Le rythme de construction des hôtels tant à Bujumbura qu’à l’intérieur du pays pourrait faire penser à un boom du tourisme. Mais ce n’est qu’un leurre, car le Burundi accueille encore peu de touristes et la capacité d’accueil de ces établissements reste très faible.
<doc3041|left>La Chambre sectorielle de l’Hôtellerie et du tourisme (HTB) constate une augmentation sensible du nombre d’hôtels : « D’après les statistiques d’une étude réalisée par la Stratégie nationale de développement durable du tourisme, Bujumbura enregistre environ 68 hôtels totalisant 1387 chambres, en 2011 contre une trentaine en 2007. D’autres sont en constructions ou en cours de finalisation », précise Pierre Claver Hakizindavyi, président de la HTB. Mais cette hausse ne signifie pas grand-chose pour le Burundi. C’est plutôt la capacité d’accueil qui est le principal indicateur. « Le Burundi accuse une faible capacité d’accueil de touristes. L’exemple est la récente conférence sous- régionale sur l’investissement tenue en novembre 2011, où l’on n’avait identifié que 700 lits confortables à offrir à nos invités», explique M. Hakizindavyi.
Il regrette aussi que le Burundi n’ait pas encore d’hôtels ou centres de conférences pouvant servir à l’organisation de grands événements à même d’améliorer le taux d’occupation des hôtels: « Pour le moment nous n’avons pas de salle de conférences qui puisse accueillir au moins 1000 personnes.» Selon lui, certains hôtels ne répondent pas aux normes internationales et de l’EAC : taille de la chambre, qualité des ressources humaines et des services offerts à la clientèle, normes de sécurité, respect des normes environnementales, etc. « Beaucoup d’opérateurs économiques du secteur ignorent l’existence de ces normes ou estiment que ce n’est pas important d’en tenir compte. Or, c’est très important pour aspirer à une meilleure classification de leurs établissements prévue pour bientôt.»
<doc3073|left>Peu de touristes
Pour le moment, les touristes internationaux viennent au compte-gouttes. Selon les données fournies par la Police de l’air, des frontières et des étrangers (PAFE), le Burundi a accueilli 354.000 touristes en 2011. Par contre, le Kenya s’attend à 2.600.000 touristes en 2012.
Malgré ce nombre insuffisant de touristes étrangers, la Chambre sectorielle de l’Hôtellerie et du tourisme du Burundi garde espoir : « Les pays membres de l’EAC se sont convenus de promouvoir la région comme une destination touristique unique. Si des actions déjà entreprises par le Burundi sont intensifiées, nous pouvons profiter notamment de ces touristes du Kenya ou d’ailleurs. De même, les sites touristiques commencent à être améliorés.»
Les efforts du gouvernement en matière de promotion du tourisme sont aussi rassurants. Il a, d’après M. Hakizindavyi, déjà placé le secteur du tourisme parmi les secteurs prioritaires. C’est, dit-il, le sens qu’il faut donner aux mesures visant l’harmonisation de la volonté politique avec les desiderata des opérateurs économiques. C’est, entre autres, les récentes mesures du gouvernement pour alléger la taxation de ce secteur.
<doc3043|left>Des clients au compte-gouttes
Aujourd’hui, les hôtels ne trouvent pas assez de clients comme par le passé: « Aujourd’hui, le taux d’occupation des chambres est de 10% alors qu’avant 2010, il était de 50% », indique un propriétaire hôtelier à Bujumbura. Pour lui, ce n’est pas seulement la concurrence observée dans son secteur qui est à incriminer. « Après les élections de 2010, l’insécurité qui a suivi est la principale cause du manque de clients.» Les touristes vont là où ils peuvent se reposer paisiblement. Or, les sites internet de plusieurs ambassades font état de l’insécurité qui prévaut au Burundi : « Le fait que même actuellement, les étrangers sont aussi tués constitue un grand défi.» Selon cet opérateur économique, l’augmentation du nombre d’hôtels a surtout été enregistrée entre les années 2005 et 2010. « Avec la rentrée des leaders de la rébellion, nous avons eu plusieurs touristes. Cela a incité les gens à construire. A cette époque, les hôtels en place n’avaient pas de capacité d’accueil suffisante. » Actuellement, Source du Nil est le plus grand hôtel de Bujumbura avec 131 chambres.
L’Office national du tourisme est aussi conscient de la faible capacité d’accueil. « Le rythme auquel se construisent les hôtels ne nous impressionne pas parce que la capacité d’accueil n’a pas beaucoup évolué. Avec la réhabilitation en cours des hôtels Novotel et Source du Nil nous perdons environ 240 chambres», déplore Déo Ngendahayo, directeur de l’Office national du tourisme du Burundi.
Au sujet du faible taux d’occupation des chambres, ce directeur fait remarquer que tout dépend de la période de l’année. Il souligne aussi l’importance de la contribution du gouvernement dans l’attraction des touristes. « Il faut que le gouvernement mette un accent particulier sur l’organisation de séminaires avec les différentes organisations sous-régionales ou même internationales. Qu’il attire aussi davantage de compagnies aériennes afin de diminuer le coût du billet d’avion pour Bujumbura. »