Jeudi 31 octobre 2024

Politique

Stef Vandeginste : « Le Code électoral du Burundi n’oblige personne à aller voter »

29/10/2024 4
Stef Vandeginste : « Le Code électoral du Burundi n’oblige personne à aller voter »
Pr Stef Vandeginste : « En l’absence actuelle du vote obligatoire, un ’’encouragement’’ ne devrait pas se transformer en ’’menaces’’ ni en ’’obligations avec sanctions’’ »

Des décisions tombent un peu partout au pays. Communes Mpanda, Kiremba, Mugina, Buyengero, Mairie de Bujumbura…, les administrateurs communaux, les chefs de zones, les directeurs provinciaux ou communaux de l’enseignement, les chefs de collines, … donnent des directives.
Le mot d’ordre : « Tout le monde doit s’enrôler pour les élections de 2025, de gré ou de force ».

La population semble désorientée. Le couperet plane au-dessus de la tête des récalcitrants : « Aucun service de l’Etat pour ceux qui n’ont pas de récépissé d’enrôlement.» Des questions taraudent l’esprit de la plupart des Burundais : « Est-ce un droit ou une obligation ? »

La boucle est bouclée lorsque le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a animé une conférence de presse le 25 octobre 2024.

M.Prosper Ntahorwamiye semblait approuver cette manière de faire. Selon lui, exiger un récépissé certifiant son enrôlement par les administrations locales ne constitue pas une atteinte aux droits des citoyens, mais une manière de responsabiliser la population.

« Si l’État encourage la participation aux élections, il n’empiète pas sur les droits des citoyens. D’ailleurs, je pense qu’il faudrait envisager de rendre le vote obligatoire dans notre prochain Code électoral. De nombreux pays ont déjà adopté cette mesure. Le vote ne serait plus seulement un droit, mais une obligation », a-t-il laissé entendre.

Le Pr Stef Vandeginste est d’un autre avis

« Il est bien clair qu’à l’heure actuelle, étant donné que le Code électoral du Burundi n’oblige personne à aller voter, on ne peut a fortiori pas obliger les citoyens à s’enrôler pour des élections … auxquelles ils ne sont pas obligés à participer », réagit le Professeur Stef Vandeginste, constitutionnaliste belge et chercheur à l’Université d’Anvers qui suit de près la situation politique burundaise et surtout les élections dans ce pays.

Et d’ajouter : « Il est vrai que certains pays, y compris la Belgique, quand il s’agit des élections au niveau national ou régional, connaissent une obligation à participer aux élections ».

Mais, nuance-t-il, ces pays constituent une petite minorité à l’échelle mondiale, et, en plus parmi eux, rares sont les pays qui imposent des sanctions aux citoyens qui ne participent pas aux élections en dépit de cette obligation.
« Il est positif que les autorités encouragent les citoyens à participer aux élections. Mais, en l’absence actuelle du vote obligatoire, un « encouragement » ne devrait pas se transformer en ’’menaces’’ ni en ’’obligations avec sanctions’’ qui risquent d’ailleurs d’être arbitraires si n’importe quelle autorité administrative locale peut les imposer ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. jereve

    C’est clair que notre code électoral permet à nos administrations de convaincre les populations à s’inscrire et aller voter, mais il n’autorise pas à les contraindre à le faire. Si les administrations en arrivent à user de la contrainte, c’est qu’elles n’ont pas d’arguments pour convaincre. Mais aussi si les populations tournent le dos à tout ce tralala d’élections, c’est qu’elles ont des raisons de le faire. Cela devrait nous faire réfléchir.
    Nous devons pourtant faire attention pour ne pas tomber dans le schéma des deux récentes élections en Afrique: 1) le taux de participation aux élections présidentielles en Tunisie avoisinait, selon certaines sources, les 27%, mais le président sortant a été élu aux environs de 90%. 2) idem en Algérie où le taux de participation était aux environs de 25%, ce qui n’a pas empêché le président sortant d’être élu aux environs de 94%. Ces chiffres peuvent être contestables, mais la tendance ne l’est pas pour autant.
    Nous avons donc intérêt à participer massivement à tout le processus électoral, exactement comme nous l’avons fait lors des élections de notre regretté Président Ndadaye en 1993. Si non, nous prenons le risque d’ouvrir une voie royale au parti dominant.

    • RO

      Quid de celui qui se fait élire à 99,99%?

  2. Kiradodora

    Yooo!!!! Et demain,on va crier qu’on n’a empecher les gens d’opposition d’aller voter, Et pourtant maintenant ils sont entré de dire que s’insrire n’est pas obligatoire. Abo ba DDnibahimiriza abantu babo bakiyandikisha kubwishi, ejo muzohava musubira kutubwirako amatora yibwe,kandi mwaranse kwiyandikisha, bisigura ko mutazotora. Aho muracipfuza z’antwaro z’amagaburanyama? Kandi abao ba rutuku nibo bazoba abambere bazovuga koopposition bayibujuje gutora!!! Quelparadoxe!!!

    • Jean

      @Kiradodora
      Vous avez écrit : »Et demain,on va crier qu’on n’a empecher les gens d’opposition d’aller voter. »
      Quelle drôlerie et quelle candeur !

      Envers qui l’opposition va crier?D’ailleurs y-a-t il une opposition au Burundi?

      Le seul parti d’opposition sérieux au Burundi était le CNL de Rwasa avant qu’elle ne soit récemment démantelé par le cndd fdd.

      Les autres ne sont que des partis fantoches et insignifiants qui ne sont en fait que des ailes du cndd fdd;composés d’amateurs qui se fichent éperdument du sort de la population en général;uniquement intéressés par leurs petits lucres.

      Dans ce contexte lamentable, à quoi bon participer à cette mascarade, à ce spectacle ridicule et biaisé que sont les élections, si toutes les cartes sont déjà distribuées à l’avance ?

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Honorons nos héros nationaux !

« Le 21 octobre 2024, une journée qui tranche avec la tradition ! Les faits sont troublants ! » C’est le titre de la déclaration du parti Sahwanya-Frodebu au lendemain de la commémoration du 31ème anniversaire de l’assassinat du Président (…)

Online Users

Total 3 014 users online