Rwanda, Etats-Unis, RDC, Suède, Burundi… réunis pour une quête commune l’espace de trois jours : la culture, l’art, la création… la vie à Ishyo Art center. C’était du 04 au 6 août.
Commençons par la Suède, non pas parce que les actrices ont les yeux bleus et le teint diaphane mais tout simplement parce que leur pièce vaut largement le détour, « Mary Kingsley », de Charlotta Grimfjord Cederblad issu du théâtre Albatros, qui en est aussi l’interprète.
C’est l’histoire vraie de cette anthropologue anglaise qui vécut de 1862 à 1900 et qui traversa seule les jungles d’Afrique de l’Ouest. Elle remit en cause tous les préjugés et les stéréotypes de l’époque en présentant les Africaines « non comme des monstres mais comme des femmes » à la différence de Stanley et de Livingstone qui les présentaient comme des êtres inférieurs. Une pièce intéressante, historique avec une mise en scène à la fois sobre et excentrique, accompagnée de musique et de chant interprétée par Anna Ottertun.
Comedy Nayiti du Rwanda a beaucoup plu aussi avec ses sketchs : Kimenyi Hervé, Sengazi Athos Michael, Bob Aramis Niyonkuru… et toute l’équipe assurent le show tous les vendredis du dernier mois à Ishyo art Center. « C’est tout le temps plein à craquer », assure Solange, actrice-chanteuse. Apparemment, le nouveau rendez-vous culturel de Kigali !
Deux pièces ont laissé une impression par rapport à leur mise en scène soignée, à la chorégraphie des acteurs, …à tout. La première était interprété par UCAD (University Center for Arts and Drama) et Ingoma Nshya, une troupe de femmes de Butare. Les premières femmes à jouer du tambour dans la sous-région, paraît-il, avec leur pièce « Umurutasate ». L’histoire d’une fille qui est née alors que la famille espérait un garçon. A la fin de sa vie, elle remet en cause ces choix de vie dictée en grande partie par la société dans laquelle elle vit…
Et Mashirika, troupe rwandaise qui interprétait « Pambazuka », une fille qui fuit le toit familial parce que son père abuse d’elle. La pièce est inspirée du concept « les enfants sont le futur ». Belle œuvre, avec de jeunes acteurs pleins de vie et une chute sous forme de comédie musicale dont le titre de la chanson « When Tomorrow Comes »- Quand demain vient, s’enracine littéralement dans votre être.
La pièce la moins plaisante de l’avis générale est celle des Ougandais du Theatre Factory. « C’est clownesque et gratuit », me fait remarquer un participant, quoique le public ait plutôt bien réagi aux simagrées des acteurs qui interprétaient la pièce « Crazy Storms ».
De la danse aussi avec Busara Dance Company qui présentait « Ngwanzu », un téléphone aux multiples fonctions (MP4, blutooth…) source de problèmes pour les étudiants. Ils sont physiquement présents en classe mais complètement connectés aux différentes fonctions qu’offre leur joujou. Ce qui n’arrange rien et les rend amorphe. Chitu Léandre et Chiko Alexandre Lwambo, les deux frères jumeaux dansaient aussi bien sur du Mozart que sur du Koffi Olomidé et ont présenté une chorégraphie pleine de fantaisie et de grâce.
Toutes ces pièces étaient programmées dans le cadre du Festival International Center by Center, à Kigali. L’événement était organisée par l’Interdisciplinary Genocide Studies Center (ISGE) en partenariat avec Brown University, California Institute of the Arts, Ishyo and Mashirika. Troisième édition hétéroclite, surprenante et … réussi. A revivre.