Le ministre de l’Environnement a suspendu provisoirement, ce 4 août, les activités d’extraction du moellon, du sable, du gravier et de l’argile dans les rivières Kanyosha, Kizingwe et Mugere. Raison : ces activités menacent l’environnement et les habitations riveraines. Des coopératives exploitant ces matériaux disent disposer des permis d’exploitation.
« Des activités de curage et d’extraction de l’argile sont faites dans ces trois rivières en ignorant toute réglementation en la matière. Cela menace les habitations riveraines. Ainsi, nous venons de suspendre provisoirement ces activités pour protéger la population et l’environnement », a indiqué Sanctus Niragira, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, après une descente effectuée sur ces rivières, ce 4 août.
Il a appelé les exploitants de ces matériaux de construction dans les rivières Kanyosha, Kizingwe et Mugere à présenter au ministère les permis d’exploitation en leur disposition pour que les services techniques puissent analyser la faisabilité de ces différentes activités sans compromettre l’environnement et sans porter préjudice aux infrastructures de la population. Il exhorte l’administration locale et les services de sécurité à veiller au strict respecter cette mesure.
A 10 heures ce 8 août, des activités de curage continuent à la normale dans la rivière Mugere au sud de la ville de Bujumbura. Des bennes font des navettes et y circulent pour le transport du sable, du moellon ou du gravier.
Des enfants et des adultes, des hommes et des femmes, font tous l’extraction de ces matériaux de construction « pour gagner la vie ». Ils se reconnaissent tous membres des coopératives agréées par le ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines. Certains disent ignorer cette mesure récemment prise par le ministre de l’Environnement arguant qu’elle ne les concerne pas.
« Il faut plutôt traquer des exploitants illégaux »
« Nous continuons les activités, car nous avons signé des contrats avec le ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines. Les permis d’exploitation en notre disposition restent en vigueur tant qu’on n’a pas encore reçu aucun autre document portant suspension de nos activités », indique un responsable d’une coopérative faisant l’exploitation artisanale du moellon, du sable et du gravier dans la rivière Mugere.
Selon lui, les coopératives font le curage d’une façon professionnelle en protégeant l’environnement et surtout les berges de la rivière : « On extrait le moellon et le sable de façon à bien préparer le lit de la rivière pour que ses berges ne soient pas menacées pendant la saison pluvieuse ».
Il confie que sa coopérative paie environ 3 millions BIF chaque année dans différents services de l’Etat pour obtenir le permis d’exploitation : « En plus de la taxe payée à l’OBR, chaque coopérative paie 1 million BIF par an pour avoir une attestation de conformité environnementale. Dans la totalité, on paie environ 3 millions pour avoir tous les documents requis ».
Pour certains artisans, membres des coopératives, l’extraction du moellon, du sable et du gravier protège l’environnement au lieu de le menacer. Cependant, ils dénoncent des exploitants illégaux qui menacent les berges des rivières. Pour eux, le ministère de l’environnement devrait plutôt traquer ces derniers : « Il ne faut pas globaliser. Il faut plutôt arrêter ceux qui ne respectent pas la loi ».
Selon d’autres exploitants, la suspension des activités est un coup dur pour leurs familles. « Il y aura un manque à gagner énorme pour nous. En travaillant ici, je peux facilement nourrir ma famille et payer la scolarité de mes enfants. C’est mon gagne-pain », explique un père de sept enfants, habitant de Ruziba dans la zone urbaine de Kanyosha.
Une mesure salutaire
Pour les habitants riverains de la rivière Kanyosha, la suspension des activités de curage dans cette rivière pourra sauver leurs maisons. Certains craignent qu’elles ne s’écroulent avec la prochaine saison pluvieuse, suite à l’affaissement des berges de cette rivière. Pourtant, ils dénoncent que des activités continuent dans cette rivière malgré la mesure du ministère de l’Environnement.
« Ma maison présente déjà des fissures. Les berges de la rivière Kanyosha deviennent de plus en plus fragile suite à l’extraction du sable, du moellon et du gravier. Certaines maisons se sont déjà écroulées. Cette mesure est bonne bien qu’elle ait été prise tardivement », fait savoir un habitant du quartier Busoro dans la zone urbaine de Kanyosha.
Il appelle le ministère de l’Environnement à faire le suivi régulier pour le strict respect de cette mesure : « De telles mesures ont été prises par le passé, mais il n’y a pas eu de suivi. Les administratifs sont en quelque sorte complices. Pour le respect de cette récente mesure, il faut que la police et l’administration s’y impliquent davantage ».
Selon l’ordonnance du ministre de l’Hydraulique de l’Energie et des Mines portant octroi d’un permis d’exploitation artisanale du moellon, du sable et du gravier à une coopérative opérant dans la rivière Mugere, cette coopérative doit conduire les travaux avec diligence de manière à assurer une exploitation rationnelle et la protection de l’environnement.
La coopérative bénéficiaire de ce permis d’exploitation est tenue de dénoncer tous les exploitants illégaux œuvrant dans son entourage en informant l’administration à la base ou le ministère ayant les mines et les carrières dans ses attributions.
Comme tous les ministeres ne sont pas egaux, il faut que celui dont les ordres / mesures ne sont pas respectes par les concernes soit tout simplement raye et integre dans un autre dont les ordres s’executent avant meme qu’ils soient annonces. Les lecteurs comprendront a quel ministere je fais allusion!
Les Burundais ne savent peut-etre pas que ce ministere existe. Et cela pour sauver quelques sous au budget du pays qui en a tellement besoin.