Le Burundi en est encore à se chercher une commission technique pour se mettre résolument au numérique. Le Rwanda voisin serait plus avancé dans les préparatifs visant à quitter la technologie vieillissante de l’analogique à court terme. Au niveau mondial, la date buttoir a été fixée au 16 juin 2015 par les participants à une conférence qui a eu lieu en 2006, à Genève, en Suisse, a dit à l’émission un représentant de l’Agence de régulation des télécommunications (ARCT), Déo Bizindavyi. L’ambition affichée par les pays membres de la communauté est-africaine(CEA) de libre échange était de migrer de l’analogique vers le numérique avant la fin de l’année 2012. Le vice-président du Conseil national de la communication(CNC), Adolphe Manirakiza, et le cadre de l’ARCT ont encore participé dernièrement à une autre conférence allant dans ce sens, à Arusha, en Tanzanie. D’après Déo Bizindavyi, la conférence de Genève, a été à la base de cette volonté de transition de la radiodiffusion de l’analogique vers le numérique. L’analogique étant, pour les non-connaisseurs, le mode de diffusion actuelle de la RTNB. Le numérique, quant à lui, est une nouvelle génération technologique plus performante en matière de télédiffusion. D’ici peu, les signaux analogiques vont être éteints. L’accord de Genève prévoit l’arrêt total de l’analogique le 16 juin 2015 au niveau mondial. Entre-temps, les pays s’organisent. Au sein de la Communauté est-africaine (CEA) de libre échange, le deadline est pour 2012. Les pays membres de la CEA ont décidé de migrer vers le numérique à cette date. Il y en a parmi ces pays ceux qui sont avancés au niveau des préparatifs, comme dans le cas du Rwanda voisin. Chaque pays doit adopter sa propre stratégie de migration, étape par étape. Pour le moment, les pays sont à des étapes très différentes. Au niveau du Burundi, il est question de créer un comité technique national chargé de mettre en place la stratégie d’implantation des émetteurs, le cadre légal ainsi que l’argent nécessaire. Cependant, on ne va pas jeter tous les équipements techniques qui entrent dans le fonctionnement de l’analogique. Les gens peuvent continuer à utiliser des décodeurs qui permettent aux vieux appareils de capter les signaux numériques. Au niveau de l’ARCT, on ne va plus délivrer des agréments de nouvelles stations de radiotélévision qui ne sont pas au numériques. « C’est la première mesure. C’est même rendre service». D’après Adolphe Manirakiza, « les conséquences du passage de l’analogique au numérique sont énormes au niveau financier. C’est pour cela que, même si on passe au numérique, on pourra continuer à recourir à la technologie analogique en utilisant de vieux décodeurs ». Pour Innocent Muhozi, directeur général de la radiotélévision indépendante Renaissance, « des problèmes ne vont pas manquer avec le passage obligé de l’analogique vers le numérique. Si nous changeons, le public doit aussi se mettre au numérique. Si vous changez encore le système de diffusion, il faut aussi changer le système de réception. L’autre question est celle de savoir si les investissements y relatifs relèveront d’un service public ou non. En somme, on n’est pas préparé, contrairement au Rwanda voisin qui est pratiquement prêt. Nous, on n’a même pas encore commencé. Ça dépend, quelque part, de l’option politique ». Du point de vue de Athanase Karayenga, journaliste indépendant, consultant en journalisme et communication, « le basculement vers le numérique est en soi une très bonne chose en termes de qualité du son et de l’image télévisuels. La migration ne devrait donc inquiéter personne. La télévision numérique terrestre ouvre une incroyable possibilité. Là où on avait une chaîne de télévision ou deux, on pourra en mettre plusieurs. Autrement dit, la radiotélévision nationale du Burundi est en train de vivre ses dernières heures de monopole. Les téléspectateurs vont avoir un extraordinaire choix. Demain on va avoir des télévisions de l’opposition, celles des syndicats, etc. Le problème restera le contenu des programmes télévisés. Ailleurs dans le monde, la France a basculé définitivement l’année dernière. L’Allemagne aussi. Le signal est très bon. C’est un enjeu politique majeur et techniquement, c’est maîtrisable ».