Du 5 au 6 décembre 2024, le Burundi abritera une Table ronde sur l’investissement dans le cadre de la mobilisation du financement pour la réalisation de la Vision 2040-206. Au cours d’une émission à la RTNB, postée sur le site de la présidence, certaines hautes autorités ont déjà fait des déclarations sur ce financement de la Vision. Certains économistes et activistes de la société civile estiment qu’il y a du pain sur la planche et qu’il faut convaincre.
Le compte à rebours est déjà lancé. Gitega rassemblera, du 5 au 6 décembre 2024, des partenaires au développement et des investisseurs privés au tour d’une Table ronde. « Lors de ce grand événement, le gouvernement du Burundi compte partager sa vision en matière de développement socio-économique ainsi que les réformes envisagées et en cours avec l’ensemble des ressources potentielles de financements extérieurs et privés », annonce la présidence de la République.
Elle ajoute que l’organisation de cette Table ronde est une occasion pour l’Etat de partager les grandes orientations de la Vision 2040-2060, présenter le Plan national de développement révisé (PND) 2018-2027, son Plan d’actions prioritaires, ainsi que les ressources financières nécessaires à sa mise en œuvre.
Des visées téléologiques
« Nous ne voulons pas que la Vision 2040-2060 reste un slogan. Sur ce, le Produit intérieur brut (PIB) par habitant étant de 350 dollars par an, nous voulons que ce PIB soit de 2000 dollars d’ici 2040. Par ailleurs, étant donné qu’actuellement 60 % de la population burundaise vit dans une situation de pauvreté, l’engagement de l’Etat vise à accroître le niveau de vie de la population », a déclaré Alain Ndikumana, chef du Bureau d’Études Stratégiques et de Développement à la présidence de la République du Burundi. C’était au cours d’une émission à la Radio-télévision nationale (RTNB) pour annoncer les préparatifs de ce rendez-vous.
Il reconnaît qu’avec un tel taux de pauvreté, on ne peut dire que le pays est développé. C’est pourquoi, éclaire M. Ndikumana, le Burundi s’est engagé à faire la transformation structurelle de l’économie, la prise de décisions basées sur les évidences et l’accroissement du niveau de vie de la population couplée d’une maitrise de la croissance démographique.
« Ces engagements de l’Etat seront axés sur une gestion efficace de la chose publique, la lutte contre la corruption et l’assainissement du climat d’affaires ; une efficacité économique ; l’équité sociale ; un partenariat fructueux et une gestion efficace de l’environnement », insiste Alain Ndikumana.
Dans le même ordre d’idées, Audace Niyonzima, ministre burundais des Finances souligne que pour atteindre les objectifs de la Vision 2040-2060, le Burundi a besoin d’environ 85.704.000.000.000 BIF (à peu près 28 milliards de dollars) pour financer des infrastructures essentielles et des services publics afin d’améliorer la vie des citoyens. Ces fonds, avance toujours Audace Niyonzima, vont provenir des impôts et taxes. Mais, le gouvernement burundais compte également recourir à ses partenaires financiers.
« En identifiant des partenaires qui pourront nous donner une aide ou une dette légère, nous allons veiller également à ce que les impôts et taxes soient utilisés de manière rationnelle », conclut-il.
Des défis
Malgré toutes ces ambitions, Alain Ndikumana précise que le chemin est tortueux et parsemé d’embûches. Il souligne notamment le manque d’efficacité gouvernementale et/ou institutionnelle puisqu’ « il y a des fonctionnaires défaillants suite à leur incompétence et d’autres parce qu’ils sont corrompus ».
Ces derniers, assure-t-il, doivent être sanctionnés et remplacés.
Et le ministre Albert Shingiro d’ajouter : « Il y a des Burundais qui font l’extorsion d’argent aux investisseurs étrangers qui cherchent des licences pour venir opérer au pays. Cela ternit l’image du pays. Alors, étant donné que ces investisseurs travaillent en réseau et se partagent des informations sur ce qui leur arrive, cela risque d’entraîner leur désintéressement à venir au Burundi ».
Olivier Suguru, président de la Chambre fédérale de commerce et d’industrie du Burundi (CFCIB), invité à cette émission, suggère au gouvernement burundais d’améliorer le climat d’affaires. « C’est vrai que nous voulons que les investisseurs étrangers viennent au pays, mais il faut en même temps améliorer l’environnement des affaires ».
Puisqu’il s’est avéré que certains dossiers des investisseurs traînent, Olivier Suguru demande également à ce qu’il y ait de la rapidité dans le traitement des dossiers des investisseurs voulant venir opérer au Burundi. Sans oublier l’accélération du processus d’adoption des textes d’application des lois déjà votées.
Quid de la transformation structurelle et économique ?
Selon le Rapport Pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD) intitulé « Impulser la transformation du Burundi par la réforme de l’architecture financière mondiale », l’économie du Burundi se caractérise par une faible mutation structurelle. « La part sectorielle de l’industrie reste inférieure à 19 % du PIB, alors que celle des services a été en moyenne de 36,1 % du PIB durant la décennie 2000-2009, de 37,9 % durant la décennie 2010-2019 et de 37,7 % du PIB sur la période 2020-2023 ».
Le rapport indique que la part de l’agriculture, des forêts et de la pêche était respectivement de 38,4 %, 36,2 % et 35,9 % sur ces trois périodes. « L’agriculture constitue l’un des principaux piliers de l’économie burundaise et occupe plus de 80 % de la population active, avec une part de 86,1 % de l’emploi total, contre 10,4 % pour les services et 3,5 % pour l’industrie. »
En outre, souligne le rapport, l’accélération de la transformation structurelle requiert un engagement de l’Etat et des capacités institutionnelles de mise en œuvre de la Vision 2040-2060. « Des efforts sont à consentir pour le renforcement de la gouvernance politique et économique afin d’instaurer un environnement favorable à la stabilité macroéconomique et à l’efficacité économique qui, à leur tour, permettront d’accélérer les changements structurels de l’économie. »
La BAD trouve que l’engagement de l’Etat est un préalable à la transformation structurelle, dans la mesure où il conditionne : la conduite des réformes de politiques publiques et macroéconomiques ; l’amélioration du climat des affaires et du secteur privé ; l’attractivité des investisseurs étrangers, des touristes et la diversification des mécanismes de financement innovant (notamment le partenariat public-privé (PPP) ; et la capacité de tirer parti de l’intégration régionale et continentale (ZLECA).
Selon les estimations de la Banque (PEA 2024), le Burundi aura besoin de 2,2 milliards d’USD par an jusqu’en 2030 pour accélérer son processus de transformation structurelle et se mettre au diapason des pays en développement très performants ayant actuellement un niveau de développement comparable.
D’après le rapport, le déficit de financement annuel de la transformation structurelle de l’économie burundaise est considérable. « Au regard des niveaux actuels de performance du pays dans les secteurs critiques et de leurs valeurs projetées – supposées évoluer en fonction du PIB par habitant, le déficit de financement annuel de l’accélération de la transformation structurelle est estimé à 1,96 milliard d’USD (soit environ 43 % du PIB du pays en 2024) dans le cadre des ODD et à 0,34 milliard d’USD (7,5 % du PIB de 2024) par rapport à l’Agenda 2063 ».
Des recommandations pour impulser le changement structurel
Au regard du peu de chemin parcouru et des contraintes de la transformation structurelle de l’économie, la BAD recommande entre autres de mettre en place des institutions solides de gouvernance politique et économique à travers le renforcement des capacités institutionnelles et le climat des affaires, et la mise en place des réglementations d’attractivité des investisseurs dans le secteur de l’innovation et de la technologie ; d’adopter des stratégies d’augmentation de la productivité dans l’agriculture et d’autres secteurs productifs, surtout les entreprises manufacturières et les services à forte connaissance, de renforcer les mécanismes de transition démographique à travers des mesures pour contenir la pression démographique notamment l’éducation des filles et les mesures d’éradication des mariages précoces par l’opérationnalisation des initiatives de la politique de la population.
La BAD recommande également de développer les investissements dans le développement du capital humain en donnant aux jeunes formés des compétences adaptées aux besoins et à la compétitivité des entreprises du Burundi ; de lancer des mesures de développement du secteur privé en mettant l’accent sur la diminution du degré d’informalité des unités de production ; de renforcer les stratégies de développement des infrastructures de transport et de logistique multimodale pour le désenclavement du Burundi, des infrastructures de production et de transport d’énergie ; de prendre des mesures pour rendre le secteur des services diversifié, performant et moderne et à forte intensité de connaissances à exporter, le potentiel touristique du Burundi constituant un catalyseur de la transformation structurelle.
Réactions
André Nikwigize : « Sans réformes économiques majeures, toute prévision ressemble à une illusion »
Selon cet économiste, la situation politique et économique du Burundi n’encourage pas à organiser une Table ronde des investisseurs privés et des partenaires de développement, ni de lancer la Vision 2040-2060.
Il donne trois raisons principales : premièrement, d’après lui, le Burundi connaît actuellement une crise politique grave, caractérisée par des violations massives des droits de l’Homme par les forces de sécurité et les jeunes du parti au pouvoir, des disparitions forcées, une désorganisation des partis politiques de l’opposition et la fermeture de l’espace aux organisations de la société civile et des médias, sans dire qu’au moins 300.000 Burundais croupissent encore dans des camps de réfugiés dans les pays voisins ou déplacés intérieurs.
Deuxièmement, indique André Nikwigize, le gouvernement avait convenu avec le Fonds monétaire international (FMI) avec l’appui d’autres partenaires, depuis avril 2023, un programme de stabilisation macroéconomique de 38 mois visant, notamment à l’assainissement des finances publiques par une accélération des investissements et une politique d’emprunt prudente ; à l’unification des marchés de change officiel et parallèle et la libéralisation desdits marchés de change ; à un resserrement de la politique monétaire pour soutenir l’unification amorcée et juguler l’inflation ainsi que la mise en œuvre de réformes structurelles et de bonne gouvernance plus poussées afin de créer un environnement propice à une croissance inclusive porteuse d’emplois.
« Il est constaté une lenteur dans la mise en œuvre de ce programme par le gouvernement. Il est, par conséquent, difficile d’envisager un programme de long terme, à l’instar de la Vision 2040-2060, avant de compléter et d’évaluer le programme de stabilisation ».
Troisièmement, André Nikwigize fait savoir que ces deux facteurs constituent de réels freins à la réalisation d’une quelconque Vision pour le long terme. « D’autre part, en faisant une analyse des capacités de mobilisation de ressources domestiques de l’Etat, même avec une hypothèse optimiste de générer au moins 50%, il sera difficile de mobiliser la moitié des 28 milliards de USD requis pour financer la Vision 2040-2060. »
Et d’ajouter : « En prenant pour base les dépenses d’investissement sur les ressources intérieures inscrites au budget 2024/2025, il faudra 70 ans pour mobiliser 14 milliards USD du budget d’investissement par l’Etat. Par conséquent, nonobstant les préoccupations soulevées ci-haut, la Vision 2040-2060 est irréalisable, dans la situation financière actuelle ».
Et de se poser une question à propos de cette Table ronde : comment espérer que les partenaires de développement vont appuyer la Vision 2040-2060 sachant que le gouvernement a ignoré les appels répétés de la communauté internationale d’entreprendre des réformes politiques et économiques, qui n’ont jamais été suivies d’effets ? Il se demande également pourquoi le gouvernement ne prend-il pas des mesures pour combattre la corruption, sanctionner les coupables, rationaliser les dépenses publiques et améliorer la gestion des ressources publiques ?
« Ce qui est incompréhensible est que les membres du gouvernement passent leur temps à se plaindre, au lieu de prendre des mesures. Pendant longtemps, le chef de l’Etat se plaint des fonctionnaires, du haut en bas, qui dilapident des ressources publiques, mais aucun fonctionnaire n’a été arrêté. » Selon lui, l’investissement direct étranger au Burundi est l’un des plus faibles du monde.
D’après lui, l’environnement des affaires, les institutions publiques et le système juridique qui ne protège pas les capitaux et les investisseurs ne le favorisent pas. « Des investisseurs sont escroqués par des fonctionnaires, ils s’en plaignent, mais les ressources escroquées ne sont pas retournées aux victimes, encore moins, les coupables ne sont pas sanctionnés ».
Compte tenu de la situation politique et économique actuelle du pays et une justice qui ne protège pas les investisseurs et leurs capitaux, conjugués à la corruption, poursuit-il, très peu d’investisseurs vont se bousculer pour investir au Burundi. « Certes, il y aura certains commissionnaires qui vont venir pour tenter de décrocher des marchés, avec la complicité de certains hauts dignitaires, surtout dans le secteur des mines. Ils vont vendre ces contrats et dès qu’ils auront extrait le maximum de minerais, ils vont se retirer, et le pays n’aura rien gagné ».
Gabriel Rufyiri : « La gouvernance est un élément incontournable au développement durable et au financement de cette Vision »
Pour le président de l’Olucome, le fait d’avoir le courage de rédiger un document, à savoir la Vison 2040-2060, qui est sincèrement acceptable au niveau des chiffres qui s’y trouvent, c’est déjà un pas. « Un pays qui n’a pas de document de politique ne sait pas où il veut aller. Donc, c’est tracer une vision. Toutefois, toute politique tant économique qu’autre, a toujours des préalables de développement ».
Comme préalables, Gabriel Rufyiri cite la stabilité politique, sécuritaire, judiciaire et autres. « D’où, dans cette Vision, le pilier 1 est clair. Il doit y avoir d’abord de l’engagement de l’État, mais aussi de la gouvernance politique, économique, judiciaire, administrative, et autres. Donc, le panorama général de la gouvernance doit être un préalable de ce développement ».
Gabriel Rufyiri trouve qu’actuellement, l’environnement des affaires n’est pas du tout sain. « Néanmoins, je pense que le gouvernement doit engager au préalable des réformes qui vont aider à arriver à ces résultats. Sans engager ces réformes de façon claire et pragmatique, ça sera très difficile d’arriver aux résultats escomptés.
Je parle avec la plupart des autorités de l’Etat, je vois qu’au niveau des discours politiques et au niveau des documents, il y a cet engagement ».
Selon Gabriel Rufyiri, ce que les investisseurs privés et les partenaires traditionnels du Burundi attendent du gouvernement, c’est d’abord un plan prioritaire de développement qui est clair avec des actions concrètes et un plan d’action opérationnel. « Il doit y avoir des actions de gouvernance détaillées et avec un calendrier, les moyens et les ressources humaines pour les mettre en application. Actuellement, nous attendons qu’il y ait d’abord l’actualisation de la stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, parce que c’est là où tous les préalables se fondent. Nous avons besoin des réformes profondes. La gouvernance est un élément incontournable au développement durable et au financement de cette Vision ».
Quant aux propos du ministre Albert Shingiro qui fait savoir qu’il y a des Burundais qui extorquent des investisseurs étrangers, Gabriel Rufyiri indique que cela existe partout, y compris au Burundi. « Le dire n’est pas une mauvaise chose, ce qui est important, ce sont des actions et des sanctions qui vont suivre ou qui suivront ce genre de comportements. Est-ce que ces gens sont sanctionnés ? Qui sont-ils ? Les réponses se trouvent dans la gouvernance ».
Quid de la réussite de cette Table ronde ? « Cela dépendra du gouvernement, des organisateurs, de l’honnêteté et de la sincérité des autorités, et surtout de l’espérance d’y arriver. Ça peut réussir comme ça peut échouer. Dans une Table ronde, ce sont des engagements et des promesses qui vont se réaliser au fur du temps, surtout au niveau de l’instauration progressive de la bonne gouvernance ».
Faustin Ndikumana : « Il y a un travail assidu à faire au préalable »
« L’organisation d’une telle conférence en soi est une bonne chose, car ça rentre dans le cadre de la mobilisation du financement extérieur et interne pour la Vision 2040-2060. Toutefois, il ne suffit pas de l’organiser pour que le lendemain l’argent des investisseurs commence à tomber », commente d’entrée de jeu Faustin Ndikumana.
Selon le directeur national de Paroles et actions pour le réveil des consciences et le changement de mentalités (Parcem), il y a un travail assidu à faire au préalable. Parce que déjà, un investisseur privé, pour investir, il cherche des profits pour son capital. C’est un capitaliste.
Il analyse les risques. Il ne peut pas faire une aventure. Ce n’est pas par amour, par sympathie, de relever un pays en difficulté qu’il a en garde son capital pour investir. Il analyse déjà les besoins au niveau de la Vision 2040-2060 exprimés par le ministre des Finances, qui sont estimés à plus de 85 milliards de BIF. Ce sont environ 28 millions de dollars. Ça dépend du taux utilisé pour évaluer l’équivalent d’un dollar.
Faustin Ndikumana estime d’ailleurs que c’est un montant colossal à voir les fonds auxquels le Burundi était habitué à mobiliser pour faire ses programmes, ses projets d’investissement et de développement. Ça peut même dépasser le montant qui était prévu au niveau des stratégies antérieures.
D’après lui, un investisseur, qui exporte son capital, comme il va toujours évaluer son risque, il s’entoure d’un grand réseau d’informations concernant le pays dans lequel il va investir.
D’abord, il consulte certains classements, comme ceux de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international (FMI), sur certains aspects comme l’état de pauvreté et la croissance économique.
Il peut consulter le doing business, la liberté économique, la place du Burundi au niveau de la corruption ainsi que les cotations publiées par des agences de notation, comme Moody’s par exemple. « À voir alors la situation de la pauvreté au Burundi, même si elle est estimée à 60%, alors que déjà en 2014, elle était à 67%, le placement du Burundi au niveau de la corruption, l’inflation actuelle qui enfonce les gens dans la paupérisation. Il faut faire un effort dans ce sens pour inverser les tendances ».
Le directeur national de Parcem souligne que c’est l’état de pauvreté qui influence le pouvoir d’achat de la population. Or, dit-il, l’investisseur regarde si c’est un pays qui a une classe moyenne qui est à la base de la demande parce que si son entreprise est créée, il faudra absolument avoir une demande, une clientèle capable d’acheter.
Ensuite, il considère aussi la politique monétaire et de change. Au niveau des réserves de change, la politique fiscale et budgétaire. Puisqu’une politique monétaire de change lui montre s’il aura la capacité de faire rentrer ses revenus provenant de son investissement à travers les devises. Parce qu’il ne peut pas venir emmagasiner des BIF alors que pour importer, pour transférer ses revenus, il lui est quasi impossible. Or, ce différentiel de taux de change au Burundi reste un handicap.
Au niveau des infrastructures, l’investisseur évalue si le pays dispose de l’électricité, l’énergie, les barrages, les routes, les aéroports, l’Internet, la communication. « Vous savez qu’au niveau des infrastructures, nous sommes vraiment dans une situation critique ».
Il regarde également la gouvernance. À ce niveau, il évalue si la justice protège les investisseurs, il regarde le droit de propriété, l’indépendance de la justice. C’est-à-dire voir si elle n’est pas à la coupe des hommes politiques.
« Il y a des agents de l’administration qui ont pu pratiquer de la corruption avec des exigences diverses de paiement ou bien exigences de participer dans le capital pour blanchir l’argent volé ». Un autre élément de la gouvernance, c’est la garantie de la concurrence, l’accès au marché public, c’est encore problématique au Burundi. D’autant plus que le niveau de la culture d’observation de la loi n’est pas là.
« On aime parler des réformes au niveau des textes, mais dans un pays où la culture d’observation des lois n’est pas encore là, les textes sont toujours écrits, mais restent des lettres mortes. Il y a toujours une différence entre ce qu’on appelle la politique formelle des lois et des textes, et ce qui se fait informellement. C’est comme la différence entre le jour et la nuit ». Au niveau de la gouvernance, il analyse aussi la qualité du leadership, la stabilité politique et le risque de conflits politiques.
L’investisseur scrute aussi la coopération régionale, pour qu’il y ait potentiellement la capacité d’exporter sa production. Il regarde le commerce transfrontalier entre les pays voisins. « Un petit pays comme le Burundi, si quelqu’un vient s’y investir, il peut avoir la volonté d’agir sur le marché, d’exporter dans la sous-région, s’il constate qu’au Burundi, la demande n’est pas suffisante. Il analyse, ainsi, les relations au niveau du commerce transfrontalier ».
Enfin, l’investisseur évalue la qualité de l’éducation dans le pays parce que c’est la base de la main d’œuvre qualifiée, dont il pourra avoir besoin pour bien investir.
« Le Burundi devra faire des efforts pour mobiliser ses financements, car il est le pays le moins nanti de la sous-région, au niveau de la mobilisation des investissements directs étrangers (IDE) », conclut Faustin Ndikumana.
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