Finalement, il a été incompris, involontairement ou par mauvaise foi. Arbitre partial, mauvais stratège, l’antipode de Nyerere et de Mandela… Autant de qualificatifs qu’on collait à l’ancien président Benjamin William Mkapa, facilitateur dans la crise burundaise, après les cinq rounds infructueux qu’il a organisés. Il a fallu le rapport qu’il a adressé aux chefs d’Etat de la Communauté est-africaine, EAC, pour bien comprendre à qui incombe la responsabilité.
Tous les intervenants ne lui ont pas rendu la tâche facile. A travers les observations et recommandations émises, Mkapa ne mâche pas les mots. D’abord au gouvernement burundais, parti au pouvoir et ses alliés, il dit avoir été profondément déçu par leur absence au cinquième et dernier round du dialogue inter burundais. La Facilitation a été presque ignorée lors du processus visant l’amendement de la Constitution et la révision de certains éléments de l’Accord d’Arusha.
Ensuite l’opposition basée à l’extérieur a boycotté les troisième et quatrième sessions en imposant des conditionnalités pour leur participation.
Par ailleurs, l’absence d’un Sommet des chefs d’Etat de l’EAC dédié à la crise burundaise a été perçue comme un manque de leur soutien à la Facilitation. Les mécanismes de financement des activités de cette dernière n’étaient pas aussi clairs. Au niveau régional et international, Mkapa dénonce l’incohérence et le manque de coordination parmi les intervenants dans la résolution de la crise burundaise.
Avant de déposer le tablier, le président Mkapa recommande aux chefs d’Etat de l’EAC d’œuvrer pour une feuille de route consensuelle pour les élections de 2020 au Burundi. Mais de par quelle baguette-magique ?
Avec le communiqué du dernier Sommet des chefs d’Etat de l’EAC, une opinion estime que le pouvoir burundais sort « la tête haute », contrairement à l’opposition. Celle-ci constate, par contre, que l’EAC a échoué sur ce dossier. « On devrait délocaliser le processus et le confier à l’ONU. » En oubliant qu’avec le principe de subsidiarité, cette organisation ainsi que l’Union Africaine avaient confié cette mission à la Région. Pour autant que l’on agisse dans la logique de la mondialisation, la clé semble se trouver là-bas. Il faut absolument une solution négociée. Que personne ne charge l’autre. Mkapa vient de démontrer que tout le monde est coupable, peu importe ce qu’il dit. Les Burundais devraient le comprendre au premier chef, car ce sont eux qui souffrent dans l’ensemble. Une chose est sûre : personne ne sort gagnant…