Ce refrain d’une chanson du groupe ’’Tolerance’’ composé de musiciens burundais, rwandais et congolais, réunis dans le cadre du projet ’’Paix au-delà des frontières’’ est un message fort. Ces paroles sont devenues une sorte de mot d’ordre de ces assises tenues à la fin du mois de mai.
Ce colloque dominé par les échanges sur une ’’Feuille de route vers la paix dans la région des Grands Lacs’’, a vu la participation des délégués venus du Rwanda, du Burundi et de la RDC.
Il s’agissait des représentants des associations actives dans la recherche de la paix et du développement, des médias, des ONG internationales comme Oxfam Novib, La Benevolencija et Impunity Watch.
Des émissaires gouvernementaux de ces trois pays en proie à des crises et soubresauts aux conséquences multiformes sur les populations, ont pris part à cette rencontre. C’était une occasion de mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités par la validation de cette ’’Feuille de route’’. Il s’agit d’un document précieux appelé à servir de guide et d’orientation tous les efforts de consolidation de la paix dans ces trois pays.
«C’est très particulier de voir des initiatives politiques naître et nourries des communautés locales et être adressées à nos hautes hiérarchies administratives», disait Me Loochie Kizungu, conseiller juridique au gouvernorat du Sud-Kivu.
Au cours de cette table ronde, deux principaux facteurs-clé de la stabilisation de la région des grands lacs ont été identifiés, entre autre la bonne gouvernance et la sécurité de la région. Au cours de ces assises, il y a eu d’intenses réflexions sur la nature de ’’nos conflits en Afrique de Grands Lacs’’.
«Nous, peuple hollandais sommes très fiers d’avoir contribué à un tel rêve de paix dans ces pays, et notre contribution n’a pas raison de rester juste un rêve. Elle doit être une réalité», a déclaré Annick Van Lookeren Campagne au nom de l’ONG Oxfam Novib.
«Les moyens ne peuvent pas manquer pour ce genre d’initiatives faisant la promotion de la paix et donnant la priorité aux jeunes et aux femmes, pas uniquement comme victimes, mais comme de vrais acteurs de la paix et du développement», un encouragement de la part de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas en RDC à ce projet régional.
Cette initiative est basée sur une série de recherches pilotées par Impunity Watch en collaboration avec ses partenaires membres du consortium, sur les causes des conflits dans la région des Grands Lacs. La RDC est bénéficiaire de ce programme à hauteur de 50%, le Burundi bénéficie de 30% et 20% reviennent au Rwanda.
Les artisans de paix, ces héros
Ce programme, unique dans les Grands Lacs africains, consiste en un travail en synergie fait de onze associations et de quelques organisations internationales sous la coordination d’Oxfam Novib. Il se démarque des autres projets de culture de la paix, notamment par l’encouragement à plus de citoyenneté, d’engagement.
«Ces artisans de paix agissent au niveau de leur communauté, mobilisent, organisent et prennent même des risques. Nous devons être fiers de ce genre de bénévolat, source de quiétude ou d’harmonie sociale dans nos confréries et communautés», a noté Audace Machado, un des animateurs de cette table ronde au nom d’Impunity Watch.
Au cours de trois années, note Mme Marie Kana, représentante des artisans de paix du Burundi, cette initiative ’’Paix au-delà des Frontières’’, est devenu un nom d’un programme transfrontalier, une chanson, un style de vie, un phénomène, une réalité géopolitique.
Assumpta Mugiraneza, fondatrice de l’ONG locale ’’Iriba Center’’ du Rwanda et membre du Consortium salue l’appel à une responsabilité de tous pour une paix effective. «On aura réussi si nous contribuons à améliorer la gouvernance dans nos pays. Certes le Rwanda est stable, mais nous devons continuer à travailler en faveur de cette stabilité», a-t-elle indiqué.
«Nous devons accepter d’être tolérant sur des perceptions, idées ou propositions autour de nos vies communautaires, y compris les lectures de la nature de nos conflits voire les solutions proposées par les uns et les autres», a suggéré David Taylor, chercheur et Directeur Pays d’Impunity Watch. Son rapport d’enquête intitulé ’’On ne doit pas se réjouir quand la case du voisin brûle’’, a nourri les discussions.
Des facteurs de conflits
Cinq causes ont été identifiées comme moteurs clés de conflits dans la sous-région. Il s’agit de la gestion des ressources naturelles(en particulier la question foncière), la faible capacité et la volonté des autorités de garantir les droits civiles et la sécurité, l’exploitation ou la manipulation des identités (ethniques, nationales, politiques, etc.), le recrutement des jeunes dans les groupes armés. Ces facteurs de conflits correspondent à cinq grandes thématiques : la gouvernance, la sécurité, l’économie, la question foncière et les identités.
«C’est évident que ces facteurs, malheureusement, sont interdépendants, ou s’influencent mutuellement. Par exemple, les recrutements des jeunes dans des groupes rebelles peuvent naître des manipulations identitaires ou des intérêts liés à la gestion des ressources naturelles», note de Céline Bankumuhari, chargée du plaidoyer chez Oxfam Novib.
Selon les recherches menées dans le cadre de ce projet, plus de 30 groupes armés opèrent dans l’Est de la République Démocratique du Congo, aussi bien nationaux qu’étrangers. Il y a entre autres, les Forces Nationales de Libération (FNL) du Burundi, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda, FDLR, l’Allied Democratic Forces, ADF-NALU, la Lord Resistance Army (LRA) de l’Ouganda. Par ailleurs, d’autres facteurs comme la prolifération des armes, l’exploitation illégale des ressources naturelles, le caractère frontalier des problèmes sécuritaires, etc. sont de nature à menacer la paix dans la région.
Selon Céline Bankumuhari, il y a des points d’encouragement, il se remarque cette volonté des gens à s’asseoir pour échanger sur ce qui les sépare. Ce projet aura instruit différentes stratégies pour y parvenir.
C’est notamment des initiatives comme le ’’Parlement régional virtuel’’ ou les ’’Collèges Tours’’, pilotées par l’ONG ’’La Benevolencija Grands Lacs’’. Objectif : amener différents acteurs communautaires à échanger à se rapprocher.
’’Together in Peace’’, le ’’We are the World’’ des Grands Lacs
Parmi les initiatives de ce projet ’’Paix au-delà des frontières’’, il y a la sortie de la chanson ’’Together in Peace’’. C’est une œuvre d’artistes burundais, rwandais et congolais décidés à chanter à l’unisson pour lancer une invitation à l’engagement de tous pour la cause de la paix dans la région. Le refrain de cet ’’hymne à la paix dans la région des Grands Lacs’’ en dit long : «Ta paix, c’est ma paix. Ton réconfort, c’est ma sécurité».
Pour porter haut cet appel vibrant de la jeunesse de la sous-région sacrifiée, meurtrie et éprouvée par tant d’années de crise, des voix comme celles de Cynthia Niyonsaba, Alida Baranyizigiye, El Pedro, Pastor P, Gaëlle, Rachel, JC Kibombo, Voldie Mapenzi, Christmas et Karera.
Le tube sorti est une alchimie mélangeant différentes sonorités régionales. Des arrangeurs sont également de la sous-région, il y a une touche de Marc Kibamba au piano, le doigté d’Arnaud et la virtuosité d’Arsène. Côté percussions, il a un duo : Shalom et Jacques.
L’équilibre de la douceur.
Comme un
rêve qui revient
dans la douceur
d’une forêt je
vois, en marchant
sous le son, la
tendre chanson
d’un oiseau
solitaire.
Francesco Sinibaldi
Jolie chanson! Bravo les artistes. Reste que votre adorable message soit entendu.
« Des facteurs de conflits
Cinq causes ont été identifiées comme moteurs clés de conflits dans la sous-région. Il s’agit de la gestion des ressources naturelles(en particulier la question foncière), la faible capacité et la volonté des autorités de garantir les droits civiles et la sécurité, l’exploitation ou la manipulation des identités (ethniques, nationales, politiques, etc.), le recrutement des jeunes dans les groupes armés. Ces facteurs de conflits correspondent à cinq grandes thématiques : la gouvernance, la sécurité, l’économie, la question foncière et les identités. »
Question:
Les conflits internationaux pour contrôler les ressources de la sous-région n’existent-elles pas ?
@ Ntahitangiye
Je suis de votre avis mais il faudrait y ajouter , le détournement des fonds publics et la corruption . Certes cela a quelque chose à voir avec la mauvaise gouvernance mais ce n’est pas la même chose.
Mais il y a un autre aspect fondamental ; c’est l’éducation au sens de l;instruction. Les gens qui ne sont pas instruits sont facilement manipulables que d’autres. Tous les vices et tares de notre société burundaise comme celles des autres pays pauvres se nourrissent des ignorances de plusieurs formes.
@Ntahitangiye: « …pour controler les ressources de la sous-region… »
Parmi les 40 plus grandes compagnies minieres dans le monde, PAS UNE SEULE N’EST INSTALLEE EN BELGIQUE OU EN FRANCE (= pays que le pouvoir CNDD-FDD accuse d’ingerence dans la crise politique burundaise actuelle).
Par contre, ce sont les pays « nouveaux amis du pouvoir CNDD-FDD » qui hebergent certaines compagnies qui peuvent encore trouver les capitaux necessaires pour explorer et exploiter les ressources minieres du Burundi (de nickel et d’or par exemple).
Douze (12) des 40 compagnies sont chinoises;
Deux (2) compagnies sont russes (dont MMC Norilsk Nickel qui pourrait s’interesser aux gisements de nickel du Burundi);
La compagnie AngloGold Ashanti Ltd est controllee par des capitaux de l’Afrique du Sud, Etats-Unis et Australie.
(Voir Pricewaterhouse Coopers: Mine 2016. Slower, lower,weaker…but not defeated. http://www.pwc.com, aux pages 25 et 26).
Hors sujet !!!!!!!
Cela ne veut pas dire que les USA, la France, la Belgique ne se sont pas battus pour essayer de contrôler les ressources de la sous-région.
@Ntahitangiye: « Hors sujet!!!!! »
Si aujourd’hui il y avait une greve dans une mine APPARTENANT AUX CHINOIS PAR EXEMPLE, les ouvriers (et la population en general?) ne s’en prendrait quand meme pas aux USA, la France, la Belgique.
@Ntahitangiye: « …pour controler les ressources de la sous-region… »
C’est la compagnie chinoise China Molybdenum qui vient de payer 2,65 milliards de dollars americains pour racheter les 56% des actions (dans la mine Tenke Fungurume, environ 180 km au nord-ouest de la ville de Lubumbashi au Katanga, RD Congo).
Ces actions etaient auparavant detenues par la compagnie americaine Freeport-McMoRan (siege social a Phoenix, Etat d’Arizona, sud-ouest USA).
Aujourd’hui, l’economie de l’Etat d’Arizona depend plus du tourisme (des millions de gens du monde entier qui viennent voir Grand Canyon, des milliers d’americains et meme des canadiens qui passent quelques mois a Phoenix pour echaper au froid de l’hiver des Etats du nord, Phoenix Convention Center acceille des conferences de milliers de gens,…). L’Etat essaie aussi d’attirer des compagnies de haute technologies ou d’energie renouvelable (solaire) parce qu’elles vont payer de bons salaires.
(Voir Tenke Fungurumeee