Pénurie, spéculation et distribution illégale du ciment Buceco. Ce sont les points au menu de la synergie du 30 janvier. Une représentante de l’entreprise Buceco, un sénateur et le représentant des consommateurs s’expriment.
Il y a plusieurs mois, le ciment Buceco produit localement est vendu à un prix élevé par rapport à celui fixé par l’Etat : de 27 mille à 30 mille BIF au lieu de 24.500 BIF, prix officiel.
Au marché de la province Muyinga, au nord du pays, un sac de ciment Buceco se vend à 27 mille, 28 mille voire 29 mille BIF, selon le correspondant de la radio Isanganiro sur place. « Les vendeurs de ce ciment savent très bien que le prix officiel est de 24.500 BIF. Mais ils ne veulent pas perdre car ils s’approvisionnent à un prix élevé. » Traqués par la police, certains ont préféré abandonner leur métier.
Le conseiller économique du gouverneur de Muyinga affirme qu’il ne cesse de contrôler le commerce du ciment. Mais d’après lui, le contrôle est difficile car la quantité qui sort de Buceco, réservé à la province Muyinga, n’est pas connu.
Dans la province Gitega, au centre du pays, le ciment Buceco se fait rare. Or, certains habitants, interrogés, affirment qu’ils voient souvent les camions qui déchargent le ciment. « Mais le lendemain, les vendeurs nous disent qu’il n’y a plus de ciment».
Jean Nibigira, conseiller principal du gouverneur et président de la commission provinciale chargée du suivi du commerce du ciment, affirme que des mesures ont été pris pour réguler le commerce du ciment: « Celui qui demande plus de 50 sacs de ciment doit avoir l’autorisation de la commission pour s’assurer qu’il a vraiment un chantier. »
En mairie de Bujumbura, le même problème se pose.
« Il faut rayer de la liste les grossistes spéculateurs »
Vera Izere, chargée de la communication dans l’entreprise Buceco, affirme que la quantité produite est suffisante. Elle fait savoir que Buceco travaille avec les différentes autorités partout dans le pays. « Notre rôle n’est pas seulement de produire et distribuer le ciment. Mais aussi de faire le suivi de son commerce. Sensibiliser les grossistes à respecter le prix officiel». « Si l’entreprise produit une quantité suffisante et qu’elle s’assure que le ciment est parvenu dans les stocks de tous les grossistes dans tout le pays, le reste n’incombe pas à Buceco. C’est aux autorités de contrôler la vente du ciment », estime Mme Izere.
Quant au sénateur Martin Ninteretse, il insiste à l’endroit des administratifs provinciaux et communaux : « Il faut arrêter les commerçants qui spéculent et les punir sévèrement. » Il demande à Buceco de rayer de sa liste les grossistes qui ne respectent pas la règle.
Le président de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco), Pierre Nduwayo, indique, quant à lui, que la question du ciment Buceco devient un casse-tête. « Ce problème s’aggrave au point qu’il n’est plus une question commerciale, mais sécuritaire. » Il salue, toutefois, que l’Etat ait pris en main cette question. Il demande que l’on retire le permis de commerce aux commerçants qui spéculent.
Le ministère du Commerce a été contacté, sans succès.
Le 26 décembre 2019, à Gitega, le président Nkurunziza a demandé à toutes les autorités du pays de dénoncer et de punir les spéculateurs du ciment Buceco. Il a, en outre, fait remarquer que l’entreprise Buceco a eu des avantages, notamment l’exonération des matières premières pour l’accès facile à ce ciment. Mais le ciment n’est toujours pas disponible dans tout le pays. « L’entreprise a demandé beaucoup plus d’avantages pour plus de production. Ce qui va bientôt être fait», a rassuré le président Nkurunziza.
Cette synergie, qui réunit les radios Isanganiro, Rema FM, Izere FM, le journal Iwacu, Burundi Eco et Yaga, est organisé par l’ONG Benevolencija.