Devant le corps diplomatique et consulaire accrédité au Burundi, le 31 janvier 2025, le président Evariste Ndayishimiye a dévoilé l’existence d’un plan imputé au gouvernement rwandais visant le Burundi. Selon lui, ce complot constituerait la prochaine étape suivant la prise de Goma, la principale ville de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), par les rebelles du M23. Le président Ndayishimiye met en garde contre le risque d’un embrasement régional de ce conflit, tout en critiquant fermement le silence persistant de la communauté internationale face à cette crise.
« Nous savons que le Rwanda est en train de préparer quelque chose contre le Burundi. Heureusement, les Burundais sont avertis ». Les accusations du Président burundais étaient particulièrement précises.
Evariste Ndayishimiye présidait au palais présidentiel de Kiriri, les cérémonies d’échange de vœux avec le corps diplomatique et consulaire accrédité au Burundi.
D’après le président Ndayishimiye, le fait que le Rwanda continue à faire « des conquêtes des territoires d’un autre pays » (il faisait allusion à la récente prise de la ville de Goma par le « M23 soutenu par le Rwanda »), il a évoqué une possible avancée vers le Burundi. « Je sais qu’il va arriver même au Burundi. Puisqu’il est en train d’entretenir de jeunes réfugiés. Il les arme. Maintenant il en train de les aguerrir à la guerre au Congo. Un jour ils vont venir au Burundi. Nous sommes au courant de ce plan. Nous n’allons pas accepter », a déclaré le Président Ndayishimiye.
Il a prévenu qu’il y avait un risque d’embrasement régional de ce conflit qui sévit l’est de la RDC. Pour lui, au vu de ce qui se passe en RDC et si la situation continue comme elle est aujourd’hui, la guerre risque d’être généralisée dans la région. « Nous avons une menace dans la région. Et ce n’est pas seulement le Burundi qui éprouve cette menace. Même la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya. Si l’est de la RDC n’a pas de paix, la région ne peut non plus l’avoir.
Les Sud-Africains sont en train de souffrir à l’est du Congo. Est-ce que vraiment vous voyez où se trouve l’Afrique du Sud ? Mais cette guerre à l’est du Congo a des conséquences sur l’Afrique du Sud ». Le président burundais a affirmé ouvertement que le peuple ne va pas se laisser faire.
Omerta ou complicité de la communauté internationale ?
Le président Ndayishimiye a pris à témoin les diplomates pour fustiger le silence de la communauté internationale face au conflit à l’est de la RDC. « Vous voyez ce qui se passe ici tout près de chez nous. Pourquoi ce silence ? Est-ce que la communauté internationale ne voit pas les conséquences ? »
Le président burundais a invité la communauté internationale à prendre au sérieux ce qui est en train de se passer dans cette région. Il a estimé qu’en laissant « les choses se détériorent, les conséquences seront plus néfastes, car chaque pays de la région va se débrouiller lui-même. »
Commandant en chef des forces de Défense et de Sécurité, Evariste Ndayishimiye a dit ne pas comprendre pourquoi le Rwanda justifie son intervention en RDC par la présence des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sur le territoire congolais. « Sacrifier le peuple congolais, tuer des milliers de gens, sous prétexte qu’il y a une menace ? Est-ce que cela ne peut pas être réglé sans verser le sang des innocents », s’est-il interrogé.
Il a déploré que les pays africains qui ont un potentiel économique important soient toujours en proie à des guerres et au terrorisme avec la complicité de certains pays occidentaux. « Je sais très bien que la RDC et le Rwanda peuvent s’entendre sur la gestion de ce mouvement. Je disais moi-même qu’il faut une coalition internationale de lutte contre les groupes armés opérant à l’est de la RDC. Cela pourrait arranger le Rwanda et permettre au Congo d’entamer le processus de paix. La communauté internationale, qu’est-ce qui manque ? C’est parce qu’il y a une complicité ».
Un pari de paix raté
Au cours de cette rencontre avec les diplomates accrédités au Burundi, le chef de l’Etat a évoqué un plan de paix proposé pour l’est de la RDC, et la région en général, mais qui n’a pas marché.
Pour mettre fin à ce conflit, le président burundais a indiqué qu’il a essayé de se me mettre en contact avec les responsables du mouvement du 23 mars. Il a rappelé l’essentiel de ce qui leur avait demandé :« si réellement vous n’êtes pas des Rwandais, pourquoi vous n’acceptez pas de déposer les armes et emprunter le chemin de la paix ? Comme vous êtes Congolais, vous aimez votre pays. Aussi longtemps que vous n’acceptez pas d’être cantonnés, on ne saura pas qui est Congolais et celui qui ne l’est pas ».
Selon Evariste Ndayishimiye, le M23 avait répondu que le problème était qu’on voulait les cantonner dans des zones invivables. Le Président burundais avait proposé au gouvernement congolais de choisir une autre zone et le M23 avait accepté. « La zone de Rumangabo est celle qui a été identifiée. On y avait envoyé les chefs d’état-major pour évaluer cette nouvelle zone. Ils ont confirmé qu’il y avait toutes les facilités de la vie. Et le M23 avait accepté d’aller dans le cantonnement tout en voulant savoir ce qui allait suivre après. On leur avait dit qu’on allait les intégrer dans le processus de paix de Nairobi et j’avais essayé de convaincre le gouvernement congolais qui avait finalement accepté. On avait mis en place tout le nécessaire ».
C’est d’ailleurs dans la mise en application de ce plan évoqué que le Burundi est présent au Sud-Kivu. Pourtant, a déploré le président burundais, au moment où les activités de cantonnement allaient commencer, le M23 a repris les combats. Or, d’après M. Evariste Ndayishimiye, les négociations de paix sont conditionnées par un cessez-le-feu, c’est-à-dire une cessation des hostilités.
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