Jeudi 21 novembre 2024

Politique

Stef Vandeginste : « Il serait utile d’évaluer le système des quotas en fonction de ses objectifs »

21/02/2023 26
Stef Vandeginste : « Il serait utile d’évaluer le système des quotas en fonction de ses objectifs »
Le professeur à l’Université d’Anvers dit espérer que le Sénat organise un processus inclusif pour évaluer le maintien ou la suppression des quotas ethniques.

Le 6 février dernier, à l’occasion de la célébration de la fête de l’unité nationale, le président du Sénat a déclaré vouloir lancer un débat national sur la suppression ou non des quotas d’équilibre ethnique contenus dans l’Accord d’Arusha. Est-ce, pour vous, le moment opportun de lancer ce débat ?

Oui, il me semble que le moment est bien opportun. La Constitution du 7 juin 2018, dans son article 289, accorde un délai de 5 ans au Sénat pour évaluer le système de quotas ethniques dans l’exécutif, le législatif et le judiciaire afin d’y mettre fin ou de le maintenir.

A cet article s’ajoute d’ailleurs une autre disposition, qui était déjà contenue dans la Constitution du 18 mars 2005, concernant les corps de défense et de sécurité. La Constitution impose un maximum de 50% de membres de ces corps appartenant à un groupe ethnique particulier «pendant une période à déterminer par le Sénat» (article 263).

Et selon vous, est-ce le moment opportun de lever les quotas, comme le président du Sénat l’a suggéré ?

Il m’est difficile d’évaluer l’opportunité du maintien ou de la suppression de ces quotas. Il appartient plutôt au Sénat et aux Burundais de faire cet exercice. Toutefois, ce qui me semble important, c’est de bien définir les critères d’évaluation, qui ne sont d’ailleurs pas spécifiés dans la Constitution.

A mon humble avis, il serait utile d’évaluer le système des quotas en fonction de ses objectifs. Pourquoi les a-t-on introduits ? Pour mieux comprendre la raison d’être des quotas ethniques, il faut donc remonter dans le temps, jusqu’à l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation du 28 août 2000 et aux travaux préparatoires de la Constitution de 2005.

En lisant ces textes, on retrouve entre autres les objectifs suivants : organiser un partage équitable du pouvoir, assurer la représentation des segments ethniques dans les institutions publiques, garantir leur sécurité physique, remédier à l’exclusion, corriger les déséquilibres existants, prévenir les actes de génocide et les coups d’Etat, etc. Est-ce que ces objectifs ont été (suffisamment) réalisés ? Cela me semble être la ‘grille d’évaluation’ qui s’impose à cet exercice que doit mener le Sénat.
Il faut aussi prendre en compte qu’au niveau de la magistrature, les quotas n’ont été introduits qu’en 2018 (article 213). Est-ce que, 5 ans plus tard, ils n’ont plus de raison d’être ?

Et que pensez-vous de l’argument du président du Sénat qui a notamment défendu qu’il n’y a qu’une  »ethnie au Burundi : l’ethnie burundaise » ? Des observateurs politiques craignent une dynamique d’exclusion politico-ethnique occasionnée par la suppression de ces quotas d’équilibre ethnique.

La Charte de l’Unité nationale du 5 février 1991 dit en effet que le peuple burundais « accuse une homogénéité culturelle rarement égalée ». Elle ajoute que la qualité de Murundi doit primer sur les étiquettes ethniques, régionales ou claniques.

Or, nous savons qu’au même moment, les ethnies étaient bien une réalité sur terrain. Dans son discours du 6 février 2023 à Gitega, le Président de la République a rappelé que, quelques mois après l’adoption de la Charte, des tueries basées sur les identités ethniques se sont encore une fois (re)produites. Tout comme l’histoire de bien d’autres pays, l’histoire du Burundi démontre donc que les ethnies peuvent être construites, devenir une réalité et, surtout, peuvent être instrumentalisées, parfois avec des conséquences extrêmement violentes.

Les ethnies peuvent également – mais beaucoup plus difficilement – être déconstruites, surtout dans un contexte d’homogénéité culturelle, linguistique et religieuse. Je ne sais pas si le Burundi a déjà atteint ce stade. L’existence d’ethnies n’empêche d’ailleurs pas leur cohabitation pacifique. Cela dépend du cadre institutionnel et de l’éventuelle instrumentalisation du fait ethnique à des fins politiques.

D’ailleurs, pour répondre à la seconde partie de votre question, l’absence (ou la prétendue absence) d’une diversité ethnique peut également être politiquement instrumentalisée. A titre comparatif, il n’est par exemple pas une coïncidence qu’au Rwanda, la Constitution ne reconnaît pas la diversité ethnique de la population.

Pourquoi est-ce le Sénat qui est en charge de l’évaluation du système des quotas ethniques ?

Cela est tout à fait logique eu égard à l’histoire constitutionnelle récente du Burundi. Ici encore, l’Accord d’Arusha peut nous aider à mieux comprendre. Un sénat ethniquement paritaire (50% de Hutu et 50% de Tutsi, sans oublier la cooptation de trois sénateurs de l’ethnie twa) et doté de pouvoirs importants y a été créé. Lors des négociations d’Arusha, la création d’un tel Sénat était fortement soutenue par les partis à dominante tutsi (le G10) et contestée par les partis à dominante hutu (le G7).

Sa conception était, en effet, perçu comme accordant un ‘pouvoir de veto’ aux représentants de la minorité démographique. Parmi d’autres compétences, il était prévu que le Sénat contrôle l’application des dispositions constitutionnelles exigeant la représentativité ethnique dans les institutions de l’Etat. Vu sous cet angle, il est donc logique que l’évaluation de l’usage des quotas ethniques se fasse au niveau du Sénat.

Or, entretemps, sur le plan politique, le rapport des forces a complètement changé. Les architectes de l’Accord d’Arusha et de la Constitution de 2005 ne s’étaient très probablement pas attendus à ce que 34 des 36 sénateurs élus (y compris 17 des 18 sénateurs tutsi) soient issus du même parti politique, comme c’est le cas actuellement.

Dans une telle situation, que reste-t-il du fameux ‘pouvoir de veto’ susmentionné ? Une question intéressante sera donc celle de savoir quelle sera la position des sénateurs tutsi du Cndd-Fdd ? Pour eux, le Sénat ethniquement paritaire (et les quotas ethniques plus en général) constitue en quelque sorte une assurance-vie politique. Mais, en même temps, leur avenir politique dépend encore davantage de leur fidélité aux consignes de leur parti politique.

Le Sénat peut donc décider de mettre fin aux quotas ?

Non, le Sénat ne prend aucune décision définitive. Il faut espérer que le Sénat va d’abord organiser un processus inclusif pour évaluer le maintien ou la suppression des quotas ethniques. Ensuite, il me semble logique que l’évaluation donne lieu à un rapport public et à des recommandations. Dans son discours à l’occasion de la fête de l’unité nationale, le président du Sénat a d’ailleurs annoncé que le Sénat donnera un rapport au Président de la République.

Si jamais le Sénat suggère la suppression des quotas – en partie ou dans tous les secteurs – il faudra procéder à une révision de la Constitution pour effectivement y mettre fin. L’initiative appartient au Président de la République.

Ensuite, après l’entrée en vigueur de la Constitution révisée, plusieurs codes et lois seront à amender. Je pense notamment au Code électoral.

Il reste donc à voir si, en 2025, l’élection des députés et des sénateurs ainsi que la formation du nouveau gouvernement auront lieu avec ou sans quotas ethniques. Le processus prendra encore bien du temps et il me semble important que les Burundais donnent leurs avis sur cette question importante, y compris à travers les médias.

Forum des lecteurs d'Iwacu

26 réactions
  1. Claypton

    @ Gacece , vous préférez ressasser le passé pour éviter de regarder vers l’avenir , certes le pouvoir Bagaza était presque mono éthnique Je dirais même mon régional mais c est le seul qui avait des résultats sur le plan économique et sécuritaire…Aujourd hui le CNDD post 2015 est également mono éthnique… Maintenant qu est CE que on fait pour développer le pays parce que c est ça le plus important ? La repartition éthnique a producer ses défaillances , la gestion mono éthnique également… Pourquoi ne pas essayer la compétence pour voir CE que ça donne ?

    • Stan Siyomana

      @Clayton
      Je ne vois pas comment vous pouvez STATISTIQUEMENT prouver que le pouvoir CNDD-FDD est monoethnique quand 18 sur les 34 senateurs sont des Tutsi et quand 17 des 18 senateurs Tutsi sont membres du parti CNDD-FDD.
      Je voudrais que vous me citiez une seule institution burundaise couverte par les Accords d’Arusha ou les « quotas d’equilibre ethnique » ne sont pas respectes.
      D’ailleurs statistiquement parlant, pour un VRAI EQUILIBRE ETHNIQUE, chacune des trois ethnies en question devrait avoir un tier des institutions couvertes par les Accords d’Arusha.

    • Gacece

      @Clayton
      « si j ai bonne mémoire du temps des pouvoirs Tutsi IL ne suffisait pas d en être un pour bénéficier des priviléges , à un certain moment IL fallait provenir d’une certaine commune… » – Clayton.

      Vous vous êtes servi d’un argument du passé pour mettre en doute ce que j’ai écrit. Je n’ai fait que remettre votre argument dans le vrai contexte. Il fallait être un tutsi pour bénéficier des privilèges. Et je n’ai même pas parlé des autres régimes, qu’ils soient à dominance hutu ou tutsi.

      S’il arrive qu’on sélectionne un candidat incompétent à un poste, il faut blâmer le manque d’éthique (corruption, favoritisme, régionalisme, haine, etc.) du recruteur plutôt que l’ethnie du candidat. Il y a sûrement des candidats d’une même ethnie qui ont été refusés à des postes alors qu’ils étaient nettement plus qualifiés que le candidat (d’une même ethnie) qui a été selectionné… pour diverses mauvaises raisons.

      Aussi imperceptible que cela puisse paraître, l’application des quotas n’exclut pas la prise en compte de l’expérience, des compétences et des qualifications du candidat lors de sa sélection.

  2. Gacece

    @Stan Siyomana
    Ils ont aussi mesuré des nez et vous ne le verrez que dans de rares photos, pas dans des textes officiels ni officieux.

    C’est la raison pour laquelle je ne crois pas à ces proportions puisqu’il y avait des hutus (tels qu’on les identifie ou qu’ils s’identifient aujourd’hui) qui avaient plus de 10 vaches, et des tutsis (tels qu’on les identifie ou qu’ils s’identifient aujourd’hui) qui avaient moins de 10 vaches. Cela n’était donc pas un vrai recensement, mais une simple classification. Sauf qu’il y a eu les conséquences catastrophiques que l’on connaît.

    Il est plus que temps qu’on fasse un vrai recensement, avec une méthodologie qui

    • Gacece

      ^*avec une méthodologie accompagnée de balises qui rassurent en protègeant les renseignements personnels des citoyens.

  3. Nkurunziza Jessie

    Iwacu n’effacez pas mon message svp.
    Nous sommes nombreux à être étonnés de voir des étrangers(belges) commenter sur nos affaires ethniques,des éthnies qu’ils ont (les belges) créés pour nous diviser pour mieux régner sur nous.Ce monsieur n’a peut être rien à voir avec la colonisation mais pour le respect de la mémoire des victimes des affrontements éthniques au Burundi,des éthnies créés par la Belgique,ne donnez pas la parole à un ressortissant d’un pays colonisateur.C’est nous blesser deux fois.Iwacu respectez les burundais svp.C’est terrible de donner la parole à d’anciens bourreaux.Nico gituma financement ya presse burundaise irinda kuva ku barundi et non pas de l’étranger.
    Reka tureke kwitesha agaciro.

    Note du modérateur
    Le Prof. Stef Vandengiste est un universitaire. Il publie ses travaux comme tous les chercheurs. Le fait qu’il vienne d’un pays « colonisateur » ne doit pas lui fermer les colonnes d’un journal burundais. Le mieux serait de démontrer en quoi sa réflexion n’est pas pertinente.
    Soyons ouverts et tolérants.
    Merci

    • Stan Siyomana

      @Nkurunziza Jessie
      1.Dans son discours au lendemain de la victoire du parti UPRONA aux elections legislatives du 18 septembre 1961, le prince Louis Rwagasore a dit:
      « Au peuple belge, j’ai l’honneur d’adresser un message de gratitude, la responsabilité que, vous belges, vous portiez, vous allez bientôt la transférer sur nos épaules et nous sommes conscients de nos devoirs.
      Nous vous demandons de nous aider à entreprendre l’avenir avec confiance, de continuer à nous aider avec générosité, à nous guider dans le respect de notre dignité, de nos intérêts et de notre propre conception de l’intérêt national.
      Nous sommes devenus des enfants libres et adultes mais nous suivrons la tradition de notre peuple qui veut que les enfants restent respectueux et témoignent leur affection… »
      https://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=339
      2. Aujourd’hui, l’Agence de developpement de l’Etat federal belge (ENABEL) a deja complete 64 projets et elle est en train d’executer 9 autres projets au Burundi.
      « This country has 73 projects, including 0 in formulation, 9 in execution and 64 closed… »
      https://open.enabel.be/en/projects/108/burundi.html?_gl=1*vlnhib*_ga*Nzg0OTkwNzIwLjE2NzcxMDcxMTE.*_ga_9KW9PQQN9K*MTY3NzEwNzExMC4xLjAuMTY3NzEwNzExNy4wLjAuMA..
      3. Combien de burundais ont ete ou sont entrain d’etre formes dans les universites belges?
      4. Combien de milliers de burundais de la diaspora resident en Belgique, d’ou ils peuvent faire des transferts d’euros au Burundi?

    • Stan Siyomana

      @Nkurunziza Jessie
      Uwo ushaka kwimira ngo ntihagire ico ashikiriza kumubano w’abarundi (kandi avugana ubwitonzi ntangere) wosanga barya bagwizatunga b’ababiligi twokwipfuza ko bazana imitahe yabo muguteza imbere Uburundi ejo boshobora guca kuriwe bamusaba impanuro kuko hari ico yoba abarusha mugutegera uko Uburundi buteye.
      Kandi ni vyiza ko kurubuga rw’iwacu-burundi hazako abantu bafise ivyiyumviro bitandukanye.

    • FREDERIC NZEYIMANA

      Ouvert et tolérant? Pauvre Journal Iwacu! Sans honte? Vous n’avez même pas voulu faire passer le commentaire que j’avais fait entre autres sur l’article de Stef Vandeginste. Et pourtant lui a réagi sur mon commentaire que je lui ai fait parvenir par email . En lui signifiant bien que le Journal Iwacu ne voudra jamais le faire passer sur leur réseau pour des raisons de conscience ethnique négationniste du génocide commis contre les Bahutu du Burundi en 1972 par un gouvernement à dominance Tutsi Bahima. Au moins, lui, il m’a remercié de lui avoir donné un angle sur l’histoire du Burundi qu’il ignorait et du point de vue biaisé soutenu biaisé par le journal iwacu. Maintenant Stef Vandeginste le sait! Et c’est ce qui compte après tout!

      Note du modérateur

      Tant qu’un commentaire respecte notre charte, il est publié. Mais les insultes et attaques personnelles n’ont aucune place.
      Si vous avez pu éclairer le chercheur, tant mieux pour l’Histoire du Burundi.

  4. Didicov

    Je me sens mal dans la peau quand on me juge en fonction de mon ethnie. Malheureusement, le problème ethnique existe au Burundi, le nier, ou le déclarer inexistant ce sera créer le pire, le monstre.

  5. Jereve

    Je suis d’accord qu’on peut abolir les quotas ethniques par une loi, un décret, une simple signature au bas d’une page. Mais en aucune façon cela ne met pas fin à l’existence des ethnies, leur histoire et leurs revendications. Traiter tout le monde avec équité peut bien sûr atténuer les conflits sociaux en général et ethniques en particulier. Sommes-nous à ce stade pour considérer cette page close définitivement?

  6. Claypton

    Une question qui m ‘ intrigue , pourquoi un professeur Belge dans ce dossier Burundo – Burundaise , n y a t IL pas assez d’ intellectuels Burundais qui seraient plus légitimes pour répondre à cette question ? Ceci dit j’ai toujours Penser que Les quotas éthniques étaient illusoires vu que toutes sortes de manipulations sont possibles , en effet qui peut producer que quelqu un est Hutu ou Tutsi de façon indiscutable ? Pour UNE fois Je suis d accord avec le CNDD même si c est probablemt pour des raisons différentes…
    Note du modérateur

    Les colonnes du journal Iwacu sont ouvertes
    A tous

    • Gacece

      @Claypton
      Entre nous, à part ceux qui ne connaissent pas leur père et les enfants qui n’y comprennent rien, chaque Burundais connaît son ethnie… même ceux qui mentent! Le défi sera de les convaincre d’en être fiers et dévoiler leur ethnie.

      • Claypton

        D accord @ Gacece tout le monde probablement connait son « éthnie » parce que Tutsi et Hutu me sont pas des éthnies comme nous le savons tous mais quelle est l’utilité « d’être fier de son éthnie » , j ai des amis dans Les deux éthnies sans problèmes et des moins amis , alors à quoi sert l’ éthnie ?

      • Gacece

        @Clayton
        – Fier : si un inconnu vous aborde et vous demande votre ethnie, serez-vous capable de le lui dire sans aucune hésitation? Le Burundais en vous ne va-t-il d’abord se demander « Pourquoi me pose-t-il cette question? ». Jusqu’à preuve du contraire, l’ethnie a toujours été un sujet tabou chez les Burundais. Faites le test par vous-même. Je n’ai pas besoin de connaître vos résultats.

        – À quoi sert l’ethnie? Apparemment à obtenir des postes et des privilèges et ce, depuis que le colon a commencé à mesurer des nez. Et plus important encore, l’ethnie fait maintenant partie de nos identités. Qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, les ethnies définissent nos relations et nos interactions avec les autres, Burundais ou non Burundais.

        • Gacece

          ^*colonisateur

          • Claypton

            Je maintiens que la distribution des postes sur base éthnique n’est pas la solution. Le Burundi classé dernier dans tous Les classements de development a besoin du génie de tous ses fils & filles. si j ai bonne mémoire du temps des pouvoirs Tutsi IL ne suffisait pas d en être un pour bénéficier des priviléges , à un certain moment IL fallait provenir d’une certaine commune…Quant au pouvoir Hutu , combien de Hutu en bénéficient ??? Je me souviens que Les Hutu du FNL ont été pourchassés comme du gibier .. Donc Les quotas éthniques c est du n importe quoi… La solution est dans la bonne gouvernance où chacun vît de la sueur de son front , un fonctionnaire vît de son salaire et non de la corruption , un homme d affaires vît de sa marge bénéficiaire et non de sa capacité à ésquiver les taxes etc …faute d espace j arrête Ici en espérant que Mon idée est Claire ..

          • Gacece

            @Clayton
            Je crois que nous ne connaissons pas le même Burundi et les divers époques qu’il a traversées.

            Renseignez-vous s’il le faut. Sous le régime de Bagaza – sans parler des autres -, la quasi totalité des postes de responsabilité (ayant un pouvoir de décision) étaient occupés par des tutsi. Les seuls hutus étaient une infime minorité qui servaient de décorum, et se comptaient sur les doigts de la main. Du président à l’administrateur communal, en passant par les ministres, les députés et les gouverneurs. Les seules autres places où on rencontrait des hutus étaient à l’enseignement primaire, mais rarement comme directeur d’école.

            Vous n’allez pas me raconter que les hutus n’avaient pas été engagés parce qu’ils étaient incompétents : il y avait des administrateurs communaux qui étaient moins compétents (sans aucun diplôme) que les enseignants de l’école primaire.
            Libre à vous de penser comme vous le voulez. Je vous dirai seulement qu’avant qu’on arrive à ce que vous proposez, il faudra composer avec les ethnies. On ne peut pas nier une réalité qui est aussi présente et évidente.

  7. Gacece

    On abolit ces quotas tels que définis et appliqués actuellement, à l’exception des services de sécurité (armée, police et SNR)!
    Au préalable, on devrait faire un recensement national pour établir les vraies et réelles proportions des ethnies dans la population.

    Aucun recensement ethnique n’a eu lieu depuis que le Burundi existe. Je me demande même comment on en est arrivé aux proportions de 85%, 14% et 1% ou 84%, 15% et 1%. Il est plus que temps d’établir les bons chiffres.

    Le problème est que quand on invoque un recensement des ethnies, les gens montent au créneau pour dénoncer une préparation d’un génocide. Ce sont les mêmes personnes qui ne veulent pas qu’on touche à ces quotas de « déséquilibre » ethniques. Et on a oublié de mentionner que cela est aussi de l’instrumentalisation.

    Il me semble que le débat d’abolir ces quotas n’est même pas nécessaire. Le débat devrait plutôt être orienté vers la meilleure façon de faire le recensement des ethnies sans y attacher les renseignements personnels. On compte, on consigne et on compile : que des nombres! Pas de nom, pas d’adresse ni lieu de résidence.

    Ce sera le travail le plus ardu parce qu’il y a des étrangers naturalisés Burundais, des enfants dont le père est inconnu ou n’est pas Burundais, des enfants dont le père connu n’est pas le vrai père (adoptés, conçu lors de l’adultère de la mère, du viol, de la prostitution, etc.), des orphelins ou enfants abandonnés ayant grandi dans des orphelinats, etc. Des prêtres ont eu des enfants : (censuré par moi-même à cause de la peur de brûler en enfer!)

    Une fois les bonnes proportions établies, on déterminerait un agenda pour rééquilibrer « graduellement »les quotas selon les résultats. Aucun licenciement, aucune mise à la retraite anticipée ou mutation obligatoire ne devait avoir lieu au nom du rééquilibrage des ethnies.

    On ne doit pas résoudre un problème en créant un autre. C’est pourquoi les départs et les déplacements (retraites, mutations, réaffectations) ainsi que les remplacements devraient se faire en toute transparence et sans contraintes : on ne forcera personne à changer d’emploi ou de lieu de travail. Si on doit le faire, établir des critères liés aux compétences, à la formation, à l’expérience et à l’ancienneté, sur lesquels on doit se fonder pour désigner l’employé qui doit partir.

    Et pour veiller au respect de l’application des nouveaux quotas, un organisme permanent et indépendant, à envergure nationale, devrait être créé. Il pourrait également servir de référence en donnant des directives, des formations et des conseils sur l’application des nouveaux quotas.

    Le dire, c’est plus facile que le faire.

    • Jules

      @ Gacece
      Je ne vois pas l’intérêt d’établir des nouveaux quotas,ne tenant pas compte d’autres réalités et spécificités historiques , socio-économiques burundo-burundaises et ne se basant seulement qu’au pourcentage que chaque éthnie représente au sein de la population générale.

      Pourquoi on s’arrêterait seulement au partage des biens de la nation et du pouvoir,en se basant seulement sur le pourcentage des hutus et des tutsis au sein de la population burundaise.

      On pourrait faire mieux découper le pays en deux une partie pour les bahutus et une autre pour les batutsis,comme ça chaque éthnie se sentira bien chez lui avec les siens ,sans s’inquiéter de quoi que ce soit!

      Car,je ne vois pas comment ces nouveaux quotas n’aboutiraient pas tôt ou tard à une situation de la tyrannie de la majorité ,dans laquelle les individus de l’éthnie minoritaire se retrouve en situation de citoyen de seconde zone dans leur propre pays, puisqu’ils n’auraient plus de possibilité ni de poids démographique de faire passer une quelconque loi pour se défendre et défendre leurs intérêts.

      • Gacece

        @Jules
        Et dans quelles proportions proposeriez-vous de diviser le pays? Et où enverrez-vous les familles mixtes et les étrangers, et leurs biens? Votre idée est trop simpliste et inapplicable. Mais elle peut faire partie du débat.

        Votre inquiétude à propos d’une hypothétique tyrannie de la majorité sur la minorité est compéhensible. Et les solutions existent : pourquoi ne pas appliquer ces nouveaux quotas à tous les niveaux d’administration et à tous les postes de responsabilités par exemple?
        Par ailleurs, une bonne loi ne devrait pas défendre les intérêts des minorités au détriment de ceux de la majorité. Car comme je l’ai mentionné dans mon commentaire, on ne résout pas un problème en en créant un autre ailleurs.

        • Jules

          @ Gacece
          Votre commentaire
          « Par ailleurs, une bonne loi ne devrait pas défendre les intérêts des minorités au détriment de ceux de la majorité.  »

          Pourriez-vous spécifier exactement les lois constitutionnelles qui touchent aux intérêts propres à l’ethnie majoritaire au Burundi et non aux intérêts de l’éthnie minoritaire?

          Aussi,je ne vois pas comment,vous pouvez penser un seul instant que l’instauration d’un nouveau système de quotas qui tiendrait en compte seulement de la représentation de chaque ethnie dans la population générale,tout en ne tenant pas compte des réalités historiques,politiques et socio-économiques du Burundi ne pourrait pas aboutir à l’exclusion pure et simple de la minorité dans toutes les instances étatiques et occupations publiques, l’histoire du Rwanda est là pour nous le rappeler avec les fameux quotas ethniques établis sous la présidence de Juvenal Habyalimana,que ça ne fonctionne pas en pratique,et que ça aboutit à l’exclusion de la minorité !

          L’être humain,il est ce qu’il est,naturellement grégaire ,communautariste, voire tribaliste lorsque les conditions de vie deviennent rudes,et toute la bonne volonté du monde ne pourra rien changer à sa nature.

          Ce qui veut dire que votre nouveau système de quotas ne favoriserait que le camp de la majorité, puisqu’il serait fixé , seulement selon les critères où l’ethnie majoritaire sera toujours gagnante ou tout simplement selon des critères biaisés en faveur de l’ethnie majoritaire.

          Et je m’étonne du fait que vous ne vous rendez pas compte que ce nouveau système de quotas, n’aurait rien d’équitable, puisqu’il ne tiendrait seulement compte que des intérêts de la majorité.

          Dans un tel système la minorité serait désormais à la merci de la majorité.

          C’est pour cette raison que je préconiserai une partition du pays en deux,en un hutuland et un tutsiland,comme ce fût le cas avec la partition du Soudan ou de l’Inde en deux pays ,l’Inde qui est resté majoritairement hindou et la minorité musulmane à laquelle l’on a donné le Pakistan, puisque ces deux communautés se sont rendues compte qu’il ne pouvait rester ensemble sans que cela aboutisse à l’exclusion de la minorité musulmane et à des querelles ou guerres incessantes.

          Ill ne faut pas forcer le vivre ensemble,si non c’est mal connaître l’histoire et la nature des êtres humains.

          Si 2 ou plusieurs communautés ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les règles et lois régissant leurs pays pour que chaque communauté ne se sentait pas exclue ou non considérée.
          La séparation et la partition du pays devient la seule solution.Que vous le vouliez ou pas!

        • Gacece

          @Jules
          « Par ailleurs, une bonne loi ne devrait pas défendre les intérêts des minorités au détriment de ceux de la majorité. »
          J’ajouterai ceci à cela : « Par ailleurs, une bonne loi ne devrait pas défendre les intérêts de la majorité au détriment de ceux de ceux des minorités. »

          Pour la scission du pays en 2, je présume que vous voulez un partage du territoire à 50% – 50%. Sinon vous auriez répondu à mes questions ci-dessus… ET… même pour l’application de votre raisonnement, on revient toujours à ce fameux recensement.

          Et où va-t-on mettre les autres (naturalisés, père non Burundais, ethnie inconnue…)? Et leurs biens (terres, maisons, bétail…)? Et on divise comment? Du nord au Sud? D’est en Ouest? Qui vont hériter des régions les plus riches? Les plus fertiles? Les plus attrayantes (touristiquement parlant)? Que ferez-vous des familles qui sont mixtes? Allez-vous séparer les épouses de leurs maris? Les maris de leurs épouses?…

          Je maintiens que votre idée est trop simpliste pour être applicable.

          • Jules

            @ Gacece

            Premièrement,je ne préconise la partition du pays, comme seule possibilité à la question éthnique du Burundi, j’avance cette solution au cas où les différentes ethnies ne pourraient pas se mettre d’accord sur la façon équitable de partager le pouvoir et des avantages du pays de telle manière à ce que chaque éthnie y trouve son compte.

            Pour revenir à votre question,ce qui ne savent pas exactement quelle est leur véritable ethnie ,il peuvent rejoindre le camp dont ils se sentent plus affilié !

            Ne vous en faites sur la partition du pays,les burundais pourront se faire conseiller par des experts avisés sur la manière la plus convenable de diviser le pays comme ça s’est produit pour les autres pays qui ont déjà connu un tel événement.

            Parce que le désastre, les injustices et les conséquences qui naitraient du système de quotas se basant seulement sur le pourcentage de chaque éthnie dans la population générale seraient pires que les conséquences liées à la partition du pays.

            Je le répète on ne force pas le vivre ensemble de 2 communautés qui ne s’acceptent ou qui ne se supportent pas, puisque tôt ou tard ça finit par détoner.

            L’histoire du monde est là pour nous le prouver!

          • Gacece

            @Jules
            D’après votre raisonnement, vous voulez créer un tutsiland où il y a des hutus qui veulent bien vivre avec des tutsis, et un hutuland avec des tutsis qui veulent bien vivre avec des hutus. Ouvrez les yeux et vous verrez :
            Le B u r u n d i !
            Il me semble que faire en sorte de vivre ensemble en harmonie est un meilleur choix que celui de faire en sorte de « ne pas » vivre ensemble en harmonie. Comprenez ce que vous voulez. Il n’y a pas une seul expert au monde qui va me convaincre que « diviser » est un meilleur choix. C’est définitif.
            Fin de la discussion pour moi.

    • Stan Siyomana

      @Gacece
      1. Vous ecrivez:« Aucun recensement ethnique n’a eu lieu depuis que le Burundi existe. Je me demande même comment on en est arrivé aux proportions de 85%, 14% et 1% ou 84%, 15% et 1%. Il est plus que temps d’établir les bons chiffres… »
      2. Mon commentaire
      Les colons allemands ont effectue un pseudo-recensement en 1889 (on peut supposer qu’ils n’ont eu acces a tout le territoire burundais qu’apres le Traite de Kiganda de 1906).
      « Le recensement ethnique des Allemands au Ruanda-Urundi en 1889.
      Les Allemands ont mis fin au modèle d’organisation clanique en procédant à un recensement ethnique et selon un critère économique : quiconque possédait 10 vaches ou plus était tutsi et quiconque possédait moins de 10 vaches était hutu. Ce qui fait qu’à partir de ce recensement, les allemands ont classé les Barundi en 3 ethnies et dans les proportions suivantes :
      -85% de Hutus
      -14% de Tutsi
      -1% de Twas… »
      http://www.souffle-et-chemins.fr/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=34

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