Vendredi 22 novembre 2024

Économie

« Soutenir l’entrepreneuriat féminin, c’est augmenter la croissance économique »

30/11/2023 1
« Soutenir l’entrepreneuriat féminin, c’est augmenter la croissance économique »
Photo de famille de certains participants et participantes à la conférence sur l’amélioration d’accès au financement et au marché pour les femmes

Ce mercredi 29 novembre 2023, il s’est tenu une conférence de deux jours sur l’amélioration de l’accès au financement et aux marchés pour les femmes entrepreneures au Burundi. Elle est organisée par la société internationale financière IFC et l’agence de développement du Burundi en collaboration avec la Banque mondiale et USAID. Les activités se sont déroulées à l’hôtel Kiriri Garden.

Pour la première journée de cette conférence, tous les intervenants sont revenus sur un point : « les femmes font face à des multiples défis liés à l’accès au financement, au marché et la nécessité des efforts de tous les acteurs pour inverser la tendance ».

Les activités ont été ouvertes par Mme Marie Chantal Nijimbere, Ministre du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme. Des représentants des partenaires techniques et financiers, des représentants des institutions bancaires et financiers au Burundi, des représentants des organisations gouvernementales et non gouvernementales, des experts techniques et des femmes entrepreneurs ont également pris part à la conférence.

Selon les organisateurs, l’objectif de ces assises est de discuter des besoins et mécanismes de financement des femmes entrepreneures. Ce sont des séances de partage des connaissances, des leçons et des meilleures pratiques dans le but de faciliter l’accès au financement et aux marchés pour les femmes entrepreneures, et de préparer le développement d’un programme spécifique axé sur le genre afin de faire face aux défis.

Dans son mot d’ouverture, Mme Marie Chantal Nijimbere, ministre du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme a indiqué cette conférence intervient après la deuxième édition du dialogue de haut niveau public-privé « Umuzinga Day ». Elle affirme que les femmes font face à beaucoup de défis notamment le problème d’accès au financement et au marché, le manque de droit à la terre à causes des limites culturelles.

La ministre a souligné que malgré ces défis, le dynamisme de l’entrepreneuriat est perceptible sur terrain. Elle fait savoir que des actions sont mises en œuvre pour soutenir les femmes dans leurs initiatives d’entreprendre. Ici elle cité notamment la banque d’investissement pour le développement des femmes BIDF.
Elle a dit attendre de cette conférence des orientations, des stratégies et des mesures visant à améliorer l’accès au financement des femmes pour le développement socioéconomique et l’augmentation de la croissance économique.

Selon Mary Porter Peschka, directrice régionale de l’IFC pour l’Afrique de l’est, les défis auxquels font face les femmes entrepreneures sont réels et méritent des solutions efficaces. Les femmes, dit-elle, devraient avoir ce dont elles ont besoin pour se développer. « Supprimer les limites qui empêchent les femmes entrepreneurs d’avancer, c’est permettre la croissance économique. La société internationale de financement, IFC s’engage à promouvoir l’entrepreneuriat des femmes. En effet, il ne peut pas y avoir de développement sans soutenir les femmes ».

Même avis chez Mme Hawa Wagué Cissé, représentante résidente de la Banque mondiale au Burundi. « Les femmes devraient occuper une place de choix dans les initiatives de développement. La banque mondiale aide les pays dans le financement et la mise en place des réglementations qui visent à soutenir les femmes ».

Des panels

Les activités du premier jour de la conférence sur….ont été marquées par quatre panels, une table ronde et des panels autour de la problématique de financement des femmes entrepreneures. Différentes institutions financières locales et internationales, entreprises locales ont donné leurs contributions. On peut parler de l’Interbank, la BIDF, CCM, BBCI, Univers FRUITO, INFINITY GROUP, BRARUDI, ENABEL, l’Union européenne, et d’autres.

Les panélistes sont revenus sur plusieurs thèmes. Il s’agit notamment de l’état des besoins et les mécanismes de financement pour les femmes entrepreneures, la promotion de l’accès aux marchés locaux, régionaux et mondiaux pour les femmes entrepreneures au Burundi, la manière de construire une entreprise solvable, et la nécessité de renforcer les capacités pour libérer le potentiel des femmes entrepreneures burundaises.

Dans ces panels et table ronde, les intervenants ont relevé les défis spécifiques auxquels les femmes entrepreneures au Burundi font face en termes d’accès au financement et aux marchés et apporter des solutions pour y remédier. Ils ont également discuté des ressources disponibles sur le terrain et comment en profiter.

Selon Marie Salomé Ndabahariye, administratrice directrice générale de la Banque d’investissement et de développement pour les femmes, BIDF, les femmes doivent être courageuses pour affronter les défis. Elle rappelle que cette banque a été mise en place pour aider les femmes entrepreneures qui manquent de financements. « Les femmes sont plus facilitées que les autres. Elles ont un guichet d’investissement spécifique. Elles doivent rêver grands avec des idées novatrices pas pour copier ce que les autres ont fait. Il est important de s’aligner sur des chaines de valeurs pour mieux se développer ».

De son coté, Eric Jonckheere, administrateur directeur général de l’Interbank Burundi explique que les femmes sont plus solvables que les hommes parmi leurs clients. Pour lui, elles sont les bienvenues si elles ont des projets bancables. Il a appelé tous ceux désirent des crédits à être honnêtes et sincères. « Il faut bâtir une relation de confiance avec les financiers ».

Témoignages

Des femmes entrepreneures qui ont réussi partagent leurs expériences. Claudette Ngendandumwe, directrice générale de l’Univers est une femme entrepreneure dans le secteur de construction. Elle l’a fait en même temps avec l’importation des pagnes. Elle a eu beaucoup de défis, problèmes de financement, manque de soutien et découragement. Pour elle, l’échec n’est pas la catastrophe. « On avance, on tombe, on se relève. Le secteur est plein de défi mais, avec le courage on peut réussir »
Elle appelle les femmes à oser entreprendre, prendre le risque et s’approprier le projet. Pour y arriver, il faut bâtir une relation avec les banques et les établissements financiers. Il s’agit de l’ouverture des comptes. « Il y a des femmes qui ne déposent pas leur argent à la banque pour le cacher à leurs maris. Ce qui n’est pas bien. Il faut associer les maris pour progresser ensemble. On doit stabiliser les foyers et être honnêteté ».

De son coté, Mme Marie Kigoma, directrice générale de FRUITO, infirmière de formation, débute l’entrepreneuriat en 1987. Elle a su surmonter moult défis. Pour lui, la femme n’a pas d’excuse quel que soit les conditions. Elle commence son entreprise quand elle était allaitante ce qui ne l’a pas empêchée d’avancer. « Vous devez partager tout avec vos maris pour vous soutenir. Il faut de la sincérité et l’honnêteté pour réussir ».

Quant à elle, Irvine Floréal Murame, managing director d’Infinity Group, orpheline de père à quatre ans, elle est élevée par sa mère. Après ses études, elle décroche un travail dans une société de télécommunication UCOM avant de devenir Econet. Elle abandonne son travail pour se lancer dans l’entrepreneuriat. « Ce n’était pas facile d’abandonner le travail dans une société stable pour se rendre dans l’entrepreneuriat. J’ai fondé la société de gestion des ressources humaines, Infinity Group. Il faut oser pour décoller ». Et d’appeler d’autres femmes à être courageuses pour entreprendre.
Toutes ces femmes se convergent sur la nécessité d’oser et prendre des risques.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Kira

    Cher journal Iwacu,

    Après 4 articles successifs qui nous font voir  »le monde selon les femmes » au Burundi (jetez simplement un coup d’oeil à votre rubrique  »FLASHINFOS aujourd’hui et vous serez édifiés), il serait temps, dans un souci d’équilibre, de porter à la connaissance du public local, régional et international  »le monde selon les hommes au Burundi » également. En particulier au moment ou de plus en plus d’hommes au Burundi  »sortent du placard » et font état ouvertement des malheurs que leur font subir leurs conjointes, toute  »masculinité » et toute honte bues. Je condamne la violence, quelle que soit la main qui la commet. Et, de ce fait, je me sens mal à l’aise face à une démarche qui laisserait croire que toutes les violences ne s’équivalent pas. L’évolution d’une société ne se mesure pas à la richesse de ses membres ou à la qualité de son patrimoine matériel et/ou immatériel. Elle se mesure d’abord et surtout à sa capacité de défendre ses membres les plus faibles. Et au Burundi, certains hommes le sont aussi et de façon tout à fait dramatique. Je vous suggère de vous intéresser pour ce faire à la cause portée par l’association  »Hommes en détresse ». Son combat mérite d’être mis en lumière aussi bien que celui qui semble avoir votre faveur.

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