Le nouveau procureur général de la République (PGR) prend la défense du système judiciaire actuel.
Le successeur de Valentin Bagorikunda bat en brèche tous les lieux communs telles les questions de la justice
à deux vitesses ou du déni de la justice. « Le Ministère public peut estimer qu’il n’y a pas matière à poursuivre, que les éléments ne sont pas suffisants. Il peut classer une affaire sans suite ou laisser un dossier ouvert en attendant que les éléments de preuve soient rassemblés ».
Le PGR fait observer que des fois, des récriminations contre la justice sont relayées par les media. Et de faire remarquer : « Il peut y avoir lynchage médiatique.
Il ne faut pas que d’autres gens viennent dire le droit à la place des magistrats ». Au constat que comme conséquence de « la justice à deux vitesses au Burundi ou du déni de justice » des avocats burundais et étrangers saisissent des juridictions internationales, le nouveau PGR fait une mise au point : « Une des conditions
pour saisir des juridictions internationales, il faut que les voies de recours internes soient épuisées ».
Lenteur de la justice: simple allégation
Il rejette le motif de la lenteur de la justice burundaise, souvent « alléguée » pour justifier la saisine des juridictions internationales.
« A la CPI, un procès peut durer même dix ans alors qu’ils ont tous les moyens ! On se met à commenter sur un système juridique d’un autre pays qui a des défis mais qui essaie de faire son mieux pour que la justice continue à fonctionner. Les procès qui traînent, ce n’est pas une exclusivité pour le Burundi ! »
Last but not least, M. Nyandwi fait observer que le système burundais n’a pas été inventé au Burundi, mais que c’est un système qui est venu d’ailleurs.
Signalons qu’au sujet de Jean Bigirimana , le journaliste d’Iwacu disparu il y a presque deux mois, le PGR informe qu’un dossier d’information a été ouvert, mais pas encore un dossier pénal, précise-t-il.
« Craint mais intègre »
Selon Me Salvator Kiyuku, bâtonnier de Bujumbura, M. Nyandwi était un homme intègre et très discret quand il était magistrat à la Cour d’appel et à la Cour suprême.
Au secrétariat permanent, il est resté intègre ; « un cadre serviable et très accueillant ». Pour le bâtonnier, « le nouveau PGR maîtrise visiblement le droit ». Au sujet des appréhensions de certains comme quoi le PGR risque d’être un homme au service du pouvoir, Me Kiyuku répond : « Si rien ne change, je pense qu’il va ordonner des instructions à charge et à décharge. Il n’est pas facilement influençable ». Et de conclure : «
Le barreau a confiance en lui et espère qu’il va contribuer à la bonne administration de la Justice ». Pour l’activiste de la société civile Gabriel Rufyiri, M. Nyandwi est un homme « peu bavard et qui est craint.
Mais quand on l’aborde, c’est quelqu’un qui sait écouter. Il faut seulement l’affronter, il n’est pas mauvais ».
Ascension fulgurante
Seulement treize ans dans la magistrature. Mars 2003, licencié en droit (Université du Burundi), début de carrière
comme juge au Tribunal de Grande Instance de Makamba.
Il sera muté en au TGI Mairie en 2006. La même année, promotion à la Cour d’Appel de Bujumbura. Octobre 2006 à mars 2011, juge à la Cour Suprême. Mars 2011- juin 2011 : chef de cabinet au ministère de la Justice .
De juin 2011 au 12 août 2016 date de son approbation par le Sénat comme PGR, il était secrétaire permanent au ministère de la justice. Ce père de deux enfants est natif de la commune Isare de la province Bujumbura.