Des agents de la BNDE s’opposent au crédit contracté par Nahum Barankiriza. Selon eux, l’homme d’affaires n’a présenté aucune garantie et la canne à sucre cultivée pour son projet serait de mauvaise qualité. Si le crédit est accordé, ils prédisent une probable fermeture de leur banque. Iwacu a enquêté.
<doc7097|left>Malgré les contestations, le conseil d’administration de la Banque Nationale pour le Développement Economique a marqué son accord à un crédit de 3 milliards de Fbu en faveur de Nahum Barankiriza le 29 janvier dernier.
L’histoire remonte au 31 décembre 2012. Nahum Barankiriza, patron de Tanganyika Business Company (TBC), formule une demande de crédit auprès de la BNDE. Le montant s’élève à 3 milliards de Fbu, remboursables dans un délai de 57 mois (près de 5 ans) dont 9 mois de différé. Il veut monter une usine de sucrerie à Bubanza, la Tanganyika Sugar Industries. D’après les documents dont Iwacu s’est procuré des copies, Nahum Barankiriza hypothèque entre autres des immeubles résidentiels sis à Ngagara, Gihosha, Vugizo, Rohero I, avec des superficies respectives de 22a 71ca, 02a10ca, 25a61ca et 22a71ca. De surcroît, il accepte de céder des loyers des maisons et l’assurance incendie des maisons hypothéquées, de donner la caution solidaire des actionnaires, etc.
Malgré l’accord de ce crédit, la banque se réserve : « Le crédit de 3 milliards Fbu étant supérieur à 20% des fonds propres de la BNDE à cette date, nous sommes obligés de demander préalablement une autorisation à la banque centrale. Et ce conformément à l’article 51 de la loi bancaire no 1/017 du 23 octobre 2003. » Par ailleurs, la BNDE estime que le déblocage de ce crédit sera conditionné par l’accord d’une autre banque de financer le reliquat de 5milliards Fbu pour que l’usine soit fonctionnelle, se référant au projet présenté par M. Barankiriza.
D’après nos informations, la BNDE exige également que pour le bon suivi du dossier, les déblocages s’effectuent sur base des factures. Ils devront ensuite être domiciliés sur un compte ouvert au nom de Tanganyika Sugar Industries dans une banque commerciale qui aura financé le projet. Des rapports semestriels sont aussi recommandés.
Contacté par Iwacu, Donatien Nijimbere, président directeur général de la BNDE, a promis de s’exprimer ultérieurement.
<doc7096|right>Les études prouvent que le site est propice
Concernant la qualité de la canne à sucre, si l’on en croit l’étude menée par le laboratoire de chimie agricole de l’ISABU (Institut des Sciences Agronomiques du Burundi) le 13 octobre 2009, la zone impliquée est idéale pour la culture de la canne, avec très peu de risques de contraintes physico-chimiques de sodium.
Le Centre National de Technologie Alimentaire (CNTA) a également analysé quatre échantillons de canne à sucre. D’après le bulletin d’analyse du 24 septembre 2012, les échantillons ont été prélevés dans les cannes à sucre plantées il y a entre 12 et 18 mois et acheminés dans un laboratoire pour analyser la teneur en saccharose.
D’après ce document, dont Iwacu s’est procuré une copie, les résultats montrent une richesse en sucre ce qui s’expliquerait par l’emplacement du site d’exploitation. Ce site Gihanga-Rukoko est un milieu à climat chaud, les températures sont souvent élevées le jour (plus de 25°C) et basse la nuit, favorisant la croissance et la maturation, souligne le bulletin d’analyse. Cela permet l’accumulation du saccharose dans les tiges de la canne à sucre. Cette richesse en saccharose permet d’avoir des quantités considérables de sucre, selon le même rapport.