Mercredi 22 janvier 2025

Économie

Stabilisation des prix par le ministère du Commerce : Fin de l’ultimatum. Et la suite ?

22/01/2025 0
Stabilisation des prix par le ministère du Commerce : Fin de l’ultimatum. Et la suite ?
La hausse des prix des produits alimentaires reste d'actualité malgré l’injonction du chef de l’Etat au ministère du Commerce de stabiliser les prix

L’ultimatum de quinze jours donné par le chef de l’Etat au ministère du Commerce pour stabiliser les prix a expiré. Aucune mesure n’a été prise et les prix des différents produits restent élevés. Retour aux faits et reportage.

Lors de l’émission publique organisée à Bujumbura le 27 décembre 2024, Evariste Ndayishimiye, président de la République a donné un délai de quinze jours au ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, pour régler le problème de spéculation sur les prix. « Si d’ici deux semaines la situation n’est pas corrigée, le ministère sera dissout. Nous nous chargerons de son travail », a-t-il menacé.

Faisant suite à l’instruction, le ministère du Commerce a mis en place un comité pour arrêter des stratégies de fixation des prix depuis le 30 décembre 2024. Des consultations ont débuté avec les différents acteurs.

« Le ministère a mis en place un comité convergeant le secteur public, privé et la société civile afin de collecter des idées techniques servant de pistes de solutions aux besoins de la nation », a indiqué Christine Niragira, la secrétaire permanente de ce ministère qui a dirigé les séances.

Le chef de l’Etat a réitéré son ultimatum de quinze jours au ministère du Commerce lors de sa visite en commune Mbuye de la province de Muramvya le 4 janvier 2025. « S’ils ne respectent pas ce délai, qu’ils s’apprêtent eux aussi à être démis de leurs fonctions ».

Pour lui, que le produit soit local ou importé, le gouvernement doit fixer les prix que chacun doit respecter. « Les récalcitrants s’exposent à des sanctions. Nulle part ailleurs au monde, personne ne fixe les prix comme bon lui semble. Ça ne se fait qu’au Burundi comme s’il n’y avait pas d’autorités. Les commerçants du Burundi sont habitués à des marchés injustement gagnés. C’est fini maintenant », a-t-il insisté.

Et d’ajouter que désormais, la fixation des prix doit obéir à une règle simple : « les coûts de production, rien de plus. Si un commerçant veut augmenter ses tarifs, il devra le justifier par des coûts réels, et non par des excuses comme la pénurie de devises ou les taxes et les impôts »

La situation sur le terrain

L’ultimatum a expiré le lundi 12 janvier. On est le jeudi 16 janvier 2025, quatre jours après. Aucune mesure n’est encore prise. La situation sur le marché reste comme avant. Les prix des denrées alimentaires ne cessent d’augmenter jour après jour, variant selon le lieu et le moment de l’approvisionnement.

Cette situation oblige les Burundais à faire des choix difficiles pour se nourrir. La fin des fêtes de fin d’année n’a pas non plus eu des répercussions sur les prix.

Les consommateurs des produits attendent toujours la mise en application de la volonté du chef de l’Etat. Ils considèrent que cela permettra d’alléger le fardeau de la hausse des prix et de la pénurie sur le marché. « L’application de la volonté du président a tardé à se réaliser. Si cette régulation venait à être mise en application, les choses seront claires pour nous les acheteurs. Nous allons nous rendre au marché tout en sachant les prix des produits à l’avance ».

Depuis le début de l’année 2024, le Burundi fait face à une crise économique sans précédent. Inflation galopante ; hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité ; dépréciation de la monnaie burundaise face au dollar, à l’euro et au shilling tanzanien.

Au marché de Bujumbura City Market, communément appelé Kwa Siyoni, le riz tanzanien de première qualité se vend à 7 000 BIF tandis que le riz local oscille entre 5 000 et 5200 BIF. Le riz Rutete quant à lui se négocie entre 5 800 et 6 200 BIF

Pour les haricots, le kinure se vend entre 3 500 et 4 000 BIF ; le haricot jaune entre 6 000 à 6 500 BIF et le Muhoro à 5 500 BIF. Quant aux haricots frais (ibiharage bitoto), il y a un léger mieux.

Il s’achetait entre 11 000 et 12 000 BIF le kilo fin décembre. Mais, aujourd’hui, ils sont revenus à 5 000 BIF pendant cette période qui approche la récolte de la saison culturale A 2025.

Au petit marché de Gasenyi en zone urbaine de Gihosha, le prix d’un kilo de viande reste à 30 000 BIF pour la viande sans os (Umusoso) après avoir atteint 37 000 lors des fêtes de fin d’année. Le kilo de viande avec os (cangacanga) se vend à 25 mille BIF).

« Des consommateurs sont dans le désarroi. Les prix sont insupportables. On ne pourra plus manger de la viande à ce prix », se lamente un acheteur rencontré au marché Cotebu.

Trouver une solution à la pénurie des carburants

Pour les vendeurs, le prix de vente dépend du coût de l’approvisionnement. Les commerçants interrogés estiment que la montée des prix de certains produits alimentaires était principalement due à la pénurie des carburants qui ne trouve pas de solution jusqu’aujourd’hui.

« Pour espérer mettre fin à cette flambée des prix, l’État devrait apporter une solution à la pénurie des carburants », proposent-ils. Ils font observer que la carence du carburant est aggravée par certains administratifs de l’intérieur du pays qui ne facilitent pas la circulation des produits alimentaires.

Chez les commerçants, l’annonce du président de la République de sa volonté de permettre à l’Etat de fixer les prix, a suscité des inquiétudes. La plupart disent redouter un effet dissuasif sur les investisseurs et une déstabilisation du marché.

« Je pense que cette décision ne sera pas facile à mettre en œuvre. Je ne comprends pas comment le gouvernement pourrait fixer les prix des produits sans consulter les commerçants. Est-ce qu’ils ont fait le tour de tous les marchés pour demander les coûts de l’approvisionnement ? », a lâché N.N., un commerçant rencontré dans un magasin du centre-ville de Bujumbura.

Selon un autre commerçant rencontré au marché de Cotebu, le gouvernement devrait d’abord résoudre le problème de carburant afin de stabiliser les prix. « Je trouve que le problème à résoudre est la disponibilité des carburants en premier lieu. Cela permettra de stabiliser les prix. Celui qui s’approvisionne à l’intérieur du pays fixe le prix en fonction des dépenses qu’il a engagées ».

Selon Noêl Nkurunziza, secrétaire général et porte-parole de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco qui a participé dans la première séance organisée par le ministère, la proposition est finalisée. Pour lui, c’est prématuré de s’exprimer sur ce point avant la sortie de l’ordonnance y relative. Et d’ajouter : « Mais la hausse des prix est une expression d’autres problèmes notamment le stock rendu sur le marché ».

Iwacu a voulu savoir l’état d’avancement des mesures et propositions pour trouver des solutions aux problèmes du moment, notamment la hausse et la pénurie de certains produits selon la demande du président de la République au ministère du commerce. Contacté à ce sujet ce jeudi 16 janvier, Onésime Niyukuri, porte-parole du ministère du Commerce a été laconique : « Vous pouvez attendre. On vous communiquera ».

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Une minute de silence

Une minute de silence pour tous nos valeureux combattants tombés sur le champ d’honneur, ici ou ailleurs où le devoir les appelle. Respect pour nos soldats de la paix fauchés par une salve traitresse, enterrés par des bombes sous des (…)

Online Users

Total 2 205 users online