements des enfants. Un règlement strict est élaboré. Une fiche d’identification individuelle est instaurée. Une délimitation de coins réservés respectivement aux filles et aux garçons est effectuée. Il est désormais interdit à l’encadreur Yembo d’y résider et à M. Faye de faire sortir les filles les weekends. Quant aux enfants scolarisés, ils sont transférés à l’Ecole Polyvalente Carolus Magnus pour un meilleur suivi.
Des séances de prise en charge psychosociale et d’orientation sont ensuite intensifiées par consensus entre la Fondation STAMM et Patrice Faye dès le mois de janvier 2011 : « Ces actions ont permis de restructurer le centre en réduisant les dysfonctionnements et en stoppant les déplacements avec les enfants. »
Trois mois après, Patrice Faye est arrêté et conduit à Mpimba, accusé de
viols sur mineures.