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Tous pour l’innovation en faveur de l’autonomisation de la femme !

09/04/2018 Commentaires fermés sur Tous pour l’innovation en faveur de l’autonomisation de la femme !
Tous pour l’innovation en faveur de l’autonomisation de la femme !
Jennet Kem : « Si la question des inégalités entre les sexes n’est pas stratégiquement abordée, les innovations et les technologies vont continuer à marginaliser les femmes et les filles ».

Le Système des Nations Unies a organisé, mercredi 28 mars 2018 à l’Institut français de Bujumbura (IFB), un Symposium national sur l’autonomisation des femmes rurales. Planifié dans le cadre des célébrations du mois de mars dédiées à la femme, celui-ci était placé sous le thème : « Innovations et nouvelles technologies pour une autonomisation transformative de la vie des femmes ».

« Les innovations nous concernent tous, les hommes comme les femmes, les garçons comme les filles, car elles visent à améliorer la qualité de nos vies. Elles nous ouvrent les portes vers un avenir qui concilie les quatre dimensions du développement durable ; à savoir le social, l’environnement, l’économie et la politique », a indiqué Jennet Kem, Représentante d’ONU Femmes au Burundi.

Si les technologies et les innovations ont la capacité de promouvoir le développement inclusif, elles profitent le plus généralement aux classes urbaines instruites à revenus moyens ou élevés plutôt qu’aux classes sociales rurales pauvres et peu instruites. « Ces écarts sont aggravés pour les femmes et les filles à cause des inégalités entre les sexes », a ajouté Jennet Kem. « Si la question des inégalités entre les sexes n’est pas stratégiquement abordée, les innovations et les technologies vont continuer à marginaliser les femmes et les filles ».

Un symposium qui arrive à point nommé

L’objectif de ce symposium était d’offrir aux femmes rurales et aux jeunes un cadre d’échanges sur leurs expériences en matière d’innovation et de technologies modernes, puis de plaider pour les innovations technologiques pouvant faire avancer l’autonomisation des femmes et jeunes burundais.

« Votre engagement n’est absolument pas une perte de temps. La transformation de la vie de la femme est soutenue au plus haut sommet de l’État », a indiqué Martin Nivyabandi, Ministre des Droits de la Personne Humaine, des Affaires sociales et du Genre (MDPHASG). Cependant, M. Nivyabandi considère que les défis à relever demeurent nombreux pour parvenir à une autonomisation effective des femmes et filles. « À l’allure où va la science, si nous n’y prenons pas garde, ces défis peuvent encore s’aggraver si l’accès inégal aux nouvelles technologies, lui-même, continue de s’agrandir ».

Le Ministre a fait savoir que le symposium était une opportunité de partage et de réflexion approfondie qui rende meilleure la vie des femmes burundaise, en mettant à leur profit toutes les initiatives innovantes.

Des exposés qui ont beaucoup intéressé le public

La trajectoire des innovations et des initiatives mises en œuvre par l’État et les institutions privées, ainsi que les bonnes pratiques au niveau national, régional et mondial, ont interpellé les participants qui ont suivi avec beaucoup d’intérêt les divers exposés montrant les progrès réalisés en la matière. Le Symposium était l’occasion de mettre en exergue les ressources, les capacités et les partenariats nécessaires à l’avenir pour continuer à identifier les solutions potentielles menant à l’autonomisation effective des femmes vivant en milieu rural.

Le symposium était articulé autour de trois thèmes : le financement des femmes rurales, l’accès des femmes rurales à l’énergie ainsi que les technologies de l’information et de la communication (TIC). Les objectifs du premier thème étaient de porter à la connaissance du public les solutions novatrices qui peuvent améliorer l’accès des femmes, des jeunes et des travailleurs du secteur informel à des services financiers adaptés à leurs besoins, ainsi que l’identification des services financiers novateurs adaptés aux besoins des femmes et filles rurales. S’agissant de l’inclusion financière, les chiffres montrent qu’au 31 décembre 2015, environ 70 % des clients individuels étaient des hommes contre 30 % de femmes. Au sein des associations, l’écart entre les deux sexes est moins prononcé : le pourcentage n’est plus que de 51 % pour les hommes membres d’associations contre 49 % pour les femmes membres d’associations. Quant à la distribution de l’encours de crédits par sexe, si, pour les clients individuels, les femmes accèdent moins aux crédits que les hommes, la tendance entre les sexes s’inverse pour les membres d’associations.

Les participants ont proposé entre autres stratégies d’améliorer la couverture géographique des points de services, notamment, grâce à l’utilisation de la téléphonie mobile et des agents commerciaux et bancaires qui sont moins coûteux, ainsi que de promouvoir un cadre légal et règlementaire plus favorable à l’inclusion financière des femmes.

Concernant le deuxième thème, les conférenciers ont porté à la connaissance des participants des solutions novatrices dans le domaine de l’énergie pouvant améliorer le bien-être des femmes, des jeunes et des travailleurs du secteur informel. L’exemple du projet Lumière de FVS-AMADE a été donné qui, depuis 2013, met à la disposition du monde rural dépourvu d’électricité, des produits d’éclairage propres, durables et à un faible coût.

Quant au dernier thème, il s’agissait d’informer le public des avancées technologiques en matière d’information et de communication et des opportunités offertes, ainsi que la compréhension du rôle des TIC pour contribuer à l’autonomisation des femmes.

Des échanges constructifs

Au cours des échanges et débats qui ont suivi les exposés des intervenants, les participants ont pointé du doigt l’énorme fracture numérique existant entre les hommes et les femmes. Selon les données de l’enquête sur les conditions de vie des ménages, le pourcentage des femmes qui utilisent un téléphone mobile est de 7,27 % contre 16,03 % pour les hommes. En ce qui concerne l’Internet, 0,74 % des femmes l’utilisent contre 1,38 % chez les hommes.

Les participants ont également relevé que les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans les instances de prise de décisions, notamment dans les compagnies de téléphonie mobile. Ils ont alors demandé au gouvernement de veiller à ce que cette fracture numérique soit comblée.

Le Ministre Martin Nivyabandi a appelé tous les partenaires à conjuguer leurs efforts. « Je reste convaincu que la femme et la fille doivent prioritairement bénéficier des effets des innovations, des retombées des recherches sinon le retard risque d’hypothéquer tout le processus national de développement durable ». Et d’ajouter que le gouvernement du Burundi s’engage à renforcer sa vigilance afin ce secteur à progrès rapide, mais aussi à haut impact sur la vie de la population, ne laisse les femmes en marge.

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