«Laisser les gens manifester pacifiquement, cela honore le pays et ses institutions », a estimé, en substance, Valérie Muco, journaliste à la radiotélévision nationale du Burundi, lors d’une émission de club de la presse. Il réagissait ainsi à l’attitude « positive » de la police nationale qui a laissé faire la récente marche silencieuse des journalistes en guise de soutien au correspondant local de la Radio France Internationale(RFI) et de la radio Bonesha Fm, Hassan Ruvakuki dont la condamnation en appel à trois ans de prison a encore consterné les professionnels des médias.
Le même intervenant s’est demandé si la peine de trois ans à laquelle a été condamné en appel Hassan Ruvakuki n’était pas une façon pour la justice de trouver une voie de sortie honorable. Surtout qu’Hassan a déjà purgé le quart de cette peine et est donc éligible à une liberté provisoire comme le permet la loi. Sinon, «beaucoup de gens savent qu’Hassan n’a commis aucun délit de presse punissable de cette façon. Le combat doit donc continuer ».
De son côté, Patrick Nduwimana, le directeur de la radio Bonesha FM, soutient que la marche était une protestation contre la condamnation insensée d’Hassan Ruvakuki. Selon lui, la seule consolation est qu’à Gitega, il y a eu des juges qui ont surmonté les pressions pour ne dire que le droit. « En somme, nous avons marché pour dire aux juges de cesser d’être manipulés. Nous sommes prêts à aider les juges à réclamer leur indépendance. Nous savons aussi qu’il y a beaucoup de gens qui soutiennent Hassan. » Et d’ajouter : « Ces gens sont convaincus qu’une justice saine est la priorité des priorités dans un Etat de droit. Une justice indépendante est encore la condition sine qua non du développement durable ».
Palice Ndimurukundo, journaliste à la radio publique africaine (RPA), quant à lui, a dit « chapeau bas » aux organisateurs de la marche pacifique. Idem pour la police qui a laissé faire la marche.