Les jeunes qui ont bénéficiés des formations techniques du Programme de Développement des Filières (PRODEFI) à travers sa composante Emploi des jeunes ruraux (EJR) ne tarissent pas d’éloges des bienfaits de ces formations. Aujourd’hui sur terrain, certains ont initié des projets créateurs d’emplois.
«Avant, je ne savais pas bien souder mais avec les formations de renforcement du PRODEFI, je me suis beaucoup amélioré», indique Nestor Tuyisabe, un jeune de la commune Gihanga qui a suivi la formation. Aujourd’hui, poursuit-il, lui et ses amis peuvent fabriquer des portes métalliques, des fenêtres, des chaises, ainsi que des étagères. «Ces formations m’ont beaucoup aidé dans ma vie. Aujourd’hui, je n’ai pas de problèmes à nourrir ma famille.» Nestor Tuyisabe espère ouvrir, dans un avenir proche, son propre atelier de soudure. A Gihanga, ils sont 10 jeunes à avoir bénéficié de cette formation en soudure. «Nous sommes en train de voir comment créer une association afin d’acheter un groupe électrogène car nous avons un problème d’électricité.»
Chanelle Nsengiyumva, une jeune femme de la commune Gihanga, a aussi suivi une formation en couture. «Après la formation, j’ai ouvert un atelier et maintenant, j’emploie 6 travailleurs.» Elle assure que cet atelier lui a permis de construire deux maisons et d’acheter des parcelles. «Je remercie le PRODEFI-EJR, car la formation a permis à notre famille de vivre décemment. Nous avons un toit et nos enfants ne manquent de rien», renchérit Darius Nikunda, son époux.
Quant à Claude Ndabisunze, un jeune de Gihanga, il a suivi le programme axé sur trois modules à savoir Trouver l’idée de votre entreprise (TRIE), Créer votre entreprise (CREE) et enfin Gérer mieux votre entreprise (GERME) dispensé par la composante EJR. «J’ai pu ouvrir deux salons de coiffure et un studio de musique. Toutefois, je me heurte à un problème d’électricité. J’aimerais avoir un groupe électrogène ou une plaque solaire puissante.»
Des contrats avec le PRODEFI-EJR
Elie Nsengiyumva, président de la coopérative des agri-éleveurs de Mitakataka, a lui aussi suivi les trois modules. «Aujourd’hui, nous savons faire un plan d’affaire et aussi faire une bonne gestion de notre entreprise.» D’après lui, ces nouvelles connaissances leur ont permis d’embaucher 6 jeunes. Cette coopérative vient de signer un contrat avec le PRODEFI-EJR et ce dernier va leur fournir une nouvelle décortiqueuse de riz. «C’est une grande joie pour nous.» Et d’exhorter les autres jeunes à se rassembler en associations.
Au chef-lieu de la province Bubanza, les 3 propriétaires de l’atelier «La Joconde», qui fait les arts plastiques et le design, ont suivi le module GERME. «Le PRODEFI nous enseigné comment faire la gestion de notre entreprise ainsi que la comptabilité. Cela revêt une importance capitale pour nous car ça nous a permis de prospérer», confie Kennedy Niyodusenga, chargé de l’administration et des finances. Les défis pour ces jeunes sont le manque de matériel et de débouchés. «Nous venons de signer un contrat avec le PRODEFI-EJR, afin d’avoir ce matériel. C’est un poids énorme dont on vient de nous décharger.»
La province Ngozi n’est pas en reste
Chanelle Kanyamuneza est à la tête de l’Association Beauté Plus qui compte 6 membres. Trois d’entre eux ont suivi le module GERME et par après ils ont ouvert un salon de coiffure au chef-lieu de la province Ngozi. «Comme nous avons un problème de matériel parce qu’il coûte très cher, nous avons fait un plan d’affaire que nous avons présenté au PRODEFI.» D’après un contrat qu’elle vient de signer, le Programme lui fournira du matériel d’une valeur de 3 millions de Fbu. «Avec cet appui, on espère se développer et donner du travail à plus de jeunes.»
Même son de cloche de la part de Gérard Ntawiha de Ngozi. «J’avais demandé au PRODEFI une table de billard, un écran plat et une radio pour équiper mon cabaret. Mon rêve vient d’être exaucé.» C’est la même joie chez Nadège Irakoze, présidente de l’Association Art et Innovation de Ngozi. Cette association va recevoir du matériel d’une valeur de 11 millions de Fbu.
«Après la formation en soudure, nous avons fondé une association», témoigne Gilbert Nduwayo, responsable de l’Association Ishaka mu Bikorwa. Cette organisation compte 8 jeunes garçons qui ont suivi une formation dans le cadre de la composante EJR. «Ces formations nous aident à mieux structurer notre travail et à bien gérer notre entreprise.» Avec le bénéfice, ces jeunes ont pu ouvrir un restaurant et donner du travail à d’autres jeunes. «Seulement, nous manquons d’outils de travail. »
C’est le même problème qu’éprouve Pacifique Niyonkuru de la colline Katika, zone Rukeco en province Ngozi. L’histoire de ce jeune homme est extraordinaire. Après la formation sur le module GERME, il a ouvert son entreprise : Boulangerie-Pâtisserie Bueno Apetito. «J’ai commencé avec 200.000 Fbu après la vente de mon téléphone portable et mon vélo.» Aujourd’hui, ce jeune universitaire emploie 30 personnes alors qu’il avait débuté avec un seul employé. «Je fabrique des pains, des beignets, des chapati, des samboussa, etc. J’utilise 20 sacs de farine de blé par jour et je possède 6 points de vente.» Le seul bémol, ce sont les coupures répétitives de l’électricité qui lui font perdre beaucoup d’argent. «J’aimerais avoir un groupe électrogène et un moyen de déplacement pour mes marchandises.»
Rappelons que la composante Emploi des Jeunes Ruraux (EJR) a été initiée en 2013 afin d’appuyer les initiatives individuelles ou collectives des jeunes dans le but d’améliorer leur employabilité. Elle a déjà permis la création de plus de 10.000 emplois. En ce qui concerne le financement du matériel, le PRODEFI fait un contrat avec ces jeunes et il donne 80% du montant et les jeunes se chargent d’apporter leur contribution des 20% qui restent.
Bravo à tous ces jeunes. Dire qu’ils peuvent envahir le marché de l’EAC il n’y a qu’un pas. Mais il faut que le gouvernement fasse son travail aussi : énergie, voies de communication,…