C’était ce mardi 15 novembre, à 19h, à l’IFB. Retour sur une pièce qui n’a pas forcément plu à tout le monde…
<doc2020|left>« La pièce était choquante, ils n’avaient pas à montré des images aussi indécentes», pense un spectateur indigné. Le fond de l’affaire repose sur une projection où l’on voit des danseuses se trémousser sur du Mapuka et qui n’y vont pas de main morte quand il s’agit de bouger leur popotin.
Pour comprendre la raison de ces images, il faut rester dans le cadre de la pièce. Le personnage principal, Abraham Potz est un vieux juif ashkénaze sénile, rabougrie qui n’attend plus rien de la vie. Sa femme l’a quitté, ses enfants ne s’entendent pas avec lui. Il est aigrie et amer. Pour combler son ennuie, il lui arrive d’assassiner des gens juste pour voir ce qu’il peut ressentir ou encore de mater des filles, à demi-vêtues ne cachant rien de leur anatomie : « Le sexe meurt mais l’envie demeure », confesse Abraham, réduit à ne se limiter qu’au voyeurisme.
Et c’est la où la pièce est intéressante car elle nous montre la vie de ces vieux. Des vieux qui ne savent plus quoi faire de leur journée, que l’ont parquent dans des maisons de retraite tel un troupeau. Or ces derniers veulent vivre. Ils n’en ont plus la force, mais la nostalgie de la vie est là, présente, viscérale.
Abraham dénonce tout cela avec dérision et humour, nous montre la rapacité de ses enfants qui n’ont qu’une chose en tête : l’héritage. Et rien que pour cela ils les déshéritent. Il finira ruiné, arnaqué par son fils Augustin.
« Abraham est un personnage immoral, sans concession, avec un langage cru. Quand on a trop vécu, on a parfois envie de dire merde à toutes les conventions sociales» , explique Israël Tshipamba, le metteur en scène.
Avec un seul acteur sur scène, ponctuée de temps à autre de vidéo projection (fortement décriée), et de musique classique, Elbas Manuana alias « Abraham Potz » a livré une prestation remarquable malgré une salle bruyante remplie d’enfants.
La pièce a déjà été jouée à Kigali, Kinshasa, Lubumbashi, Yaoundé…. « A Yaoundé, les gens n’étaient pas choqués par la danse mais plutôt par les images de mère Théresa,» s’étonne Elbas. Ah oui ! « Les goûts et les couleurs… »
La pièce est tirée du livre « La seconde vie d’Abraham Potz » de Foulek Ringhelen (écrivain belge). La Prochaine destination du tarmac: Butare. Rwandais, vous voilà prévenus.
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{Le Tarmac des Auteurs œuvre pour l’accès de tous aux arts vivants de la scène et aux textes d’auteurs contemporains à travers des actions de formation, de diffusion, de création et de sensibilisation. Créé en 2003, il s’installe dans un premier temps dans la commune de Bandalungwa (Kinshasa). En 2007, il acquiert une parcelle dans la commune de Kintambo (un quartier populaire). Il s’y installe et devient un théâtre. (Source Africalia)}
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