Des périodes de crise sont propices au climat de suspicion et de méfiance. Des violences de masse peuvent éclater. Brigitte Nshimirimana, experte en résolution des conflits et consolidation de la paix par le dialogue, appelle tout un chacun à la retenue.
« Par suspicion, on comprend des accusations gratuites, injustes et spontanées portées contre un groupe ou membres d’un groupe donné. Elle consiste à chercher un bouc-émissaire en cas d’une situation problématique qui prévaut dans la société », explique Brigitte Nshimirimana, experte en résolution des conflits et consolidation de la paix par le dialogue.
Pour Brigitte Nshimirimana, les suspicions gagnent du terrain pendant les périodes de tension et d’impasse dont les tenants et les aboutissants ne sont pas élucidés. Il s’agit notamment des périodes de crise, conflit, guerre ou conditions de vie difficiles, etc.
« Des suspicions vont bon train au sujet des auteurs des actes violents survenus dans la société. Cela peut être une attaque armée dans une localité, un vol ou des échauffourées. Si des enquêtes ne sont pas menées, il y a lieu de penser aux gens avec qui les relations n’étaient pas bonnes».
Cette situation aboutit, fait savoir l’experte, à des conséquences graves dans la société. Certains individus d’un groupe donné montent au créneau pour désigner autrui comme le bourreau. Si dans le passé les deux groupes avaient des relations tendues, souligne-t-elle, les antécédents du conflit précédent resurgissent et se cristallisent.
En outre, ces accusations gratuites conduisent à la détérioration des relations de voisinage. Des vengeances trouvent un terrain propice, faute de lumière sur les faits. « Les membres du groupe indexé ne restent pas indifférents. Ils cherchent à se protéger et à se défendre par tous les moyens. C’est la guerre et des violences de masse qui s’en suivent». C’est une situation catastrophique, insiste-t-elle, qui n’avantage personne.
Brigitte Nshimirimana appelle tout un chacun à la patience et à la retenue afin d’éviter d’adopter des positions radicales : « Evitez la suspicion. Restez unis, sereins et solidaires en période difficile. Il faut attendre la communication officielle à l’issue des enquêtes. Ce sont des instances habilitées qui doivent faire la lumière sur les mobiles et les auteurs du crime survenu dans la société.»
Les autorités sont invitées à procéder à des enquêtes immédiates sur toute situation confuse afin d’éclairer l’opinion. « Plus on traîne à faire la lumière sur une situation donnée, plus les suspicions augmentent avec des conséquences désastreuses», prévient Mme Nshimirimana.