Ils se déplacent en petits groupes avec gourdins, lames de rasoir, couteaux… Bref avec des armes blanches, qu’ils essayent de cacher. Ils volent, insultent, blessent des gens. Quelques enfants de la rue ou enfants dans la rue commencent à semer terreur et désolation dans les rues de Bujumbura. Ils se promènent en bandes organisées, ils inquiètent, font peur. Lorsque l’un d’entre eux est arrêté ou attaqué, les autres accourent de partout, jettent des pierres ou blessent avec leurs armes blanches. Pire : un des policiers a été ravi de son pistolet avant que ces enfants n’aillent s’engouffrer dans des égouts qui leur servent de tranchées. Ces enfants ne calculent pas les risques et ils donnent la preuve qu’ensemble, ils sont plus forts et plus redoutables.
Toutefois, tous les enfants en situation de rue ne sont pas méchants et agressifs. Distinguer, séparer l’ivraie du bon grain devient une équation à plusieurs inconnues. La sympathie et l’empathie que manifestaient les âmes charitables envers les enfants de la rue cèdent de plus en plus la place à la répulsion, à la répugnance. La tendance du public est de crier haro sur le baudet. Certes, ce comportement de délinquants doit être découragé et des mesures fermes doivent être prises pour les mettre hors d’état de nuire. Mais cela nécessite, à mon humble avis, l’implication de tous. Souvent, nos attitudes envers eux conduisent à la radicalisation.
En effet, ces enfants sont le fruit de la dislocation des foyers, la pauvreté, la guerre, l’irresponsabilité des parents, la polygamie, la stigmatisation, les influences extérieures… Ils sont souvent victimes de viols, d’agressions sexuelles, de violence physique et verbale, de rejet, d’exclusion… Au Burundi, les enfants de la rue portent différentes étiquettes. : Batimbayi (increvables), Mayibobo (vauriens), Birobezo (mendiants obstinés). Toutes ces appellations sont péjoratives et de nature à les « déshumaniser ». Ils ne sont pas perçus comme des humains. Ils subissent régulièrement des traitements humiliants : arrêtés de façon peu respectueuse de la dignité humaine, ils sont bastonnés, insultés et plusieurs témoignent d’avoir subi des sévices corporelles (piétinés dans les véhicules de ratissage où ils sont couchés à même la carrosserie, les coups de crosses leur sont assénés).
Selon le chercheur congolais Kahola Tabu: « Les enfants de la rue réagissent à cette mise au ban de la société par la violence et une agressivité permanentes contre les membres d’une société qui les abandonne à leur sort. » La question des enfants en situation de la rue est donc épineuse. Elle doit être traitée avec délicatesse. La force contre ces gens qui se sont blindés et qui apprennent à s’adapter à une situation de mort imminente tout le temps », n’est pas la meilleure solution. Une stratégie pour leur retrait et leur réinsertion doit être étudiée minutieusement par tous les intervenants. Par-dessus le marché, il faut une conscience collective. Au finish, tout le monde est coupable…
Merci à l’éditorialiste qui nous interpelle sur l’attitude à prendre envers ces enfants. Contrairement à Naomi, nous péchons par omission ou ignorance. Sans avoir une aversion contre les enfants de la rue, mais j’ai prononcé à maintes reprises ces étiquettes de Mayibobo, Kirobezo, sans me rendre compte que ça peut se tourner contre nous. Cfr: Selon le chercheur congolais Kahola Tabu: « Les enfants de la rue réagissent à cette mise au ban de la société par la violence et une agressivité permanentes contre les membres d’une société qui les abandonne à leur sort. »
Tout le monde n’est pas coupable Monsieur. Je proteste avec énergie cette affirmation. Je suis burundais et je me sens innocent. Ça fait des années que des personnes racontent des mensonges et les mettent en pratique. Je ne vois pas en quoi je devrais me sentir coupable des actes des autres sous prétexte qu’on a la même nationalité. Il faut que les africains et les burundais en particulier soient adultes et arrêtent de comporter en irresponsable.
@Naomi
« Je suis burundais et je me sens innocent. »
En d’autres mots, l’empathie envers ces enfants de rue tu l’as jetée aux chiottes!
Avoir de l’empathie ne change en rien mon innocence et ma conscience tranquille.