Jeudi 26 décembre 2024

Editorial

Stop !

12/04/2019 Commentaires fermés sur Stop !

« Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la disparition forcée. »

Par Léandre Sikuyavuga

C’est ainsi que stipule le deuxième article de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

Dans sa dernière édition, Iwacu avait alerté sur l’intolérance politique qui prend des allures inquiétantes. Mais cela se limitait aux menaces, aux arrestations. Les résultats des investigations que les journalistes viennent de mener dans la commune Gitega font froid dans le dos. Des disparitions, des assassinats aux mobiles politiques.

Mais le cas d’Emmanuel Ndayishimye de la colline Bwoga est emblématique. Selon les investigations de nos journalistes, après avoir échappé de justesse à un meurtre, menotté et visage bandé, il se présente devant des habitants de la colline Mirama, lieu du crime. Ces derniers le remettent à une position militaire érigée au barrage de la Ruvubu. Le commandant de cette position cherche sa famille et le lui remet. Mais voilà qu’il est de nouveau embarqué par un commissaire de police provincial « pour des raisons d’enquête » et pour ne plus être revu par sa famille.

Apparemment, Emmanuel Ndayishimiye est un témoin gênant. N’eût-été lui, personne ne saurait ce que seraient devenus ses deux autres compagnons d’infortune. Leurs familles, leurs amis chercheraient à connaître en vain leur sort.
Les conséquences sont énormes et néfastes. Si par chance M. Ndayishimiye sortait vivant de ce cauchemar, il risquerait sûrement de souffrir pendant longtemps des conséquences physiques et psychologiques de cette forme de déshumanisation et des brutalités et actes de torture qui l’accompagnent. La famille subira également une lente torture mentale. A l’instar de cette femme, sexagénaire, qui se pointe souvent à l’aéroport, dans l’espoir de revoir son père disparu en 1972.

Cette situation doit impérativement s’arrêter. Personne ne devrait rester indifférent.

« Toute femme, tout homme a droit à la liberté de sa personne, notamment à l’intégrité physique et psychique et à la liberté de mouvement. Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », précise l’article 25 de notre Constitution.

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