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Thé de Gisozi : le bras de fer persiste

29/06/2011 Commentaires fermés sur Thé de Gisozi : le bras de fer persiste

Epitace Bayaganakandi de PROTHEM affirme que les inspecteurs des finances ont estimé qu’il dit la vérité. L’OTB déclare que le rapport lui donne raison. Tiraillée, la population de Gisozi demande la tranquillité…

Ils font 10 kms à pieds pour vendre le thé à l’usine Promotion de Thé de Mwaro (PROTHEM) ! « C’est parce que l’OTB a interdit injustement à nos véhicules de prendre le thé des citoyens dans différents hangars », explique Gabriel Nzisabira, chef des plantations à la PROTHEM. D’après lui, ils viennent d’ailleurs de recevoir leur première paye au mois de Juin courant.
Simon Bimonogoje, un théiculteur de la colline Musivya, commune Gisozi est sans équivoque : « Celui qui nous payera mieux entre PROTHEM et OTB sera notre client ! » M. Bimonogoje n’a pas aimé l’attitude de l’OTB : « Il amène des policiers pour nous empêcher de vendre chez son rival. Il viole nos droits. » Pour lui, bloquer PROTHEM, c’est perturber les théiculteur.

« La meilleure solution : l’agence de régulation »

Selon Epitace Bayaganakandi, représentant légal de PROTHEM, des enquêteurs du ministère des finances ont été envoyés par la 2ème vice-présidence à Gisozi en mai : « Ils ont constaté que je n’ai pas touché sur l’argent. C’est le projet PREBU qui a fait planter le thé sur mon compte de 2005 à 2011, et l’OTB s’est chargé de l’encadrement . »
Pour lui, l’OTB s’apprête à augmenter le prix du kilo au cultivateur, passant de 140 à 220 Fbu à compter de janvier 2011 (les mois écoulés seront régularisés). M. Bayaganakandi estime que dans ce cas, il faudra faire un audit interne de l’OTB : « Cela montre que les années antérieures, ces recettes étaient disponibles mais détournées. »
La solution durable, selon lui, serait la création d’une agence de régulation comme le prévoit le décret portant libéralisation de la filière thé : « Sinon, PROTHEM pourra aussi revoir à la hausse le prix. »
Alexis Nzohabonimana, directeur général de l’OTB réplique : « Nous avons toujours augmenté le prix chaque fois que possible. » Il affirme que le rapport des experts du ministère des Finances lui donne plus que raison.

Rappel des faits

Avril 2011, la PROTHEM commence à œuvrer à Gisozi et l’OTB s’oppose à l’achat du thé de la population par cette usine. La raison : la PROTHEM n’a pas encadré la population. En plus, Bayaganakandi est accusé d’avoir planté 153 ha de thé au lieu de 635 financés par l’Union Européenne. L’OTB et le ministère de l’Agriculture ajoutent que le prix accordé par Bayaganakandi (200 Fbu/kg contre 140 Fbu/kg par l’OTB) relève d’une concurrence déloyale.

Bayaganakandi, à son tour, affirme que le thé appartient aux théiculteurs et qu’ils vendent à qui ils veulent. Il montre également des documents de l’Union Européenne attestant qu’il a planté 635 ha. Concernant le prix, il estime louable d’attribuer un bon prix à une population pauvre. Il demande sans cesse la mise en place d’une agence de régulation comme le précise l’article 2 du décret sur la libéralisation de la filière thé du 20 septembre 2007(« Dans le souci d’assurer l’harmonie, l’ordre et l’équité dans la conduite des réformes de la filière, une agence de régulation sera créée. »)

« Quand on a lancé une pierre, on ne peut plus la reprendre »

L’étroitesse du marché d’approvisionnement ! Voici ce qui divise l’OTB et la PROTHEM. Le directeur général de l’OTB a affirmé que si PROTHEM, les usines de Tora et Ijenda œuvrent dans les mêmes secteurs, l’une d’elles devrait fermer par insuffisance de matière première (le thé vert). Mais qui peut céder en faveur de qui ? M. Bayaganakandi, le « nouveau venu » dans le secteur, exploite légalement le thé au même titre que l’OTB. La production annuelle du thé à l’OTB était de 8.000 tonnes en 2010. Près de 50% (plus de 3500 tonnes) en 2010, provenaient de Mwaro sur une superficie de 1.109 ha. Et 30% de la production de thé de Tora provient de Mwaro, selon les chiffres de l’OTB. On comprend alors pourquoi l’OTB ne veut pas lâcher cette province très rentable en thé. Mais il devrait méditer sur ce proverbe français qui dit que « quand on a lancé une pierre, on ne peut plus la reprendre. » L’Etat à déjà donné feu vert à PROTHEM de se lancer dans la commercialisation du thé, à Mwaro. Pour dire que la tâche ne sera pas facile de la déroger, puisqu’elle est reconnue par la loi. L’heure n’est donc pas à la force. Il ne reste, aux deux concurrents, que de mettre en place des mécanismes de cohabitation pacifique et de cofinancer des projets de plantations de cette culture pour agrandir leur champ d’action. Et ce, avant que les premiers perdants, les cultivateurs, ne se lassent et n’abandonnent cette culture au profit d’une autre moins sujet aux conflits d’intérêts.

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