Dans le cadre du processus de « réchauffement » des relations diplomatiques entre le Burundi et l’Union européenne et ses Etats membres, à l’invitation de l’Union européenne, le ministre burundais des Affaires étrangères et de la Coopération Ambassadeur Albert Shingiro, a entamé le 23 avril 2021 une tournée en Europe. Il a eu des séances de travail à Bruxelles, Paris, Genève et Berne selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Burundi.
Les sanctions contre le Burundi ont été « au cœur des discussions à Bruxelles ». La délégation conduite par l’Ambassadeur Shingiro a commencé sa tournée diplomatique en Belgique au Bureau de la Commission de l’Union européenne. Le ministre Shingiro a rencontré le Secrétaire général des services européens pour les relations extérieures, à la commission de l’Union européenne, M. Stefano Sannino. Les deux hommes ont discuté de la levée des sanctions qui ont été prises par l’Union européenne contre le Burundi.
En marge de cette visite, M. Shingiro a rencontré André Flahaut, ministre d’État belge et président d’honneur des représentants de la Chambre au Parlement fédéral belge. Il l’a informé de « l’évolution de la situation au Burundi».
L’ambassadeur Albert Shingiro, a rencontré le nouveau secrétaire de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS), M. Georges Rebelo Pinto Chikotti. Leurs échanges ont porté sur les accords post-Cotonou, récemment signés par les négociateurs en chef des États des Caraïbes et du Pacifique et du Pacifique, Afrique et Union européenne. Ils ont échangé des informations sur l’Accord de Georgetown, la réforme de l’Organisation des États ACP ainsi que la levée des sanctions contre le Burundi par l’Union européenne. Le secrétaire des ACP a affirmé son soutien à l’Etat du Burundi dans la demande de levée des sanctions.
Il a affirmé qu’aucune organisation internationale « ne devrait maintenir des sanctions contre le Burundi, compte tenu des progrès remarquables accomplis. »
Pour rappel : le 29 octobre 2020, le Conseil de l’Union européenne a prolongé d’une année supplémentaire le régime de sanctions contre des personnalités burundaises. Quatre personnes font l’objet de mesures restrictives jusqu’en octobre 2021 pour «leurs actions portant atteinte à la démocratie ou faisant obstacle à la recherche d’une solution politique à la crise au Burundi». La décision du Conseil de l’Union européenne de prolonger le régime de sanctions est intervenue peu de temps après l’adoption par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU d’une résolution renouvelant le mandat de sa commission d’enquête sur le Burundi pour une autre année.
La Suisse veut des actions concrètes en matière de droits humains
En France, M. Shingiro a eu l’occasion de rencontrer Jean Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du tourisme et Frank Paris, conseiller spécial du président Emmanuel Macron pour l’Afrique. Leurs discussions ont porté sur la levée des sanctions et les relations entre les États membres de l’UE et le Burundi à la lumière d’engagements mutuels pris dans le cadre de la feuille de route conjointe Burundi-UE ce mois-ci.
Ils ont également abordé des sujets tels que la promotion de la bonne gouvernance, l’amélioration du climat des affaires, le respect des droits de l’Homme au Burundi, la situation dans la région des Grands Lacs ainsi que sur la coopération bilatérale en matière d’éducation et de santé, grâce aux efforts de l’Agence française de développement au Burundi.
En Suisse, l’Ambassadeur Albert Shingiro a rencontré le chef de la diplomatie helvète, Ignazio Cassis. Les deux homologues ont discuté des moyens de renforcer les relations amicales et la coopération bilatérale.
Le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a appelé le Burundi à mettre en œuvre des réformes concrètes des droits de l’homme. M. Cassis a noté la bonne coopération entre les deux pays tout en réaffirmant la volonté de la Suisse d’appuyer le Burundi dans le domaine des droits de l’homme.
Lors de sa visite dans la capitale suisse, le ministre Albert Shingiro a également rencontré des hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères responsables des divisions Afrique et droits de l’homme ainsi que le directeur général de l’Agence suisse pour le développement et la coopération.
A l’issue de sa tournée, le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération au Développement a invité ses interlocuteurs à effectuer une visite au Burundi, à une date qui sera communiquée par la voie diplomatique. A l’issue de ce voyage, les responsables burundais misent sur la levée des sanctions contre le Burundi avant la fin de 2021.
Un voyage purement technique
D’après une source proche de ce dossier, le ministre a effectué une visite, non pas politique, mais technique. « Les personnalités qu’il a eu à rencontrer sont des techniciens. On ne peut donc pas parler de voyage politique ».
Notre source indique qu’en l’état actuel des négociations entre l’UE et Gitega, une feuille de route a été mise en place mais qu’aucune entente n’a encore été établie.
Concernant la qualité des personnalités qui ont reçu le ministre burundais qui a provoqué quelques commentaires sur la toile, notre source nous dit que l’accueil réservé à M.Shingiro n’a rien d’anormal. « La manière dont il a été accueilli témoigne de l’état d’avancement des négociations. De toute façon, ce voyage n’est ni le premier ni le dernier qu’il fera ».
Il semblerait que la possibilité d’une levée des sanctions avant la fin de 2021 évoquée par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération au développement est crédible. « A moins qu’il y ait de réels obstacles, c’est fort faisable, surtout que les structures de l’Accord de Cotonou sont amenées à être revues sur le plan international ».
>>Réactions
Agathon Rwasa : « On dirait que le ministre faisait du tourisme »
Pour le leader du Cnl, la qualité des personnalités qui ont accueilli le ministre Albert Shingiro est le signe d’un statu quo dans les relations entre l’UE et Gitega. « On dirait que le ministre faisait du tourisme ».
Le député du principal parti d’opposition va même plus loin. « C’est comme si le ministre en charge des Affaires étrangères avait mis la pression pour faire ce voyage. »
Le candidat malheureux au scrutin de 2020 ne se montre pas tendre non plus à l’ égard de la reprise du dialogue entre l’UE et Gitega. « Les raisons qui ont mené aux sanctions prises par les Européens ont-elles disparu ? Non. Les violations des Droits de l’Homme se poursuivent ».
Pour lui, la possible levée des sanctions ne sera pas au bénéfice des Burundais.
Zénon Nimubona : « L’accueil dénote un retour de bâton »
Le président du parti Parena estime qu’un pas a été franchi à travers ce voyage. « C’est un petit pas vers un grand pourvu que le dialogue soit franc ».
Sur l’accueil reçu par le ministre Shingiro, le leader du parti fondé par l’ancien président Jean-Baptiste Bagaza évoque une revanche des autorités européennes. « Depuis 2015, les autorités burundaises ont pendant longtemps refusé de recevoir des délégations européennes de haut niveau qui s’en plaignaient. Vu le calibre des personnalités européennes qui ont reçu notre ministre, il y a un retour de bâton »
Jacques Bigirimana : « Ce voyage est venu en temps utile »
Pour le président du Fnl, la tournée européenne du ministre Albert Shingiro est une « très bonne chose » pour le pays. « Ce voyage est venu en temps utile. Cela a de l’importance, notamment pour ce qui est de la reprise des projets de développement »
Interrogé sur la qualité des personnalités qui ont rencontré le ministre Jacques Bigirimana s’est tout de suite énervé : « Arrêtez de donner de l’importance à des voix négatives. Moi je suis un patriote et j’aime voir du positif dans ce qui se fait. Si j’étais à la place du ministre, un tel voyage m’aurait réjoui quelle que soit la qualité de mes hôtes »
Kefa Nibizi : « C’est un pas salutaire »
Le président du Sahwanya Frodebu Nyakuri-Iragi rya Ndadaye parle de ce voyage comme d’un signe d’ouverture dans le cadre des discussions entre l’UE et Gitega. « C’est un pas salutaire qu’il faut encourager. Et ce quelles que soient les personnalités qui ont reçu le ministre »
M. Nibizi souligne cependant que, compte tenu du temps assez long qui a précédé la reprise du dialogue, il faut s’attendre à ce que « les résultats concrets » se fassent attendre. Et d’espérer que des autorités européennes pourront prochainement visiter le Burundi.
Pierre-Claver Nahimana : « C’est un voyage qui prépare le terrain »
Le leader du parti Sahwanya Frodebu estime que le voyage du ministre constitue les prémices d’une reprise des liens bilatéraux entre l’UE et le Burundi. Pour lui, rehausser les relations diplomatiques pour un pays comme le Burundi « qui sort de l’isolement », est un travail de longue haleine. « Parvenir à des liens diplomatiques de haut niveau tel que l’opinion le souhaite nécessite un investissement dans la diplomatie. Et ce de la part, non seulement du ministre des Affaires étrangères, mais aussi du chef de l’Etat et tous les ministres », juge M. Nahimana.
Quant à la qualité des personnalités qui ont reçu le ministre burundais, P. Claver Nahimana apporte une mise au point. « Un ministre se déplace avec un ordre du jour avec des rendez-vous précis. Il ne peut obtenir des rendez-vous non prévus au départ ».
D’après le président du parti vainqueur des élections de 1993, ce voyage est un début. « C’est un voyage qui prépare le terrain pour que les jours prochains, on arrive à des étapes satisfaisants »
Pascal Nkunzumwami : « C’est un début assez intéressant »
Le président du parti PAJIDE-Intazimiza se félicite d’un grand pas franchi avec la tournée européenne du ministre Albert Shingiro.
Questionné sur le statut des personnalités ayant reçu le ministre en charge des affaires étrangères, Pascal Nkunzumwami évoque l’influence des opposants en exil exercée sur les institutions de l’UE. « L’opposition joue un très grand rôle de dissuasion auprès de l’Union européenne et leurs analyses sur la situation au Burundi ont donc un impact ».
M. Nkunzumwami demande aux autorités burundaises d’éviter les slogans qui blessent les européens en vue d’une rapide reprise de la coopération.
De plus, pour lui, le gouvernement burundais devrait tout faire pour faciliter le retour des opposants politiques en exil, des journalistes, des responsables de la société civile, …. « Pourquoi pas une amnistie pour tout ce monde-là pour tourner la page noire ? ça ne nous causerait pas de torts »
Aloys Baricako : « Le Burundi n’est pas un îlot »
« Nous nous réjouissons de ce voyage. Le Burundi n’est pas un îlot et doit s’inscrire dans la dynamique des relations internationales », se réjouit le président du Ranac.
Concernant le rang des personnalités ayant reçu le ministre Shingiro, Aloys Baricako défend que les rapports qui pointent une mauvaise situation des droits de l’Homme au Burundi y jouent un rôle. « Ça serait l’occasion pour le ministre de s’expliquer lors ces voyages et pouvoir dire que les choses évoluent positivement dans le pays».
Un candidat á la présidence qui minimise un ministre d un Etat? Ceci montre que s il aurait été élu, un ministère en charge du tourisme serait un mini- ministère. Evoluons cher burundais. Mr Rwasa et autres, tous les ministres d un Etat sont égaux, je le crois ainsi. Et encore est ce que le ministre de relations extérieures du Burundi avait il communiqué avant ce tourné, qui il aurait rencotré ?
Les porteurs du prénom Albert sont réputés être de fins diplomates. Vous n’avez qu’à vérifier vous-mêmes dans Google. Rien donc d’étonnant si notre ministre ayant les relations extérieures dans ses attributions ait pu récolter de tels résultats plutôt satisfaisants.