Vendredi 22 novembre 2024

Société

Synergie des medias : Des mesures administratives non sans effets

16/02/2023 1
Synergie des medias : Des mesures administratives non sans effets

Les mesures administratives interdisant tout rassemblements de jeunes gens désœuvrés sur la place publique sous peine de se faire embarquer pour des travaux d’intérêt général, de griller du maïs au bord de la rue et l’harmonisation du prix de la viande, n’ont pas encore eu l’unanimité. Les concernés ou victimes bougonnent Une source de déstabilisation pour certains qui peinent à trouver des alternatives.

Dossier préparé par Jimbere Magazine, Yaga, Iwacu et Burundi Eco

Et la chasse aux désœuvrés commença…

Par Emery Kwizera, Iwacu

Arrestation d’un « présumé désœuvré »

Mardi 7 février 2023 vers 11 h 30, en plein centre-ville de Bujumbura, des policiers armés circulent pour arrêter des personnes qui sont en villes sans rien faire. Ils arrêtent un à un vers un camion de la Police nationale du Burundi où ils sont en embarqués.

A cette journée, le soleil tape très fort au centre-ville. Mais, les agents de police, eux, guettent toute personne sans occupation en ville. Ils rôdent aux alentours des kiosques de la Brarudi. « Je dois acheter une limonade pour que les policiers me laissent tranquille », commente un jeune homme rencontré sur les lieux.

Selon lui, il est venu pour en rendez-vous avec son ami. « Cela est vraiment gênant, pourquoi, je ne peux pas venir à un rendez-vous sans crainte de se faire arrêter », a-t-il commenté avant de répondre à un appel téléphonique.

Tout à coup, un jeune homme chevelu est arrêté par un agent de police, il est conduit vers le camion garé devant les restes de l’ancien marché central de Bujumbura où il a rejoint une dizaine d’autres jeunes déjà arrêtés.

Celui-ci a essayé de s’expliquer sans vraiment convaincre l’agent de police qui le conduisait lentement vers le camion. Une phrase est sur les lèvres de tous ceux qui passent par le centre-ville. « Toi aussi, tu peux être embarqué. Si tu n’as rien à faire ici ».

D’après les citadins interrogés au centre-ville de Bujumbura, notamment dans les environs du parking desservant le nord de la capitale politique, la chasse aux jeunes gens sans occupation a commencé juste après la mesure annoncée le 31 janvier.

Si c’est bien évident que tu es désœuvré, font-ils savoir, la police te conduit au chantier du stade Intwari pour aider dans des travaux de construction. « C’est pourquoi il y a moins d’attroupements au tour des kiosques de la Brarudi », a expliqué une vendeuse de crédits téléphoniques sur les lieux.

Vers midi de la même journée du 7 janvier, une vingtaine de jeunes hommes est conduit dans un camion de la police au stade. « Il va revenir pour embarquer d’autres personnes », a lâché un convoyeur de bus.
Une personne rencontrée à l’entrée du Stade Intwari en construction, fait savoir que ceux qui sont arrêtés sont employés comme des aide-maçons en déplaçant du moellon, du sable, des planches, etc.

La prise de risque des vendeuses de maïs cuit

Pour ce qui est de l’interdiction du maïs grillé ou cuit au bord de la rue, la mesure a été respectée. Seules, quelques-unes des femmes qui vivaient de ce commerce osent s’aventure à refaire ce commerce réprimé.
C’est comme K.N, vendeuse de maïs cuit, rencontrée sur le boulevard Patrice Lumumba non loin de la galerie Hakizimana. Celle-ci est très connue dans cette galerie. C’est là où elle a beaucoup plus de clients réguliers.

Samedi 11 janvier vers 21h 15, la dame est assise sur un tabouret. Elle est là, elle semble tranquille même si l’inquiétude se lit sur son visage, elle propose du maïs cuit bravant l’interdiction de ce commerce. Devant elle, un gros sachet à moitié plein du maïs cuit non épluché.

Les clients viennent. Des commerçants de vêtements et de souliers à la galerie achètent. Des chauffeurs de taxi, des passants, etc. « J’ai choisi de venir à mes risques et périls », reconnaît cette maman de 4 enfants.

Selon elle, elle s’est trouvée dans l’obligation de ne pas respecter la mesure administrative interdisant le commerce du maïs grillé ou cuit au bord de la route. « Je crains de mourir au milieu de mes enfants, je suis veuve, je travaille seule, mon mari est mort, il y a 4 ans ».

Elle indique que ses consœurs qui ont des familles et des terres à l’intérieur du pays ont déjà regagné leurs collines natales. « Moi, je n’ai pas où aller. J’irais chez ma grande sœur. Mais, est-ce qu’elle pourrait m’accueillir et nourrir mes enfants et en plus de sa famille », se demandent cette veuve.

Elle fait du commerce la peur au ventre, pour gagner un peu d’argent pour nourrir ses enfants et confie qu’avant l’interdiction de son commerce, elle gagnait au moins 5 mille BIF par jour, ce n’est pas énorme.

Sur la route Mutaga III, traversant les quartiers de Kinanira, ces femmes qui grillent du maïs au bord des axes étaient nombreuses avant l’interdiction de cette activité génératrice de revenus.

Actuellement personne sur la route entre le bar dit « Kuri Frodebu » et celui dit « Kwa Vy’isi » personne ne grille du maïs, c’était pourtant une alternative à la brochette pour certains.

Les grossistes du maïs frais ne sont plus observables. « Je me suis rabattue sur la commercialisation de l’arachide grillée », témoignent une jeune maman, assise derrière une petite table avec de petits sachets d’arachides.

Elle est avec ses deux fillettes, une au dos et une autre endormie sur ses cuisses. Selon elle, le maïs grillé ou cuit pour le moment est considéré comme un produit prohibé. « La vendeuse et l’acheteur sont tous punis une fois attrapés ».

Les sources sur places font savoir que la police est venue pour les empêcher de faire leur petit commerce de maïs grillé. « Ils sont venus en pick-up et en jeep et ont éteint nos braseros ».
Ces femmes indiquent qu’elles se sont inclinées aux ordres des autorités, mais que leur vie va être de plus en plus difficile. « Nous ne voyons pas comment nous allons payer nos loyers et faire vivre nos familles », indique une mère de deux enfants abandonnés par son mari.

Et sa consœur de renchérir : « Nous finirons par faire griller le maïs de nouveau. S’ils veulent, ils nous jetteront en prison avec nos enfants, au moins là-bas nous y serons nourris ».
Quelques administratifs locaux interrogés sont catégoriques, quand une mesure tombe, il faut s’exécuter sinon on s’expose à des sanctions. « Mais il n’est pas interdit d’en parler quand il y a une rencontre avec les plus hautes autorités ».

Grogne chez les bouchers

Les bouchers exerçant au marché BCM grognent

Autre casse-tête : la régulation du prix de la viande. Les bouchers du marché dit Bujumbura City Market (BCM) dit « Kwa Siyoni » ne vendent plus de la viande sans os. « C’est pour ne pas fermer boutique ».
Les bouchers disent travailler à perte, suite à la mesure du ministère de l’Intérieur, de fixer les prix de la viande par kilogramme. Au marché, ces commerçants indiquent qu’ils préfèrent la vendre avec os à 10 mille BIF.

Ils demandent que les prix soient réduits, même à l’abattage pour qu’ils s’approvisionnent sur un tarif raisonnable. « Avec la mesure du gouvernement de réduire le prix de la viande par kilogramme à 10 mille, c’est dur pour nous. A l’abattoir, nous achetons à 10 mille BIF le kilo », confie Dieudonné Gasigwa, boucher au BCM (Kwa Siyoni).

Des questions et toujours des questions : « Comment allons-nous nous approvisionner et à combien allons-nous vendre ? » Il explique que le transport, pour une vache, se fait à 22 mille BIF de l’abattoir de Kanyosha et de 10 mille BIF à partir de l’abattoir de Kamenge, et nous nous retrouvons en train de nous approvisionner à 10.500 BIF .

Pour lui, vendre à 10 mille BIF un kilo de viande avec os et à 11 mille BIF sans os comme l’exige le ministère de l’Intérieur est tout simplement impossible. « C’est pourquoi vous ne trouvez pas de la viande sans os sur le marché. Je ne peux pas vendre de la bonne viande sans os ».

Plus de nid douillet en paille ! Amoureux, où irez-vous ?

Le ministre de l’Intérieur vient de frapper fort : les amoureux n’auront plus le droit de se marier dans une maison en toit de chaume. Avec leur faible pouvoir d’achat, la plupart des jeunes burundais se demandent s’ils vont s’en sortir. Et quid de la légalité de cette mesure ? Le point.

Par Parfait Nzeyimana, Yaga

Une maison en toit de chaume : interdite pour les jeunes mariés

Un jour, un pote à moi a voulu faire de l’humour et m’a posé une colle : « Sais-tu pourquoi les oiseaux sont plus intelligents que les hommes ? ». Inutile de vous dire que j’ai séché. Et de me répondre avec son habituel air goguenard que tout le monde lui connaît : « Parce qu’ils construisent une maison avant de fonder une famille ».

J’ai mis quelques secondes pour réaliser ce qu’il venait de me jeter à la figure. Oui, c’est vrai que les oiseaux font d’abord un nid avant de procéder à la ponte des œufs qui écloront et leur donneront des oisillons.

La relation entre cette histoire et la décision du ministre de l’Intérieur enjoignant aux futurs époux d’avoir une maison en tôles ou au moins en tuiles, avant de se marier, vous paraît-elle évidente ?

Même un SDF a le droit de se marier

De toutes les façons, les lois burundaises n’interdisent pas aux citoyens de choisir librement leurs conjoint(e)s, sans tenir en considération leurs pouvoirs d’achat, ce qui veut dire que même un sans domicile fixe (SDF) a le droit de se marier.

Le Code des personnes et de la famille en vigueur au Burundi définit le mariage comme une union volontaire de l’homme et de la femme, conforme à la loi civile (article 87). En aucun cas il ne fait allusion à la construction des maisons en dur (ou autres conditions économiques) comme un préalable à un mariage.

Dernièrement, il a été a procédé à un petit calcul pour voir combien il faudrait débourser pour avoir une maison ayant une toiture en tôles. Il faut débourser entre 300 et 400 mille FBu.

Or, le pouvoir d’achat d’un Burundais moyen était de 221,5 dollars par an en 2021 (soit 458 682,2 FBu au cours moyen de la BRB du 13 février 2023), selon les données de la Banque mondiale.
Avec ces revenus, un Burundais, de surcroît, jeune voulant fonder une famille, peut-il disposer de cette somme qui vaut, plus ou moins, à ce que gagne un Burundais moyen pendant toute une année ?

Mais que penser de cette mesure ?

A.C. est un jeune garçon de 24 ans, il habite à Kibenga, un des quartiers de la ville de Bujumbura. Il croque la vie à pleines dents. Il a du mal à comprendre la décision ministre. « Est-ce que cela ne va pas engendrer des mésententes entre l’administration et les jeunes qui n’ont pas des moyens pour acheter de tôles avant de se marier ? »

Si le gouvernement veut que les gens construisent des maisons en tôles en peu de temps, il devrait peut-être subventionner les matériaux de construction, la tôle en premier, pour faciliter la tâche aux jeunes, ajoute le jeune homme.

D’autres pays ont déjà essayé d’éradiquer les maisons en paille, mais le constat est que si vous voulez combattre efficacement ces maisons, il faut prendre des précautions et des mesures d’accompagnement, indique encore une fois ce jeune homme.

Cap sur Gitega où j’ai rencontré A.I., une femme mariée de 26 ans qui habite à Magarama. Elle ne savait pas qu’une mesure pareille a été déjà prise.

Quand elle a finalement compris que c’est bien le cas, elle a simplement laissé échapper un long soupir et une courte phrase mais qui en dit long : « Hagiye kugwira ibikwerere hamwe n’abakobwa bazosazira iwabo !», pour dire que « le nombre de jeunes gens en âge de se marier mais qui n’entendent pas se lancer dans cette aventure va augmenter, de même que les filles qui vont coiffer Sainte Catherine ! »
« Pourquoi ? », ai-je glissé. « Wibaza ko ari abahungu bangahe bazoshobora kwubaka inzu z’amabati hariya mu misozi ? (Combien de jeunes hommes pourront se construire une maison avec des tôles ondulées sur nos collines ? NDLR », a-t-elle interloqué.

Quid de la légalité de la mesure ?

« Heureusement que la mesure ne concerne que ceux qui projettent de se marier. Si cela concernait tous les Burundais et leur interdisait à tous de construire et d’habiter dans des maisons en toit de chaume, cela aurait été autre chose », indique Me Emery Bayizere de l’Ordre des avocats près la Cour d’appel de Gitega.

« La loi régissant le mariage est très claire là-dessus. En ce qui concerne le domicile des époux, après la célébration du mariage, la construction d’une maison en tôles ou en tuiles ne figure nulle part dans la loi régissant le mariage au Burundi », explique ce juriste.

Selon lui, leur interdire de convoler en justes noces parce qu’ils n’ont qu’une maison en chaume reviendrait à leur priver du droit à une union libre que la loi leur autorise pourtant. « Cette condition est un blocage quant à leur droit reconnu par le droit positif burundais », statue Me Emery Bayizere de l’Ordre des avocats près la Cour d’appel de Gitega.

Des mesures qui ne font pas l’unanimité dans l’opinion

Ces derniers jours, les administratifs ont pris des mesures qui ne font pas l’unanimité. C’est notamment la fermeture des restaurants et bistrots ne respectant pas les normes d’hygiènes ou les prix officiels des boissons. Pour le sociologue Lambert Hakuziyaremye, l’autorité doit prendre des mesures qui n’étouffent pas les initiatives de la population. Reportage.

Par Gilbert Nkurunziza, Burundi Eco

« On ne change pas une société par une mesure »

Buyenzi est le quartier populaire le plus connu de Bujumbura. Il est connu aussi pour son affairisme et ses garages à ciel ouvert et à chaque coin de rue. Ce qui fait que beaucoup de gens y ont élu domicile ou y exercent des activités génératrices de revenus.

Pour cela, l’assainissement de ce quartier pose un problème. Il y a quelques jours, les administratifs à la base ont promis de fermer les bistrots et les restaurants qui ne respectent pas les règles d’hygiène.

Cela dans le but de promouvoir l’assainissement et de lutter contre l’épidémie de choléra qui a fait quelques incursions dans certains quartiers de Bujumbura au mois de janvier 2023.

Quel est l’état des lieux ?

Le soir du vendredi 11 janvier 2023, nous avons visité un restaurant qui se trouve à la 11ème avenue de ce quartier. Comme d’habitude, ce restaurant prépare la nourriture en plein air.

Ce soir-là, c’était tout à fait le contraire. « Désormais, nous cuisinons à l’intérieur du restaurant. Si jamais nous faisons le contraire, nous nous attirons les foudres des administratifs à la base. Ces derniers nous ont mis en garde brandissant les sanctions voire la fermeture du restaurant. Cela s’inscrit dans le cadre de renforcer l’assainissement dans le quartier », fait savoir un employé de ce restaurant.

Un autre restaurant visité est celui situé à la 13ème avenue du quartier de Buyenzi qui est connu pour sa spécialité, du ’’chapati’’, une sorte de crêpe. Dans les conditions normales, ces crêpes sont préparées juste à l’entrée du restaurant, mais depuis les avertissements des administratifs, tout a changé.

« Nous avons dû changer l’endroit de préparation de nos « chapatis », car la police et les administratifs à la base nous l’ont obligé en vue de promouvoir l’assainissement », indique un des gestionnaires du restaurant. Jusqu’à preuve du contraire, nous avons appris que désormais aucun restaurant n’est autorisé à préparer la nourriture en plein air.
Par contre, au niveau des bistrots, aucun changement n’a été constaté. Les bars que nous avons visités à la 3ème avenue, à la 7ème avenue, à la 8ème avenue et à la 9ème avenue travaillent comme à l’accoutumée.

Priorités aux intérêts de la population

Avec la Covid-19 et la guerre en Ukraine, le Burundi a connu une crise économique avec des conséquences multiformes sur sa population. A cela s’ajoute la pénurie des devises et la pénurie du carburant qui ont fait que les prix sur le marché ont augmenté.

En conséquence, le citoyen lambda s’est retrouvé obligé de se débrouiller pour survivre. Malheureusement, déplore un tenancier d’un bistrot, les décisions prises déstabilisent certains débrouillards.

« Les décisions prises s’attaquent à un phénomène social qui ne peut pas s’arrêter net. Pourtant, on ne change pas une société par une mesure », explique Lambert Hakuziyaremye, sociologue et professeur dans plusieurs universités. Pour lui, si on empêche à un individu, par exemple, qui n’a pas les moyens de se marier, c’est une forme de bafouer ses droits.

Par contre, le développement est un processus. Avant de prendre des mesures dissuasives dans n’importe quel domaine, il faut montrer clairement aux concernés ce qu’il faut faire pour répondre à l’exigence ou à leur proposer des alternatives.

Pour y arriver, il faut multiplier les opportunités, créer un environnement favorable aux affaires et mettre en place des initiatives du gouvernement qui profitent aux personnes démunies. « Cela dans le but d’augmenter le niveau de vie des citoyens ».

M. Hakuziyaremye souligne que l’autorité doit s’assurer que la mesure prise n’étouffe pas les initiatives de la population étant, bien sûr, entendu que toutes les mesures doivent mettre en avant les intérêts de la population.

« Associer les concernés dans un processus décisionnel »

Pour le Pr Siméon Barumwete, spécialiste des politiques publiques, chaque entité administrative, peut prendre des mesures pour la bonne marche de la société. Mais, il estime que l’administration et les administrés doivent se concerter pour ne pas se heurter à la non-adhésion.


Que dire de l’interdiction de se retrouver sur la place publique sans rien faire, un phénomène appelé « Ligala » ?

C’est vrai que si vous êtes dans l’administration, voire des jeunes qui sont attroupés sur la place publique sans rien faire, fait penser peut-être qu’ils n’ont rien à faire et qu’ils peuvent s’adonner aux pratiques ou aux comportements nocifs, notamment la consommation des stupéfiants.

Ce n’est pas bon que des jeunes ayant la force de travailler soient attroupés dans les rues sans rien faire. Cela montre qu’il n’y a pas d’activités. Cela pose un problème non pas uniquement au niveau de l’administration, mais au niveau de leurs familles.

Faut-il les chasser ?

La question est de savoir pourquoi on les voit attroupés dans les places publiques sans rien faire. Quand même, il y a un problème qui est connu au Burundi. Celui du chômage.

Les jeunes terminent leurs études, ils ne trouvent pas de travail. C’est vrai, on a mis en place des programmes pour l’autonomisation des jeunes pour les encadrer dans l’entrepreneuriat. Mais, peut-être que ces programmes n’ont pas assez de moyens pour atteindre tout le monde.

Il faut se poser des questions de savoir pourquoi ils sont là. S’ils sont des délinquants, il faut les sanctionner. S’ils sont oisifs, sans rien faire, il faut leur donner du travail.

Le problème majeur reste de savoir pourquoi ils sont là. Peut-être au lieu de prendre des mesures répressives, il faut aller vers la prévention, les écouter pour qu’ils expriment leurs problèmes.

Aussi, il ne faut pas généraliser. Certainement, qu’il y a des jeunes qui sont au centre-ville pour s’informer. Par ce que c’est un grand carrefour où ils peuvent trouver des informations, des appels d’offres, etc.

Les gens se rencontrent pour échanger sur des opportunités. Il ne faut pas généraliser pour dire que les jeunes qui sont attroupés sont oisifs ou des délinquants. Il peut y avoir des jeunes de bonne foi. Peut-être d’autres attendent les membres de leurs familles qui viennent de l’intérieur du pays…

Que faudrait-il faire alors ?

Il appartient à la police de proximité de ne pas généraliser et de s’informer avant d’embarquer tout le monde dans des camions. Il faut distinguer les délinquants et les vrais citoyens.
A la police de bien faire son travail. L’Etat est garant de l’ordre public, mais aussi, on ne peut pas limiter les droits des citoyens sans qu’ils n’aient commis des délits ou des crimes. Nous sommes dans un pays de liberté.

L’autorité a interdit les maisons en couverture de paille pour les jeunes mariés

Depuis les années 1980, notamment sous la deuxième République, avec le président Bagaza, il voulait qu’au niveau du Burundi, il n’y ait plus de maison en paille. Or, il se pourrait que dans les années 1990, le Burundi est en train dans des crises presque interminables.

On a oublié les objectifs du développement que l’on s’était fixé. Normalement il y a l’unicité de l’administration. Les engagements qui ont été pris par les régimes précédents devraient être continués par le régime actuel.

Le problème, c’est qu’au Burundi, il arrive que des mesures soient prises sans qu’elles ne soient inscrites dans des projets développement. Nous avons un Programme national de Développement qui est là jusqu’en 2027. Dans le programme, il n’existe pas ce volet qui dit que les maisons en paille doivent disparaître. Mais si on dit, il faut abolir les maisons en paille, cela devrait être louable.

Faut-il donc exiger les jeunes mariés d’avoir une maison en tuile ou en tôle ?

Exiger aux gens qui se marient qu’ils prouvent qu’ils sont en mesure d’habiter dans une maison saine, qui remplit les normes, je pense que ce n’est pas mauvais.

Mais il faut expliquer aux gens que la commune a une option, un engagement que d’ici 2025 par exemple, il n’y ait plus des maisons en paille. Il faut que cela soit expliqué sur toutes les collines. Il faut que les citoyens soient conscients et informés de cet objectif pour que chaque citoyen s’engage à respecter ces mesures.

Et la mesure qui fixe le prix de la viande ?

Par contre, fixer le prix de la viande relève de la loi de l’Offre et de la demande. Le Burundi s’est engagé dans la politique de libéralisation des prix sauf pour le sucre et le carburant. Sinon il faut nous dire que la viande est devenue un produit stratégique.
Il faudrait de plus que cela soit une mesure prise par le ministère du Commerce qui a les compétences de le faire et non par des administratifs chacun dans son coin.

Une autre mesure prise par certaines autorités concerne l’interdiction de vente du maïs grillé ou cuit sur la rue

Ces questions naissent parce que la pauvreté a augmenté. On voit que les gens pour essayer de survivre essaient parfois de griller le maïs sur le coin de la rue, porter un panier contenant du manioc pour le vendre. Le commerce ambulant.

Tout cela, ce sont de l’informel. Et cela peut participer dans la concurrence déloyale pour des gens qui paient de l’impôt et le loyer. Il ne faut pas autoriser toutes les pratiques de résilience. Cela peut être dangereux pour les passants, mais aussi pour la sécurité.

Donc il faut encourager les gens à se mettre ensemble à travailler dans un endroit protégé. Quand on laisse les gens offrir du n’importe quoi dans la rue, on peut même offrir des produits périmés.

On comprend qu’on est dans la pauvreté. Mais, même dans la pauvreté, il faut que l’Etat régule et donne des autorisations à des gens qui s’engagent à respecter certaines normes de commerce notamment pour ne pas favoriser la concurrence déloyale. Le commerce est régi par des lois et des normes, il faut les respecter.

Cette mesure n’a-t-elle pas besoin d’autres mesures d’accompagnement ?

C’est vrai au regard de ce qui se passe, il faut encadrer ces femmes qui vendent du maïs grillé. Il faut une bonne éducation…Mais, il faut montrer d’autres alternatifs comme les regrouper dans des associations. Il faut leur donner un petit capital, elles peuvent ouvrir un restaurant où elles peuvent servir le maïs grillé, mais dans une maison connue où on peut vérifier si les normes sont respectées.

Un conseil à l’administration dans son processus de décision

Les citoyens sont intelligents, ils savent où se trouvent leurs intérêts. Ce qui est important, c’est de leur expliquer pourquoi. Quels sont les avantages d’une telle décision. Il faut associer les administrés.

Si les gens critiquent, c’est par ce qu’ils n’ont pas été informés à temps. Ils ont vu les décisions tomber. Ils ont été informés le jour de la prise des décisions alors qu’il y a moyen de sensibiliser les gens, de les éduquer, de les prévenir et de les associer dans la décision.

S’ils ont participé dans tous le processus décisionnel, ils sont prêts à adhérer et faciliter la mise en œuvre de la décision de l’administration. Si on leur impose, les décisions se heurtent à la non-adhésion.

Propos recueillis par Emery Kwizera, Iwacu

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Muda

     »S’ils ont participé dans tous le processus décisionnel, ils sont prêts à adhérer et faciliter la mise en œuvre de la décision de l’administration. Si on leur impose, les décisions se heurtent à la non-adhésion. »

    Lors du prochain remaniement ministériel, je propose au président de la République de nommer le Pr Siméon Barumwete comme Ministre des Affaires municipales et de l’occupation du territoire. Il a les capacités requises pour mettre en place la stratégie, la loi, les règlements, les guides et les mécanismes de consultation publique pour que les citoyens soient effectivement associés au processus décisionnel pour toutes les affaires qui les concernent.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 2 634 users online