Vendredi 22 novembre 2024

Santé

Suppression de la CAM : peurs du lendemain

18/01/2020 Commentaires fermés sur Suppression de la CAM : peurs du lendemain
Suppression de la CAM : peurs du lendemain
Marie Ntunzwenimana : « La meilleure option pour nous est de quitter ce monde plutôt que tomber malades sans pouvoir nous faire soigner.»

Quelques citoyens ont exprimé leur angoisse, ce vendredi 17 janvier, à Bujumbura, face à l’annonce de la suppression de la carte d’assistance médicale par le ministre de la Santé publique.

12h. Nous sommes à Kanyosha sur une petite rue en terre battue. Aux portes du centre de santé de cette zone du sud de Bujumbura, Maduwa Rutayisire est un vieil homme à la jambe coupée, assis sur une chaise en bois devant laquelle il étale son petit commerce. De petits savons de lessive alignés, quelques biscuits et paquets de cigarettes, etc. Les articles vendus par l’homme de 67 ans en t-shirt rose bonbon tiennent sur une petite table rectangulaire. C’est là qu’il tire l’essentiel de ses revenus pour subvenir aux besoins de ses quatre enfants. « Si cette carte n’est plus d’usage, on est foutu », démarre d’emblée Maduwa. Il explique que la CAM lui permettait de se faire soigner avec sa famille. « Où allons-nous trouver les moyens pour nous faire soigner avec la nouvelle carte d’assurance médicale qui sera mise en place ? », s’inquiète Rutayisire. L’homme âgé demande à l’Etat, non de revenir sur cette décision, mais de revoir au moins à la baisse les frais de soins à l’hôpital.

De l’autre côté de la petite voie poussiéreuse, Marie Ntunzwenimana, 80ans, habite une modeste demeure avec son époux, Gérard Ngendakuriyo, 103ans. La dame du troisième âge est assise les pieds allongés sur une natte. Le couple absorbe un plat de haricots accompagnés de pâte dure. « Nous sommes sans voix. Des lendemains très difficiles s’annoncent pour nous », dit Marie avec une voix mélancolique. Elle révèle qu’elle et son mari n’ont aucune ressource et survivent grâce à des âmes charitables. La fin de la CAM est un coup dur pour elle et son mari. « La meilleure option pour nous est de quitter ce monde plutôt que tomber malades sans pouvoir nous faire soigner », affirme la vieille dame, résignée. Au moment de partir, Marie lance cet appel à l’Etat : « Ne nous délaissez pas ! »

Pour rappel, le ministre de la Santé publique, Thaddée Ndikumana, avait déclaré, mercredi 15 janvier, à l’Assemblée nationale la fin de l’usage de la carte d’assistance médicale, instaurée en 2012. Place désormais à la carte d’assurance médicale. Sans donner plus de précisions, le ministre a annoncé que « les plus vulnérables » auront droit à une carte d’indigence.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 2 586 users online