Dans trois mois, le Burundi, pays hôte des Jeux Militaires de l’EAC, doit faire bonne figure. Mais, au vu des résultats peu reluisants de l’équipe militaire (en football, basketball ou handball), de nombreux fans doutent s’elle tirera son épingle du jeu.
Elle est loin derrière cette époque où il suffisait d’hurler « Muzinga…Force !!! », son cri de ralliement pour tétaniser l’adversaire et lui ravir net une victoire acquise sur un plateau. Le volleyball, mis de côté, dans les autres disciplines, Muzinga pataugent.
L’équipe de football en est le parfait exemple. Déjà reléguée en 2 ème division à cinq journées de la fin de la Primus ligue .Cette formation, jadis, fierté des militaires n’est que l’ombre d’elle-même. Pourtant, personne ne le voyait vite rétrograder après une 3ème place savamment négociée la saison passée. « Sûrement qu’il y a un malaise des joueurs quelque part. Parce qu’autrement, elle aurait dû continuer sur sa lancée », observe H.B, officier et ancien joueur.
Même cas de figure pour Muzinga basketball. Symbole de la « suprématie militaire » sur les civils dans les années 1990, elle peine à trouver ses marques d’antan. De notre temps, raconte Protais Niyungeko, ancien on était tous des militaires, perdre contre un civil (en référence à Dynamo, Urunani, ndlr) c’était un affront. « Pour ce, on se devait d’être disciplinés, s’entraîner durement chaque jour pour rester à notre meilleur niveau ». Avant de poursuivre : « D’ailleurs, cet esprit de corps nous ragaillardissait encore davantage ».Malheureusement, force est de constater que sans une vraie politique de recrutement, la formation risque de tomber dans les bas-fonds du classement. Situation semblable pour Muzinga handball. Elle est obligée de requinquer son effectif après le départ de plusieurs de ses cadres.
Repenser la politique de recrutement
Réservoir du gros de l’effectif des joueurs, l’Institut des Cadres Militaires (ISCAM), ne répond plus à son rôle. Et espérer redorer son blason, sans une refonte de sa politique de recrutement est illusoire. « Certes, au regard du contexte actuel, le sport n’a plus la même côte qu’il y a 20 ans. Mais, si la direction du sport renoue avec ce travail de terrain, en organisant beaucoup de compétitions inter-bataillons, la détection des talents restera facile », affirme Augustin Nzabampema, ancien patron du sport militaire.
Selon lui, la proximité avec les joueurs est l’autre clé de bons résultats. «Il faut en permanence rester près d’eux, écouter leurs doléances quand bien même, on peut ne pas avoir de solution réponse à chaque problème ». Avant d’insister: « Aussi, faut-il au préalable organiser beaucoup de compétitions, voire des sorties à l’étranger. Car sans véritable challenge, ils ne sont pas motivés ».
Pierre Claver Bigirindavyi, directeur du sport militaire, assure qu’une réforme est en cours d’élaboration. « Nonobstant, pour les prochains jeux, nous essaierons de colmater les brèches avec des renforts. Sinon, après cette échéance, on remet les bouchées doubles en renouant avec cette politique de recrutement à travers les écoles secondaires de tout le pays et les centres d’instructions militaires».
Il faut peut être rappeler ici que dans le temps, le recrutement à l’Iscam se faisait sur base des capacités à jouer et non sur base des capacités intellectuelles. Des championnats étaient organisées entre les équipes Muzinga et celles des grandes écoles surtout du Sud du pays et du Centre comme: EN RUTOVU, Lycée Bururi, EN Kiremba (volley ball), CND Gitega. Ceux de Bujumbura étaient facilement repérés lois des différents championnats. Les meilleurs joueurs étaient repérés et entraient à l’Iscam sans difficultés. D’où peut être l’origine de la composition ethnique et régionale de l’ancienne armée. Maintenant les critères d’entrée à l’armée et à l’Iscam ont considérablement changé et le seul critère sportif ne suffit plus. D’où les mauvaises prestations des équipes militaires actuellement.