Des coups de feu ont été tirés aux alentours du camp militaire en province Muyinga dans la nuit du 24 janvier 2017. Depuis, 7 militaires, un policier et 10 civils ont écopé de 30 ans de prison et d’une amende de 5 millions de Fbu dans un procès expéditif. D’aucuns se demandent s’il s’agit d’un montage ou d’une vraie attaque.
Mardi 24 Janvier 2017. Il est 2h du matin lorsque la ville de Muyinga est réveillée par des crépitements d’armes à feu. «Les coups de feu ont duré plus de deux heures. J’ai eu la peur de ma vie», confie G.K, un habitant de la ville de Muyinga.
Tôt le matin, les premières informations tombent. Le camp militaire de Mukoni a été la cible d’une attaque d’hommes armés. Mais personne ne peut dire quelle est l’identité de ceux qui ont attaqué le camp et les dégâts. En ville, tout le monde se pose des questions. «Personne ne savait ce qui s’est réellement passé», témoignent les habitants de la ville.
En début de la matinée, des tweets tombent. Ils émanent du colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée : «#Burundi : Tentative de vol à main armée à # Muyinga ce matin vers 2h30 déjouée par une équipe de la #FDN camp Muyinga en patrouille», «Résultat de ratissage après avoir bouclé toutes les voies de sortie : 4 kalash, 2 grenades, 10 chargeurs et cinq suspects appréhendés», «Les suspects ont été remis à la #PNB pour plus d’enquête. Il n’y a pas eu victimes de tout côté car il n’y a pas eu échange de coups de feu».
Des arrestations tous azimuts
Plus tard, Gaspard Baratuza donnera plus de détails. Selon lui, il s’agissait d’un groupe d’individus qui voulait voler dans des ménages voisins du camp de Mukoni et ils sont tombés sur des militaires en patrouille. «Ces coups de feu provenaient d’une arme d’un individu posté en vue de faire freinage à l’élément en patrouille.» D’après le porte-parole de l’armée, les autres forces de l’ordre, accompagnées de la population, ont bouché toutes les voies de sortie afin de contrer la fuite de ces assaillants.
Le colonel Baratuza écarte ainsi toute information faisant état d’une attaque du camp de Mukoni. «Envoyer dix hommes attaquer un camp de 600 militaires, c’est une aventure que personne ne peut comprendre.» Et de préciser que les militaires n’ont même pas riposté. Cependant, Gaspard Baratuza reconnaîtra, par la suite, que des armes avaient été volées dans le camp, le jour de l’attaque.
Des arrestations s’en suivent. Trois civils Ndabambarire, Eric et Ferdinand, tous originaires du camp des déplacés de Mutaho en province Gitega (centre du pays), sont arrêtés. Ils sont suspectés d’avoir participé dans l’attaque de Mukoni.
Suivront ensuite des arrestations de militaires, surtout des ex-Fab, dans plusieurs provinces du pays. Le caporal-chef Fulgence Ndayikengurutse du camp de Mukoni et un ancien membre de la Brigade spéciale de protection des Institutions (BSPI) sont ainsi appréhendés.
L’adjudant François Nkurunziza, administrateur du camp de Mukoni, sera lui aussi arrêté, le 24 janvier, dans l’après-midi. La dépouille de ce militaire sera retrouvée, avec deux autres corps non identifiés, sur la Colline Rusengo, commune et province Muyinga, à deux kilomètres du camp de Mukoni.
Des informations à Muyinga indiquent qu’il était aux mains de la police avant sa mort. Des témoignages à Muyinga soulignent que l’administration locale a ordonné l’inhumation expresse de ces corps sans attendre une identification formelle. «Cette pratique, devenue une habitude de l’administration, confirme la complicité des différents organes de l’Etat dans la répression dans le sang des opposants politiques et d’autres personnes accusées par le pouvoir de soutenir des mouvements armés », accuse Armel Niyongere, un des activistes burundais des droits humains. Il souligne qu’il s’agit d’une culture d’impunité qui s’installe progressivement au Burundi face aux crimes graves qui relèvent du droit international.
En province Ngozi, le major José Runyange, le caporal Amédée Niyukuri et un policier du commissariat de Ngozi sont arrêtés et conduits manu militari à Muyinga. D’autres arrestations sont signalées en province Gitega, à Muyinga et au camp de Mutukura en province Cankuzo. Dans ce dernier, l’arrestation d’un suspect tourne au drame d’après des informations recueillies dans ce camp. Le caporal Ntahomvukiye tire et tue le major Dieudonné Karashira qui venait l’arrêter concernant le dossier de l’attaque du camp de Mukoni avant de se rendre.
Le ministère de la Défense réfute cela information dans un communiqué sur twitter : «#MDNAC communique mort accidentelle du Maj Karashira Dieudonné, officier S3 du 222Bn basé à Mutukura @Cankuzo Province, survenue cette nuit. L’incident survenu lors d’1 ronde nocturne effectuée par l’officier S3/222Bn et la sentinelle n’a pas suivi le protocole de halte et a tiré.»
Des sources au sein de l’armée parlent d’au moins une vingtaine de militaires arrêtés dans ce dossier.
Du procès à la polémique
26 janvier 2017. 18 prévenus, dont 7 militaires, un policier et 10 civils, arrêtés dans ce dossier, comparaissent au Tribunal de Grande Instance de Muyinga. Le procès est qualifié d’expéditif par plusieurs observateurs. Et pour cause : ils étaient poursuivis pour «vol en bande organisée avec armes à feu » mais, à la fin du procès, ils écopent d’une peine de 30 ans de prison et d’une amende de 5 millions de Fbu.
D’après les témoignages de certains habitants de la ville de Muyinga, qui ont assisté au procès, certains présentaient des signes de torture. « Ils ne pouvaient pas rester debout », confie D.H. du quartier Mukoni. D’après des informations en provenance de la prison centrale de Mpimba où quelques-uns ont été transférés, ils seraient mal en point. «Ils souffrent beaucoup. Ils ne dorment que sur le ventre car le dos leur fait mal à cause des sévices subies.»
Des zones d’ombres et des questions sans réponse
Dans un premier temps, le porte-parole de l’armée parle d’un groupe d’individus armés sur le point de voler dans les ménages à proximité du camp de Mukoni, mais qui a été empêché par des militaires en patrouille. Mais, plus tard, le colonel Gaspard Baratuza reconnaîtra que des armes ont été volées dans le camp, le jour de l’attaque. Pourquoi avoir soutenu la première version ?
L’adjudant François Nkurunziza, administrateur du camp Mukoni, a bel et bien été arrêté et détenu par des policiers.
Comment se fait-il que sa dépouille ait été retrouvée avec deux autres corps. Qui l’a tué et pourquoi ? Qui sont ces deux autres personnes ? Pourquoi l’administration s’est-elle empressée à les inhumer sans attendre une enquête et une identification formelle ? Iwacu a contacté, sans succès, l’administrateur communal de Muyinga.
Pourquoi la ministre de la Justice trouve normal que des prévenus soient jugés sans avoir eu droit à l’assistance d’un avocat alors qu’ils la demandaient ?
Armel Niyongere s’insurge contre le comportement des magistrats qui ont, explique-t-il, accepté de faire comparaître des personnes dont certaines ne pouvaient même pas se tenir debout, comme le caporal Fulgence Ndayikengurutse qui agonisait suite aux actes de torture lui infligés. Pour lui, cela constitue une grave violation de leurs droits que les juges sont supposés garantir et faire respecter.
Pour Pierre Claver Mbonimpa, un des activistes burundais des droits humains, cette audience n’aurait tout simplement pas dû avoir lieu. S’exprimant sur la Radio France Internationale, l’activiste en exil a expliqué qu’un prisonnier qui a été torturé ne devrait pas être entendu ou bien interrogé par le ministère public. «Les aveux obtenus sous la torture n’ont aucune valeur. C’est la convention contre la torture qui le dit.» Ces deux activistes fustigent le comportement du siège qui a refusé l’assistance d’un avocat aux prévenus.
Ces accusations ont été balayées du revers de la main par Aimée Laurentine Kanyana, ministre de la Justice : « D’après les informations que j’ai, il n’y avait aucun prévenu qui avait été torturé et l’audience était publique. »
Concernant le cas du caporal Fulgence Ndayikengurukiye qui ne pouvait pas s’asseoir ni se mettre debout, la ministre a une réponse très claire : « Nous considérons les circonstances dans lesquelles ce monsieur a été arrêté. Je crois que c’est tout à fait normal qu’il ait un malaise. Imaginez quelqu’un qui est resté dans le plafond d’une maison des heures et des heures, détenant des fusils et grenades, il n’était pas à l’aise. Et vous savez à l’intérieur du pays, dans des plafonds il y a de la poussière, il y a des rats. Et puis aussi quand il devait quitter ce lieu là il devait tomber à partir du plafond, tout cela pouvait créer un certain malaise de sa part.»
En ce qui concerne la non-assistance d’un avocat, la ministre trouve que ce n’est pas un problème : « Heureusement, il y a encore une voie de recours. Ils pourront interjeter appel et demander l’assistance d’un avocat. »
Je ne suis pas du Burundi, mais je suis fonctionnaire-consultant qui a eu à séjourner dans ce beau pays de l’Afrique de l’Est pendant 6 ans. Ce petit pays d’Afrique est de loin plus beau que la Suisse, jadis. Malheureusement, je suis attristé de lire chaque jour ses nouvelles sur web pour comprendre que les ex-FAB d’éthnie Toutsie sont systématiquement massacrés par leurs collègues d’éthnie Hutoue du Burundi. Il est grand temps que la communauté international s’en render compte pour envoyer au Burundi ce qu’elle a promis de faire: LA FORCE INTERNATIONALE MILITAIRE. Une force qui viendra protéger tous les Burundais puisqu’il y’a une communauté éthnique qui est visée. Ainsi par exemple, chaque jour il y’a au moins 1 Tutsi qui meurt tué par 1 Hutu. N’est ce pas cela un GENOCIDE à petite echelle???
Tous ces ex fab sont au courant de ce qui leurs arrive. On ne peut pas les plaindre. Les dirigeants font semblant d attaque puis ils ratissent large dans la communauté tutsi et préférentiellement chez les ex fab. Ces derniers toucheront leurs soldes mais à chaque instant ils peuvent perdre la vie. Ils le savent déjà. Bonne chance. Vive l armée hutu exclusive.
Cela se pratiqué en 1972. Tous les militaires hutu ont été désarmés et exterminés. Les m^mes causes produisent les m^mes effets. Mais chacun aura son tour si une telle politique continue dans notre pays. Ese ntitwova mu bwicanyi tukubaka igihugu, tukagiteza imbere kandi tukabaho twese???Ewe Burundi
« …Interrogé sur cette situation, un responsable des médias indépendants au Burundi déplore cette situation : « Le problème est qu’on ne sait même pas qui décide ou délivre les invitations »…
Pas de pilote dans l’avion Burundi ?