Vendredi 22 novembre 2024

Opinions

Terreur sur la ville

Depuis le second jour de ce mois d’août 2015, la terreur s’est installée dans la capitale Bujumbura
Depuis le second jour de ce mois d’août 2015, la terreur s’est installée dans la capitale Bujumbura

Depuis le second jour de ce mois d’août 2015, la terreur s’est installée dans la capitale Bujumbura et dans les cœurs de tous les Burundais. C’est vrai, avec le congrès du cndd-fdd nommant le président sortant candidat à la présidentielle de 2015 le pays s’est enfoncé dans une situation de plus en plus chaotique. Le fait nouveau, depuis l’assassinat d’Ernest Manirumva, ce sont les crimes perpétrés à l’endroit de leaders au sein de la communauté burundaise.

Mort d’un Caïd

Le 2 août 2015 tombait le général Adolphe Nshimirimana dans une embuscade digne d’un film hollywoodien. Cet homme était connu pour être un des piliers du pouvoir actuel. A supposé que sa mort fût commanditée en interne, cela voudrait dire que le système fait peau neuve en quelque sorte et s’installe au pouvoir sur de nouvelles bases avec des femmes et des hommes nouveaux. Cela signifierait-t-il également que les stratèges du nouveau pouvoir se préparent à des négociations sérieuses comme la communauté internationale l’a toujours exigé et l’opposition demandé à cor et à cri ? Le général Nshimirimana était connu pour être radical et hostile à toute ouverture vers l’opposition. Le mot « dialogue » ne faisait pas partie de son champ sémantique. Espérons que son départ puisse au moins générer de nouveaux espoirs de paix…

Si son assassinat est le fait d’une « résistance armée » ce serait de mauvais augure pour le pouvoir. D’abord parce qu’elle serait suffisamment organisée et équipée pour commettre un acte commando d’une telle audace au grand jour avec un maquillage qui en fait accroire qu’il s’agit de l’armée nationale. Ensuite, si effectivement l’opération provient de l’armée, il serait à craindre que le pouvoir soit réellement chancelant. Quand une partie de la « Grande Muette » ose une telle action au vu et au su de tous, c’est que le malaise est généralisé…

Ici aussi, les « Think Tanks » du nouveau pouvoir gagneraient à préparer des négociations pour désamorcer une déconfiture annoncée ; pour éviter une guerre perdue d’avance.

Torture d’un grand journaliste

Esdras Ndikumana, célèbre correspondant de l’AFP et de RFI au Burundi, était sur les lieux de l’assassinat. Très vite, des agents des renseignements l’ont cueilli avec brutalité en présence d’autorités qui ne sont pas intervenues. Et pourtant dès son embarquement dans le véhicule des tortionnaires, Esdras était déjà tabassé sans ménagement…
Il est étonnant que RFI ait diffusé en boucle durant deux jours que son employé « a été roué de coups». Etre frappé laisse entendre qu’on est puni pour quelque chose. Mais lorsqu’on est brutalisé sans raison, il n’y a qu’un mot juste pour cet acte : la torture.

Attentat manqué à l’endroit d’un crack des Droits de l’Homme

Le lendemain, c’était Pierre-Claver Mbonimpa le président de l’APRODH qui défend tous ceux que le système policier et/ou juridique écrase, brutalise ou même assassine dans un déni total des règles fondamentales du droit. Un homme porté sur une moto a doublé son véhicule et lui a logé une balle dans la gorge qui a traversé la mâchoire. C’est un véritable miracle qui l’en soit réchappé.

Ces deux dernières agressions ressemblent étrangement à une forme de représailles faisant suite à l’assassinat du général Adolphe Nshimirimana. Un prétexte inique pouvant donner libre cours à des assassinats ciblés qui visent à mettre une fois pour toute une chape de plomb à la vie politique du pays. Une étape avant-coureur vers l’installation d’un véritable régime de terreur ?
J’aimerais tant avoir tort…

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Jean-Pierre Ayuhu

    Cher Monsieur,
    Cher Compatriote,

    Sans doute que vous maitrisez l’histoire récente de notre région en général et celle de notre pays en particulier. Dans vos différentes analyse, vous semblez avoir la franchise dans ce que vous dites et affirmez..mais dans mes différents réactions aux différentes prises de position des uns et des autres, je me suis amusé à affirmer, peut-être gratuitement, que dans mon pays, il y autant de citoyens qu’il y a d’experts et de menteurs.
    Le gnl Nshimirimana a été tué par des hommes qui voulaient ni plus ni moins que le chaos dans le pays. Le chaos n’a pas eu lieu, du moins pour l’instant. Dieu merci. Il faut que cela reste ainsi. Se mettre alors à formuler des hypothèses sur les mobiles, c’est chercher à noyer le poisson. Cela ne sert à rien.
    Il faut juste retenir que l’on a vu deux types de réactions, ceux qui se sont réjouis de sa mort, ceux qui l’ont banalisé et ceux qui pleurent de sa disparition. Ils sont très nombreux. Vous faites partie, Cher Monsieur, de ceux qui ne sont pas ému par sa mort et pourtant, vous avez longtemps été membre du CNDD-FDD, depuis le maquis même si l’adhésion a été tardive.

    Vous compatissez pour ce journaliste qui, voyeurisme aidant, s’acharne à se renseigner, à prendre des photos, sur les lieux du crime, au moment où un Gnl de l’armée gise par terre! Mais bravo.

    Pour le reste, le terrorisme peut frapper partout, même là où on l’attend pas. Il n y a pas de bravoure à cela comme vous semblez se réjouir de cet avancée du terrorisme! Les talibans frappent toujours dans Kaboul et ce malgré le dispositif sécuritaire des Americains…Un casque bleu rwandais a abattu quatre de ces collègues à Bangui….des terroristes ont abattu le Gnl Nshimirimana dans son fief…Il n y a pas de quoi brandir des ingéniosités!

    Irambire Muvukanyi

  2. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Merci JM NGENDAHAYO pour cette magnifique réflexion. Je n’ai rien à y ajouter mais je dois vous affirmer que je ne resterai pas inconsolable devant la mort du Général KOKAYI comme le dénommait dernièrement Jeune Afrique. Je crois en effet, qu’il faisait partie, non pas des solutions, mais plutôt des problèmes de la crise très profonde à laquelle fait face notre pays et qui est consécutive au 3è mandant contestable de Mr NKURUNZIZA. Je me demande même si le Général défunt ne fait pas partie de ceux qui ont conseillé au Président NKURNZIZA de rester au pouvoir. Je n’ai aucune preuve pour le démontrer mis je m’en dote tant le général Kokayi avait de l’influence sur Mr NKURNZIZA.
    Concernant la situation que nous traversons, elle ne me surprend pas. Le Burundi est dirigé depuis une dizaine d’années par une des classes politiques les plus médiocres de tous les temps. On est vraiment tombé très bas en termes de leadership politique et de gouvernance au sommet de l’Etat. Quand j’écoute les discours que ce ceux sont sensés nous montrer le chemin, je me demande si je ne suis pas entrain de faire un mauvais cauchemar.
    J’espère surtout que la situation évoluera très vite afin que le pays ait des dirigeants, responsables, consciencieux et dignes.

  3. Terimbere

    Merci encore une fois pour cet excellent article.
    En effet cher JMN, vous êtes un des rares oiseaux dans le paysage culturel, politique et intellectuel de notre cher pays.
    Je ne sais pas quelle grade académique vous avez, après votre maîtrise en communication, mais je sais aussi que vous ne vous baladez pas dans la rue en brandissant des titres académiques comme certains le font.
    Ce que je veux dire, c’est que trop peu de Burundais peuvent se mesurer à vous et vous nous faites honneur et vous encourageons à pousser plus loin!
    A lire vos suppositions en rapport avec la disparition de celui qui était la terre et le ciel de Bujumbura, je constate comme vous le dites que les deux concourent à la même situation qui est celle d’une possibilité d’une création d’un environnement de dialogue, donc plus d’espoir!
    Donc, moi je ne pense pas à une installation d’un régime de terreur.
    Plutôt c’est avec ce général qu’on vivait dans un régime de la terreur.
    Personnellement, je ne crois pas qu’il pouvait être possible qu’une division d’hommes armés soient placés à un endroit aussi stratégique d’entrée de Kamenge, sa bastion, sans être remarqués par ses agents de renseignements qui ne pouvaient en aucun cas ne pas s’y trouver.
    Ils sont restés là bas, savaient qu’il allait arriver et ce qu’était sa protection à ce moment.
    Ils sont partis sans être arrêtés après le forfait!
    C’est donc sans doute aucune, un coup interne.
    Une autre raison qui confirme cette thèse, c’est qu’ Adolphe ne savait pas que Peter avait négocié avec Rwasa, et la preuve, c’est la femme d’Adolphe entrain d’humilier Rwasa, or on ne le fait pas à celui que l’on s’est convenu.
    Sans doute par après, Adolphe a su tout. Et comme c’était un homme primaire, et lui et Peter, le premier qui devait avoir l’occasion allait tirer!
    C’est ainsi.
    Sans doute sans Adolphe pour discipliner ses troupes, Peter ne va plus pouvoir régner avec la terreur surtout que certains des généraux fidèles à Adolphe, qui savent tout, n’attenderont pas mains en l’air leurs tours.
    Mais Peter ne pouvait pas penser à l’après Adolphe avant le coup puisqu’il jouait sa survie.
    De toutes les façons, c’est un pouvoir agonisant!

  4. Stan Siyomana

    « Cette escalation de la violence est un danger pour toute la region et il faut faire quelque chose la-dessus…
    Apres presque 20 ans de violence et de guerre civile, ce serait vraiment malheureux/really sad si le Burundi plongeait encore une fois dans un nouveau cercle de violence. Aujourd’hui c’est le moment de faire la paix,ce n’est pas le moment pour des tueries insensees, des retributions et des represailles » a dit Mr Abdoulaye Bathily (=Representant special des Nations Unies dans la region d’Afrique centrale)a l’issue d’un entretien avec le president rwandais Paul Kagame.
    (Voir « Violence in Burundi imperils the region », http://www.news24.com, 7 August 2015).

  5. kwizera

    Moi aussi j l.impression que vous n avez pas tort …malheureusement

    • le problem est que toute ou moins la majorite ne parle que la politique du matin au soir!surtout dans les quartiers et surtout avec des mots pilitique et etnics tres souvent radical et irresponseble au milieu de nos enfans.nous n’avons pas une societe intellectuelle discipliner et responsable.C’est malheureux que on ne peux que parler de la politique et des mots et proverbes negatives.Si on s’occupais des transactions economics (pas de bierre seulement) de jour a anuis quelque soit les circonstances la situation de pauvrete de nos famille peut facilement changer.On savais pas que quelqu’un peut creer un avion .une chose aussi lourd qui reste en hout!!je pense que dans sa tete il avait des idees tellement positif.Frere burundais nous sommes qui ne voit et ne pense que des choses negatifs(mbega basha birashoba!ubwo nobishobora! bahava banyitsha!) frere reveillere vous mourrons en investissants dans nos affaires economics .la grande majorite de l’afrique se developpe seulement pas le burundi,le congo et quelques autre pas a cause des presidents mais de mentality! svp!!vos bras sont fermer et vos bouches parle beaucoup.Aucan president qui peut venir peut vous aider rien que la corruption.Pardon et mercie

      • Stan Siyomana

        @eric: « ..la grande majorite de l’Afrique (ne) se developpe pas…pas a cause des presidents, mais de mentality ».
        1. JE NE SUIS PAS DU TOUT D’ACCORD AVEC VOUS.
        2. Le modele (de developpement socio-economique) de l’ETAT DEVELOPPEMENTISTE (pour reussir) a besoin d’un president/leadership/parti au pouvoir qui ont UNE VISION.
        Il a fallu des leaders reformateurs comme le singapourien Lee Kuan Yew, le chinois Deng Xiaoping, l’ethiopien Meles Zenawi et bien d’autres.
        3. J’admire bien votre optimisme: « Si on s’occupais de transactions economics…de jour a anuis quelque soit les circonstances… », mais la aussi l’Etat burundais doit etre la pour creer de bonnes conditions de mener ces affaires economiques/doing business in Burundi (au moins en produisant plus des 30 ou 40 megawatts d’electricite pour tout le territoire du pays, ce qui ne facilite pas la vie au soudeur ou au salon de coiffure de Kamenge, par exemple).
        4. POURQUOI AUJOURD’HUI PERSONNE NE PARLE PLUS DE CETTE BURUNDI VISION 2020 ANNONCEE AVEC TANT DE FANFARE?

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