La nouvelle d’une longue colonne de camions-citernes bondés de mazout et d’essence, aperçus à Kabanga en Tanzanie franchissant lentement le poste-frontière de Kobero au nord-est du Burundi, se dirigeant résolument vers le parc pétrolier de Tankoma à Gitega pour transvaser sa chère cargaison, s’est répandue comme une trainée de poudre. Pas de la poudre aux yeux !
Enfin… du carburant ! Un peu d’espoir, même si les longues files d’attente devant les stations-service s’étirent toujours avec obstination. Le bout du tunnel, même s’il reste obscurci par des zones d’ombre : l’origine et la gestion de ces 20 millions de litres de carburant, ’’importés’’ et commercialisés par… la Regideso !
Oui, la Régie de Production et de Distribution d’eau et d’électricité du Burundi, se retrouve désormais dans la distribution du carburant. Conjoncture oblige ?
Quid de la provenance de cette manne ? Au moment où nous mettons sous presse, plusieurs hypothèses sont évoquées. Les organisations locales de promotion de la bonne gouvernance et de lutte contre les malversations économiques ont exprimé leurs interrogations.
Les journalistes, nous continuons à essayer de comprendre, mais force est de reconnaître que la plus grande opacité règne… De nombreuses questions restent sans réponses.
Est-ce que ce produit stratégique, objet de toutes les spéculations, ne sera pas un nouveau défi pour la Regideso, cette entreprise qui peine déjà à honorer ses engagements ?
Je pense aux lamentations des jeunes femmes et de quelques jeunes gens sur les longues files d’attente devant les quelques bornes-fontaines encore fonctionnelles dans nos quartiers. Je pense aux nombreuses coupures d’électricité dans nos quartiers souvent plongés dans le noir, soumis à un délestage récurrent.
Selon la Bible, lors des Noces de Cana, Jésus-Christ ou Issa a changé l’eau en vin. A défaut de nous donner de l’eau en quantité suffisante, la Regideso nous offre du carburant. Les miracles existent. Ayons la foi. C’est tout ce qui nous reste…