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Tharcisse Gahungu : « Nous refusons que certains serrent la ceinture jusqu’à crever… »

27/03/2012 Commentaires fermés sur Tharcisse Gahungu : « Nous refusons que certains serrent la ceinture jusqu’à crever… »

Trois conditions restent posées par les activistes contre la vie chère : la suppression de la fameuse hausse des prix, l’institution de la loi sur l’IPR et la mise en place d’un cadre d’échanges. Cependant, Tharcisse Gahungu, président de la Cosybu, est incrédule face au gouvernement qui ne respecte pas son parlement.

Qu’avez-vous retenu concrètement de la rencontre avec le 2ème vice-président de la République ?

A propos de la Regideso, le 2ème vice-président nous a clairement signifiés que les hausses devraient rester en l’état, que le gouvernement avait fait des promesses à des bailleurs pour qu’ils viennent investir. Et que les prix de la Regideso devraient donc être incitatifs en oubliant de comparer ces coûts au pouvoir d’achat de la population. Concernant la révision de la loi instituant l’IPR, le gouvernement dit qu’il va tout faire pour qu’elle retourne à l’étude. Mais nous avons des doutes parce que certains ministres et parlementaires s’y sont opposés. Voter cette loi serait une façon de réparer une injustice sociale. Quant à la mise en place d’un cadre pour discuter de la cherté de la vie, le 2ème vice-président nous l’a promis. Nous attendons, en espérant que ce ne sera pas long.

Pourtant, il a déclaré que ce cadre que vous réclamez existe déjà…

Venir discuter parce qu’un préavis de grève a été lancé, ce n’est pas de ce cadre-là dont nous parlons. Nous voulons un cadre où seraient discutées des questions de l’heure, sans qu’il y ait pression de l’une ou de l’autre partie. Un cadre qui nous éviterait de perdre du temps.

Le gouvernement est unanime à la solution de la flambée des prix : il faut augmenter la production. Êtes-vous du même avis ?

Si on veut se développer, il est vrai qu’on doit augmenter la production et le rendement. Mais cela n’empêche pas la bonne gouvernance et c’est ce que nous réclamons à la Regideso.

Le gouvernement a décidé la hausse des prix alors que les députés avaient rejoint l’idée de l’audit de la Regideso. Comment l’expliquez-vous ?

On se demande qui contrôle qui. Nous regrettons que le gouvernement réagisse sans tenir compte des recommandations du parlement. Les spécialistes du droit pourraient l’expliquer, mais apparemment quelque chose cloche. Cependant, chaque institution devrait jouer le rôle qui lui revient de droit.

 

Pourquoi cette demande incessante de l’audit ?

D’après le syndicaliste, il y a sept mois, un ménage qui payait l’eau a vu son coût passer actuellement à 467%, donc cinq fois plus cher. L’électricité passant à 366% en six mois seulement. Or, lance Tharcisse Gahungu, les salaires n’ont cependant pas suivi le mouvement, ce qui a entraîné une paupérisation. La Regideso, poursuit-il, est incapable de donner le prix de revient d’un m3 d’eau ou du KWH, parce qu’il ne tient pas de comptabilité analytique : « On ne sait donc pas sur quelle base les hausses des prix sont décidées. C’est pour cela que nous avons toujours demandé un audit organisationnel de la Regideso pour voir où réside le problème réellement. » Et d’insister que les activistes ne sont pas contre les réformes à la Regideso : « Il faut qu’elles tiennent compte de la réalité de l’entreprise. »

Selon vous, pourquoi le gouvernement ne veut-il pas cet audit ?

Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement et la Regideso ne le veulent pas alors qu’il nous montrerait la situation réelle de cette entreprise. Il donnerait des instruments de bonne gestion. Mais je me demande s’il n’y a pas une entente entre les deux pour faire traîner les choses, car de toute façon il y a certains qui y gagnent. C’est une question de marchandage. Dans ce cas, l’intérêt des uns prime sur l’intérêt général. Deux syndicats viennent de se désolidariser de vous, estimant que la grève n’est pas une solution…

Chacun a droit d’avoir son propre opinion. Mais ces deux syndicats sont des syndicats jeunes crées par le pouvoir et pour le pouvoir. Mais est-ce qu’ils ne ressentent pas ce que nous vivons ?

Nos dirigeants situent le problème de la hausse des prix au niveau mondial. Comment l’analysez-vous ?} Comparaison n’est pas toujours raison. Quand on fait une lecture unidirectionnelle, on risque d’avoir une conclusion biaisée. Quand j’entends quelqu’un dire que le coût des produits pétroliers serait moins élevé ici qu’en Espagne, je me demande alors si un Burundais vit mieux qu’un Espagnol. Il faut toujours mettre en relation le pouvoir d’achat de la population au coût de la vie.

Apparemment il y a un bras de fer entre vous et le gouvernement. Si ce dernier campe sur sa position, quelle sera la suite ?

Il ne peut pas s’opposer à la grève parce que c’est un droit reconnu constitutionnellement. La grève, c’est un clin d’œil et non une fin en soi. C’est un moyen de pression reconnu par la Constitution et nous allons l’utiliser. Mais on ne voudrait pas en arriver là. Nos revendications n’exigent pas par ailleurs d’efforts de la part du gouvernement. S’il trouve une solution satisfaisante, nous allons arrêter. Sinon, ça ne sera pas de notre faute.

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