Ce qui devait être une simple réunion syndicale s’est transformé en véritable champ de bataille, marqué par des affrontements violents et la répression brutale des journalistes venus couvrir l’événement, témoignant ainsi des tensions extrêmes au sein du SYVBU.
L’assemblée générale du Syndicat des Vigiles du Burundi (SYVBU), convoquée ce jeudi 12 septembre dans la salle C de la messe des officiers à Mukaza, a pris une tournure inattendue. Réunie à l’origine pour exprimer le mécontentement grandissant des vigiles et interpeller leurs représentants, elle a rapidement dégénéré en une contestation ouverte de Sébastien Ndayavugwa, le représentant syndical officiel.
Dans un contexte de vives tensions internes, une partie des membres du SYVBU, soutenue par le chef du personnel du SYVBU, a organisé une élection parallèle en vue de remplacer Sébastien Ndayavugwa à la tête du syndicat, poste qu’il occupe depuis 2021 pour un mandat de sept ans. Cette élection a abouti à l’élection de Bigiribakwe Méthode comme nouveau représentant syndical, malgré les protestations de Ndayavugwa qui la considère comme illégitime.
Selon le chef du personnel de la Société Vigile Burundais, l’ancien représentant syndical Sébastien Ndayavugwa ne jouit plus d’aucune reconnaissance au sein de l’entreprise. Il a déclaré : « Nous ne le reconnaissons pas dans notre société. Il ne travaille pas comme vigile burundais, alors comment est-ce qu’une personne civile pourrait diriger ceux qui sont sur le champ de travail ? Il ne va pas connaître les besoins et la souffrance de ceux qu’il dirige. »
Considérant cette élection comme un coup de force, Sébastien Ndayavugwa a officiellement porté plainte auprès des autorités communales de Mukaza pour annuler cette élection qu’il juge contraire aux statuts du syndicat. Alors que le nouveau représentant Bigiribakwe Méthode s’exprimait devant la presse, un officier de police judiciaire (OPJ) de Mukaza, agissant sur ordre de l’administrateur communal, a brusquement interrompu l’interview.
Accompagné d’agents en civil, il a procédé à l’arrestation des journalistes pour quelques heures, confisqué leur matériel et ordonné la suppression de tout élément relatif à l’événement, empêchant ainsi toute diffusion d’informations sur l’assemblée générale.
Des altercations ont éclaté suite à une divergence d’opinions entre l’ancien représentant, Sébastien Ndayavugwa, absent lors de l’événement, et l’association Vigiles Burundais. Interrogé sur les divisions au sein du SYVBU, il a déclaré : « J’ai été élu en 2021 pour un mandat de sept ans. Cette élection s’est déroulée dans le respect de toutes les procédures démocratiques.
Il est essentiel d’assurer la continuité de l’action syndicale pour garantir la défense des droits des vigiles. »
Ndayavugwa a dénoncé les nombreuses violations du Code du travail au sein de l’association. Il a précisé que l’article 591 lui garantit le droit d’exercer ses fonctions syndicales, même s’il n’occupe pas actuellement un poste de vigile.
S’appuyant sur l’article 591 du Code du travail en vigueur au Burundi, qui stipule que « le travailleur exerçant une activité professionnelle ou un métier peut, sans autorisation aucune, adhérer à un syndicat, et quiconque a quitté l’exercice de sa fonction, de sa profession ou de son métier peut continuer à faire partie d’un syndicat professionnel », Ndayavugwa a affirmé : « Cet article me confère le droit de diriger ce syndicat, indépendamment de mon activité professionnelle actuelle. »
Sébastien Ndayavugwa a lancé un appel solennel aux représentants de la Société Vigiles Burundais, les exhortant à mettre un terme immédiat aux injustices subies par les vigiles et à œuvrer collectivement pour l’amélioration significative de leurs conditions de travail.
En rappelant l’article 589 du Code du travail, qui stipule que « les pouvoirs publics, les organisations d’employeurs et de travailleurs doivent s’abstenir de tout acte d’ingérence des unes à l’égard des autres dans leurs formations, leur fonctionnement et leur administration », Sébastien Ndayavugwa a suggéré aux représentants de la Société Vigiles Burundais de se concentrer sur la résolution des problèmes concrets auxquels sont confrontés les vigiles, plutôt que de s’engager dans des attaques personnelles.
La précarité des vigiles
Les vigiles, dont les témoignages sont déchirants, sont plongés dans une profonde précarité. Comme l’a dénoncé Sébastien Ndihokubwayo, l’inflation galopante, couplée à des salaires dérisoires, empêche les vigiles de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.
Rencontré dans le quartier UNSS, en plein cœur de Rohero, un agent de sécurité nous livre un témoignage poignant de sa précarité. « Mon salaire net est de seulement 60 000 francs burundais. Avec cette somme dérisoire, je dois non seulement payer mon loyer mais aussi subvenir à mes besoins alimentaires. Il m’arrive de jeûner pendant deux jours d’affilée », confie-t-il, le désespoir dans la voix. « Pour survivre, je suis parfois réduit à acheter un simple beignet et à boire de l’eau pour tenir jusqu’au prochain repas », ajoute-t-il.
Afin de s’acquitter de son loyer, il n’a d’autre choix que de partager son logement avec quatre autres personnes. Il confie : « J’ai une famille à l’intérieur du pays, une femme et deux enfants, mais cela fait un an que je ne les ai pas vus. » Il ajoute qu’il a récemment perdu son frère, mais qu’en raison de difficultés financières, il n’a pas pu se rendre à l’enterrement.
Un autre agent, étudiant à l’École Normale Supérieure (ENS), combine études et travail pour subvenir à ses besoins. « Je reçois un prêt-bourse, mais il ne suffit pas. C’est pour cela que je travaille comme agent de sécurité pour la Société de Protection, de Sécurité et de Gardiennage (PSG). Mon salaire est de 100 000 FBU, mais c’est loin de suffire face à la cherté de la vie », déplore-t-il.
Les agents de sécurité dénoncent régulièrement les conditions de travail qu’ils jugent exploitatrices. L’un d’entre eux révèle : « Les maisons ou institutions pour lesquelles nous assurons la sécurité versent environ 180 000 FBU par mois aux sociétés de gardiennage. Dans certaines ONG internationales ou ambassades, les vigiles reçoivent un salaire net compris entre 200 000 et 250 000 FBU. Pourtant, les institutions versent bien plus que cela », ce qui laisse sous-entendre une importante marge bénéficiaire pour les sociétés de gardiennage.
Le parcours de ces jeunes hommes, souvent semé d’embûches, les amène parfois à quitter leur région natale pour étudier à Bujumbura. L’un d’eux, originaire de Kayanza, a ainsi fait ce choix. « J’ai terminé l’école secondaire en 2022. À cette époque, je travaillais comme vigile pour 50 000 FBU par mois. Je partageais un logement avec d’autres pour payer le loyer. Après mes études secondaires, je voulais poursuivre à l’université, mais avec un salaire aussi faible, il était impossible de payer le loyer, la nourriture et les frais universitaires. C’est pourquoi je n’ai pas pu continuer », raconte-t-il avec amertume.
Face à cette situation désespérante, les agents de sécurité ne cessent de réclamer une augmentation de salaire auprès de leurs supérieurs. « Parfois, il y a même des réunions, mais la situation ne change jamais », se désole un vigile, lassé de voir ses demandes rester lettre morte.
Est-ce que je viens de lire que dans le code du travail « en vigueur », il y a une loi qui autorise à quelqu’un qui n’est plus employé de non seulement continuer d’être membre d’un syndicat, mais également d’en être le président?
Continue-t-il de cotiser au syndicat?
Où trouve-t-il le temps de représenter efficacement les membres, surtout s’il est aux études et/ou s’il occupe un autre emploi?
Quel intérêt aurait-il de s’engager corps et âme dans la représentation et la défense des membres?
Comment se tient-il au courant des réalités actuelles vécues par ces derniers s’il ne les vit pas?
Pourquoi un employeur accepterait-il que le syndicat de ses employés soit présidé par une personne externe? Ou mieux : Qu’est-ce qui empêcherait un employeur de corrompre une personne à l’extérieur pour qu’il représente mal les membres de son syndicat?
Et si ce représentant se mettait à travailler pour un concurrent de l’employeur où il est représentant syndical, dans un autre poste que celui équivalent de celui des syndiqués qu’il représente? Qu’est-ce qui l’empêcherait de drainer ses anciens collègues vers le nouvel employeur? Ou encore : l’espionnage d’un côté autant que de l’autre?
Et s’il obtenait un poste de direction (cadre ou président) de la compagnie où travaillent ses syndiqués, serait-il à la fois patron et syndiqués? Je parle de ce que je viens de lire : on peut changer de profession et rester membre du syndicat).
Si cet article de cet article 591 du « code du travail en vigueur » est valide, je n’en crois pas mes yeux!
J’espère qu’il s’agit d’un passage incomplet qu’on nous a montré sinon « on n’est pas sorti de la brousse ».
Vivement aux oubliettes une telle abomination!
Comme aimait dire un grand prof d’université qui nous a quittés récemment (RIP), c’est ainsi que les Athéniens s’éteignirent, que les Perses se percèrent, que les Assyriens s’assirent, que les Thébains tombèrent, que les Thraces tracèrent, que les satrapes s’attrapèrent , que les Mèdes médirent , que les Rwandais se raidirent et que les Burundais se burinèrent. Enfin tu vois où je veux en venir. Ou peut-être pas! C’est pas ça l’important.