Lorsqu’il quitte l’armée, il s’adonne à l’élevage de bovins. Peu après, il bascule dans l’agriculture et s’intéresse aux fruits et légumes biologiques. Aujourd’hui, il est prospère. <doc2794|left>Le manguier est la principale plante qui intéresse l’homme d’affaires. Mais il cueille aussi cacao, goyaves, aubergines, papayes et bananes, fruits et légumes biologiques cultivés sur 40 hectares, une propriété de Stanislas Nkunzimana sur la colline de Kirekura, zone Maramvya, commune Mutimbuzi (province Bujumbura). Il cultive les manguiers depuis cinq ans : « J’ai 3.000 arbres plantés sur 14 hectares, et un arbre me donne annuellement une tonne de fruits. » Alors qu’en 2010, un kilo de mangue s’achetait à 1500 Fbu, cette année, il coûte 1000 Fbu, « à cause du pouvoir d’achat des gens qui a sensiblement chuté. » Or, en Europe, 1 kg de mangues biologiques coûte 5,9 euros (autour de 10.620 Fbu), contre 2,9 euros (environ 5.220 Fbu) pour un kilo de mangue ordinaire. Ses employés, autour de 50, ne se lamentent pas : ils touchent quotidiennement entre 700 Fbu et 1000 Fbu par tâche (5 mètres/10). Et chacun peut accomplir trois tâches par jour. Il vend actuellement ses fruits, principalement les mangues, à Bujumbura. Cependant, il cherche à exporter ses fruits et légumes. Mais il doit d’abord avoir un certificat biologique. Pour lui, tous les autres pays de l’East African Community (EAC) ont des certificats biologiques, sauf le Burundi. 26 agriculteurs ont donc créée une association dénommée Burundi Organic Agriculture Movement (BOAM) pour demander ce certificat biologique. Et ils ont une promesse : « Je suis avec des groupements d’agriculteurs de Cibitoke, Rumonge, Kayanza, Matongo, et Bubanza. » Aujourd’hui, il fait des essais biologiques de ses mangues. Pour la culture des fruits et légumes biologiques, cet agriculteur-éleveur de 67 ans utilise la bouse de vache ; mais pour les fruits et légumes ordinaires les engrais chimiques sont de rigueur. Pour tuer les microbes, il utilise des pièges (par exemple, les lampes à lumière pour dissuader ou capturer les papillons ou encore de l’argile autour des arbres de fruits contre les microbes), alors que d’autres agriculteurs utilisent des désinfectants pour tuer les microbes contenues dans les fruits et légumes ordinaires. « Or, ces produits chimiques (engrais et désinfectants) sont nuisibles à la santé humaine », informe l’homme d’affaires. Au départ, l’intérêt accordé aux vaches Sous-officier, Stanislas Nkunzimana a démissionné de l’armée en 1980, suite aux différends avec ses supérieurs. Et le changement de statut est radical : « Je suis devenu paysan. » Il avait fait un stage en Belgique, en 1971, dans un milieu paysan, où on pratiquait l’agriculture et l’élevage : « Cela m’a envoûté et j’ai commencé à penser à ces métiers rustiques. » Depuis lors, il a, petit à petit, acheté des terres, en commençant par 3 hectares. Après son retour à la vie civile, il achète 30 vaches brunes des Alpes, à 30.000 francs belges l’unité, en 1980, à Masisi (Goma- République Démocratique du Congo, ex- Zaïre). Puis, il multiplie 30 autres vaches naturelles qu’il avait, avec un taureau de race frisonne. En 1996, il a déjà 300 vaches (frisonnes et brunes des Alpes) : « Entre les années 1990- 1996, je pouvais vendre 1400 litres de lait par jour. » Mais avec la privatisation de la Laiterie centrale de Bujumbura, il n’a plus de marché. A cela s’ajoute le pouvoir d’achat des Burundais qui va diminuant, si bien que le lait n’est plus consommé comme avant. « Avant, je fournissais quotidiennement 500 litres de lait à une pâtisserie de Bujumbura, mais aujourd’hui, c’est moins de 20 litres par jour. » Il prend alors la décision de vendre la majorité de ses vaches pour se consacrer à l’agriculture : « Il ne m’est resté que 50 vaches.» Un projet de vulgarisation de ses fruits En 2011, Stanislas Nkunzimana prépare 100 mille plants et demande à un agriculteur de Cibitoke de les greffer afin de les distribuer, par la suite, aux populations rurales. Il les a achetés à 1000 Fbu le plant au projet maraîcher en 2007. Il veut signer des contrats avec des projets comme CED Caritas pour les distribuer à la population. Cet agriculteur-éleveur déplore énormément la difficulté de financements pour les projets agricoles. Le taux d’intérêt pratiqué par les banques reste trop élevé « Avec un taux d’intérêt de 17%, on ne peut pas se hasarder à contracter un crédit agricole auprès de la BNDE et espérer se développer. »